Focale (14)
C’est dans la partie la plus haute d’un petit village italien, dont une partie des rues échappe toute l’année au soleil. De longs escaliers dont la partie centrale est pavée de briques, des statuettes dans des niches humides, au-dessus des voûtes. Le ciel n’est qu’un mince cordon éblouissant. C’est un village qu’arpentent les touristes, c’est mon village natal. J’ai couru dans ces ruelles, cherché tous les chats, leur ai proposé des caresses qu’ils ne voulaient pas toujours. De derrière leurs yeux doublement fendus ils me considéraient, et parfois me répondaient. J’ai suivi mille fois cet escalier de pierre, et tourné avec lui, un peu en dessous de l’une des églises fermées. Tout en bas, il y a une vieille rampe, qui tourne aussi sur elle-même, toute en angles. C’est là que je m’assieds, regardant la ruelle en contrebas, où passent les gens, quelques voitures, et ce vélo rapide comme une flèche. Quand je suis assise à cet endroit, enroulée autour de la vieille rampe en fer, c’est comme si je me regardais de l’intérieur. Les autres passent dans la ruelle, occupés, et leurs regards ne me voient pas. Je ne me regarde plus avec leurs regards.
corr.
C’est dans la partie la plus haute d’un petit village italien, où certaines rues étroites échappent toute l’année au soleil. Des ruelles en escaliers dont la partie centrale est pavée de briques, des statuettes dans des niches humides, au-dessus des voûtes. Le ciel n’est qu’un mince cordon éblouissant. C’est un village qu’arpentent les touristes, c’est mon village natal. J’ai couru dans ces ruelles, cherché tous les chats, leur ai proposé des caresses qu’ils ne voulaient pas toujours. De derrière leurs yeux doublement fendus ils me considéraient, et parfois me répondaient. J’ai suivi mille fois cet escalier de pierre, et tourné avec lui, un peu en dessous de l’une des églises fermées. Tout en bas, il y a une vieille rampe, qui tourne aussi sur elle-même, toute en angles. C’est là que je m’assieds, regardant la ruelle en contrebas, où passent les gens, quelques voitures, et ce vélo rapide comme une flèche. Quand je suis assise à cet endroit, enroulée autour de la vieille rampe en fer, c’est comme si je me regardais de l’intérieur. Les autres passent dans la ruelle, occupés, et leurs regards ne me voient pas. Je ne me regarde plus avec leurs regards.
corr.
techniquement ...beaucoup trop de "c'est" pèsent et appauvrissent ; ta main a tellement plus de moyens.
(sur-utilisation de c'est, est, cet, erreur de débutant)
(sur-utilisation de c'est, est, cet, erreur de débutant)
corr.
Excuse-moi mais tu n’y comprends vraiment rien.
Et toi, tu écris ?
Et toi, tu écris ?
corr.
désolée, j'ai réagi avec trop d'agacement. Mais il me semble que tes propositions de correction vont presque toujours du côté d'un "bien écrire" très scolaire, et donc d'un affaiblissement, d'un lissage du texte. Or je crois depuis longtemps que ce qui fait la force d'un texte, au contraire, et qui porte une partie du sens, ce sont bien souvent ses écarts par rapport à ce "bien écrire".
corr.
é véro comme on dit dans ce petit village Italien
corr.
ça n'est pas contradictoire avec le fait qu'il y a toujours des choses à corriger dans un texte et que parfois on met longtemps à les voir. Par exemple dans celui-ci j'ai déjà supprimé le "tout" de "tout en bas..." et je m'interroge sur la répétition de "vieille" dans "vieille rampe". Mais ces corrections sont différentes de celles que tu proposais.
Focale (14)
Les "c'est" sont justes puisqu'ils sont démonstratifs, ils désignent, ils orientent
la narration,
il faut être en effet bien "scolaire" et étriqué du bocal pour corriger ça.
je suppose que c'est d'après une photo
par contre le contenu me paraît un peu mièvre,
on dirait le journal d'un jeune fille en fleur...
par les temps qui courent ça dépayse
la photo peut justement être un vecteur pour nous tremper dans une autre sensibilité, un autre temps
la narration,
il faut être en effet bien "scolaire" et étriqué du bocal pour corriger ça.
je suppose que c'est d'après une photo
par contre le contenu me paraît un peu mièvre,
on dirait le journal d'un jeune fille en fleur...
par les temps qui courent ça dépayse
la photo peut justement être un vecteur pour nous tremper dans une autre sensibilité, un autre temps
Focale (14)
héhé, c'est vrai.
Sur la photo il n'y a qu'un escalier, la rampe et l'ombre d'un cycliste en pleine vitesse.
Je crois que ce sont les chats + le féminin qui donnent cette impression mièvre.
Je vais ajouter quelque chose d'une monstruosité chez elle qui viendra mieux expliciter cette affaire de "se regarder de l'intérieur"/ "se regarder avec le regard des autres" (qui était pour moi la chose intéressante).
Je vais peut-être simplement la rendre obèse.
Sur la photo il n'y a qu'un escalier, la rampe et l'ombre d'un cycliste en pleine vitesse.
Je crois que ce sont les chats + le féminin qui donnent cette impression mièvre.
Je vais ajouter quelque chose d'une monstruosité chez elle qui viendra mieux expliciter cette affaire de "se regarder de l'intérieur"/ "se regarder avec le regard des autres" (qui était pour moi la chose intéressante).
Je vais peut-être simplement la rendre obèse.
corr.
tu penses comme tu veux, mais je constate que tu te hérisses pour pas grand chose...
toutefois, c'est ceci c'est cela et ce et cet et c'est encore et toujours une bien pauvre recette
et toi, tu joie ?
toutefois, c'est ceci c'est cela et ce et cet et c'est encore et toujours une bien pauvre recette
et toi, tu joie ?
Focale (14)
surtout pas scolaire
le texte se passe très bien du démonstratif
le texte se passe très bien du démonstratif
corr.
tu t'essaies au malécrire ?
tâte encore, c'est autre chose ; plus creux dans l'os, la moelle à dire, hors du formel, hors de toute forme d'intellectualisme
plus creux — proche des peurs secrètes et du hors-langage
j'aime bien te lire et lire comment tu te lis en répondant
tâte encore, c'est autre chose ; plus creux dans l'os, la moelle à dire, hors du formel, hors de toute forme d'intellectualisme
plus creux — proche des peurs secrètes et du hors-langage
j'aime bien te lire et lire comment tu te lis en répondant
Focale (14)
...car tout y est «montrant»
Focale (14)
Obèse ? c'est une bonne idée, ça donnerait une portée humaine, et la marque
de nos faiblesses...
de nos faiblesses...
Focale (14)
En fait, je crois qu’il faut que je trouve autre chose, parce que je voudrais que le lecteur s’identifie à cette question.
Focale (14)
claire, je crois que le lecteur fait ce qu'il veut et que ce n'est pas une bonne idée de vouloir lui dicter de faire ceci ou cela, sous peine de le rebuter et de l'agacer.
Focale (14)
Comme souvent, la vérité est entre les deux : il est impossible de diriger le lecteur - et heureusement - mais on peut anticiper certains ressentis (déjà en se mettant à sa place, même s’il est différent de soi) et choisir d’aller ou non dans cette direction.
Dans le cas présent, si j'imagine que la narratrice est une petite fille obèse j’ai tout de suite une explication sur le fait qu’elle fuie les regards et j’aI tendance à m’exclure de son vécu, à ne pas me laisser interroger par la dernière phrase, surtout dans un texte si court.
Je crois que la prose diffère de la poésie pour cela.
Dans le cas présent, si j'imagine que la narratrice est une petite fille obèse j’ai tout de suite une explication sur le fait qu’elle fuie les regards et j’aI tendance à m’exclure de son vécu, à ne pas me laisser interroger par la dernière phrase, surtout dans un texte si court.
Je crois que la prose diffère de la poésie pour cela.
corr 2
C’est dans la partie la plus haute d’un petit village italien, où certaines rues étroites échappent toute l’année au soleil. Des ruelles en escaliers dont la partie centrale est pavée de briques, des statuettes dans des niches humides, au-dessus des voûtes. Le ciel n’est qu’un mince cordon éblouissant. C’est un village qu’arpentent les touristes, c’est mon village natal. Enfant j’ai couru dans ces ruelles, cherché tous les chats, leur ai proposé des caresses qu’ils ne voulaient pas toujours. De derrière leurs yeux doublement fendus ils me considéraient, et parfois me répondaient. Plus tard, dans les trajets de ma vie quotidienne, j’ai suivi mille fois cet escalier de pierre, et tourné avec lui, un peu au dessous d’une église fermée. Mes compagnons de jeu ont tous disparu, ils sont partis, ou morts.
En bas, il y a une vieille rampe, qui tourne aussi sur elle-même, toute en angles. C’est là que je m’assieds souvent, regardant la ruelle en contrebas, où passent les gens, quelques voitures, et ce vélo rapide comme une flèche. Quand je suis assise à cet endroit, enroulée autour de la vieille rampe en fer, c’est comme si je me regardais depuis l’intérieur. Les autres passent dans la ruelle, occupés, et leurs regards ne me voient pas. Je ne me regarde plus avec leurs regards.
En bas, il y a une vieille rampe, qui tourne aussi sur elle-même, toute en angles. C’est là que je m’assieds souvent, regardant la ruelle en contrebas, où passent les gens, quelques voitures, et ce vélo rapide comme une flèche. Quand je suis assise à cet endroit, enroulée autour de la vieille rampe en fer, c’est comme si je me regardais depuis l’intérieur. Les autres passent dans la ruelle, occupés, et leurs regards ne me voient pas. Je ne me regarde plus avec leurs regards.
corr 2
Regard sur le passé révolu
Regard sur le présent
"c’est comme si je me regardais depuis l’intérieur."
un regard qui se suffit à lui-même, débarrassé de celui des autres
une délivrance ou un repliement ?
dans le texte il se contextualise entre passé et présent ; toute une démarche !
Regard sur le présent
"c’est comme si je me regardais depuis l’intérieur."
un regard qui se suffit à lui-même, débarrassé de celui des autres
une délivrance ou un repliement ?
dans le texte il se contextualise entre passé et présent ; toute une démarche !
corr 2
c'est toujours une question sans réponse que pose le repliement. Ce village est devenu pour elle comme l'intérieur de soi (dépositaire du passé mais aussi déserté), et en même temps j'ai essayé de le décrire comme "vu de l'extérieur".
Je ne m'attendais pas en commençant cette série à ce que les lieux prennent une telle importance symbolique. Peut-être que les lieux sont les premiers sujets de la photographie, les personnes n'étant que contingences, ou révélateurs.
Je ne m'attendais pas en commençant cette série à ce que les lieux prennent une telle importance symbolique. Peut-être que les lieux sont les premiers sujets de la photographie, les personnes n'étant que contingences, ou révélateurs.
corr 2
oui les lieux nous définissent
l'en-soi n'étant qu'une élucubration
l'Idée de Platon une projection de l'esprit
enfin cette question fait clivage...
l'en-soi n'étant qu'une élucubration
l'Idée de Platon une projection de l'esprit
enfin cette question fait clivage...