Chap.2

par Florian, jeudi 03 juillet 2014, 01:01 (il y a 3587 jours)

Je poste ici le second chapitre d'un essai que je me suis amusé à construire, dans une influence nietzschéenne me direz vous. Ce n'est pas là toute ma pensée.






DEUXIEME CHAPITRE





I


J’ai nommé ce premier chapitre Naissance, or en vérité il n’est pas question d’une naissance, mais de l’inébranlable temps qui passe, le temps qui a passé pour couver d’un nouvel homme, un homme réduit, mais qui a ouvert en lui quantité de moyens pour remédier à ce foyer primitif. S’il le sent intensément, ce n’est plus tout à fait la même chose. Il ne dépend de rien, il a toute la liberté de vivre ces échantillons passés, il a en lui l’emprise de la liberté. En parfait assassin de lui-même, il ne pleurera plus sa prime jeunesse, mais se contentera de vivre les échantillons, les aiguillons qui subsistent de ce foyer, il les affinera, il atteindra des côtes infranchissables, il aura les cimes promises, mais jamais il ne dormira dans toute la tranquillité de l’enfance, de la dépendance.



II



Le plus bel exemple qui soit est la beuverie responsable. Celle qui ouvre les portes de l’insensibilité. Il n’y a pas, dans l’alcool ni aucune autre substance, comme un recours à la sensibilité brisée. Il y a son approfondissement, sa fosse – indispensable. Sans ce véritable trou creusé en soi-même, il n’y a plus de traces de soi, mais son effacement. Il est indispensable, à ce titre, de s’insensibiliser, de se diaboliser pour se trouver, se vivre soi-même tel qu’on était. Recouvrer son moi par l’ivresse, son intensité par le meurtre.
L’ivresse où les glucides fermentent, où les déchirures se recousent, où les trous se creusent, pour faire entrer ces mêmes glucides, qui par la perte de soi sont la manifestation indispensable du soi à vivre. L’ivresse, bien qu’elle recouvre tous les leurres, tous les mensonges, est le moyen le plus immédiat de vivre la première instance qui fut, le premier raccord de soi au monde matriciel.



III



Ce qui signifie, à plus ou moins long terme, que la lente désensibilisation au monde, passe par des sortes de dionysies organisées, des successions d’ébauches de ce qui fut soi, de ce qui nous liait à la terre. Cela qui est nécessaire aurait tendance à tuer, de manière tout à fait paradoxale, le sentiment, c’est à dire la lente agrégation de ces étincelles primitives qui ont fini par former une personnalité.
Que dire de cela ? C’est qu’il y a une première formation, la prime dépendance à la terre, la naissance première, elle même organisée par l’ensemble des dépendances qui datent des origines les plus noires ou les plus lumineuses. C’est à partir de ces chaines que s’est formé, que s’est « émulsifié » le sentiment, qui est le recours le plus juste possible, l’exacte quantité de soi au monde. Or comme je l’ai dit, ce cycle en vient à se briser à son tour.

Chap.2

par dh, jeudi 03 juillet 2014, 15:47 (il y a 3586 jours) @ Florian

ça me fait plutôt penser à artaud qu'à nietzsche.

Chap.2

par Florian, jeudi 03 juillet 2014, 16:06 (il y a 3586 jours) @ dh

et moi à platon.

Chap.2

par 411, jeudi 03 juillet 2014, 18:38 (il y a 3586 jours) @ Florian

C'est intéressant. Maintenant, j'ai comme l'impression que tu hésites entre poésie et pensée. Je veux dire par là que voulant exposer une pensée, tu as recours à la sensibilité poétique, ce qui, et c'est là très subjectif, n'est pas tout à fait la pensée.
Nietzche a une évidente dimension poétique, mais je trouve sa pensée bien moins efficace (c'est-à-dire applicable) que d'autres philosophie, moins vibrantes.

Ici ça flotte, je trouve, ça hésite.

Chap.2

par catrine, vendredi 04 juillet 2014, 02:10 (il y a 3586 jours) @ 411

oui, tu n'as pas tort.. mais en même temps, et je ne sais pas du tout s'il serait d'accord avec ce que je vais dire...je pense que le flottement est une dimension importante chez Florian, limite évanescent, proche du flou pressenti ou perceptif, que ce n'est pas vraiment une histoire d'instabilité, mais une sorte de traduction d'un effet de dualité, un entre deux, une lisière... et une sorte de danse sur cette "tranche" précise pourtant, entre le clair et l'obscur et à l'affût, en présence extrême dans la clarté de la pensée et l'obscur d'une émotion pressentie (..? ) parfois en le lisant j'ai une impression d'intérieur/extérieur étroitement mêlé, une impression de musique subtile, d'instruments qui n'existent pas encore... comme si quelque chose d'important allait arriver, quelque chose d'important dans l'écrire, dans la pensée (sa présence) mais le senti surtout de l'écrire... par intrication ( ? )...

..peut-être "présence" est-il le mot le plus signifiant, ici.



mais aussi, peut-être suis-je complètement à côté...

Chap.2

par Florian, vendredi 04 juillet 2014, 10:06 (il y a 3586 jours) @ catrine

si c'est vrai, je suis facile à reconnaitre.

Chap.2

par dh, vendredi 04 juillet 2014, 15:42 (il y a 3585 jours) @ 411

je trouve sa pensée bien moins efficace (c'est-à-dire applicable) que d'autres philosophie>>>


lesquelles ?

Chap.2

par 411, vendredi 04 juillet 2014, 20:32 (il y a 3585 jours) @ dh

Eh bien je pense à celle que j'essaie d'appliquer, la philosophie sceptique. Mais également l'esprit matérialiste des Lumière. Ou même certaines plus tournées vers Dieu, comme celle de Blaise Pascal, ou de spinoza. Pour moi des philosophes comme Nietzche, Shaupennauer, ou même Sartres, sont dans une forme d'émulation poétique qui pousse au respect, mais qui reste plus esthétique qu'autre chose. J'y vois des idées, mais pas forcément la vie séparée de l'idéal. Et je crois à la vie plus qu'en l'idéal.

Chap.2

par Florian, vendredi 04 juillet 2014, 21:18 (il y a 3585 jours) @ 411

Si tu mets nietzsche et schopenhauer au meme plan dans la relation a l ideal il y a un grave probleme de comprehension. Excuse moi mais c est Nimporte quoi. Comme si les lumieres n etaient pas un poil trop dans l ideal. Et comme si il y avait des philosophes qui se seraient detaches de l idee pour la vie. Ca se rencontre surement mais certainement pas dans une argumentation ecrite.

Chap.2

par 411, vendredi 04 juillet 2014, 21:56 (il y a 3585 jours) @ Florian

Oui mais l'esprit des lumières s'accompagne de changements sur la société, Nietzche, ou même schpenhauer (j'insiste sur le rapprochement) sont pour moi assez éloignés de la vie. Mais encore une fois, c'est très personnel. Je parle juste de pouvoir être cohérent, dans sa vie vécue, avec une idée de l'homme. Et le flamboiement de Nietzche ou la souffrance de Schopenhauer ne m'apportent pas grand-chose, passé le souffle ou l'Idée. C'est beau mais c'est tout.

Chap.2

par 411, vendredi 04 juillet 2014, 21:59 (il y a 3585 jours) @ 411

Quoique Sartres a changé pas mal de chose, rapport à la société. Là c'est un peu mesquin j'avoue.

Chap.2

par Florian, vendredi 04 juillet 2014, 22:09 (il y a 3585 jours) @ 411

Oui, j'ai bien compris quelle était ta position.


Sinon je ne pense pas que les lumières aient changé grand chose, à part la dimension des bibliothèques. La seule chose qu'un philosophe puisse faire est d'apporter du bien être à un lecteur, à mon sens.

Chap.2

par 411, vendredi 04 juillet 2014, 22:21 (il y a 3585 jours) @ Florian

Tu me diras que je suis sceptique et je le suis vraiment, en tout cas j'essaie de l'être. J'ai préparé le concours général en dévorant nietzche mais j'en suis un peu revenu. Et j'ai d'ailleurs un ami a qui ça a fait un peu pareil. Après deux masters de philo (dont un sur le sado-masochisme, c'est amusant de le noter) du Deleuze et beaucoup de Nietzche justement, celui-ci m'avoué qu'il n'avait retenu que "l'homme est bon par nature" (après avoir vu le Léviathan partout). Et aujourd'hui il en revient à du plus terre-à-terre. Moi des idées j'en ai tout le temps, maintenant je préfère être capable de laisser au courant de la rivière son absence de parole et je vais l'aimer pour ça, parce que le regarder va me donner un peu de cette Tranquilité, qui est le but de tout sceptique. Comme dirait Pessoa: "j'aime cette pierre parce qu'elle n'est pas moi, et parce qu'elle n'a aucun lien de parenté avec moi."

Chap.2

par Florian, vendredi 04 juillet 2014, 23:31 (il y a 3585 jours) @ 411

Oui oui je comprends bien tout ça, je suis en phase avec. J'ai souvent pensé que toute philosophie avait pour but de taire un peu les mots et les idées.

Chap.2

par dh, lundi 07 juillet 2014, 14:09 (il y a 3583 jours) @ Florian

alors il faut d'urgence lire wittgenstein !

Chap.2

par zeio, samedi 05 juillet 2014, 04:46 (il y a 3585 jours) @ Florian

"Sinon je ne pense pas que les lumières aient changé grand chose"

Tu exagères. Et la révolution française par exemple ? pour le meilleur et pour le pire...

Chap.2

par Florian, samedi 05 juillet 2014, 09:15 (il y a 3585 jours) @ zeio

C'était une révolution paysanne contre le tiers état.

Chap.2

par zeio, samedi 05 juillet 2014, 15:06 (il y a 3584 jours) @ Florian

Il y a un passage dans le wiki, sur la relation entre les lumières et les révolutions française et américaine :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Lumières_(philosophie)#Les_Lumi.C3.A8res.2C_source_de_la_R.C3.A9volution_am.C3.A9ricaine_.3F