Siébert au Diable Vauvert

par Christophe Siébert @, dimanche 28 octobre 2018, 16:09 (il y a 1969 jours)

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[J'ai cessé voici belle lurette d'intervenir ici, mais je crois que cette annonce intéressera tous ceux qui m'ont supporté, dans les deux sens du terme]


Salut à tous,



C'était confirmé depuis quelques semaines, c'est devenu officiel (je viens de signer mon contrat) : Le Diable Vauvert est désormais mon éditeur. Notre premier livre sera la réédition de Nuit noire et Paranoïa, en un seul volume, sous le titre de Métaphysique de la viande. Suivront évidemment des inédits.



C'est pour moi un moment joyeux et irréel, à la fois prévisible et absolument inattendu, la meilleure nouvelle de l'année. Je ne touche plus terre et dans le même temps j'ai du mal à réaliser.



Signer avec le Diable représente aussi bien une espèce de miracle saugrenu que le résultat logique d'un long parcours.



Et dans ce parcours, je n'ai pas été seul. Depuis plus de dix ans, énormément de gens m'ont accompagné. Sans eux je ne suis pas convaincu que j'aurais réussi un pareil coup.



Alors, tout ça mérite quelques remerciements.



Tout d'abord à mes lecteurs et mes lectrices, à mes camarades, à tous ceux qui m'ont encouragé, soutenu, ou qui simplement ont lu mes textes – un immense merci, aussi, à tous ceux, amateurs ou professionnels, qui en ont rendu compte d'une manière ou d'une autre.



Ma gratitude va aussi à tous ceux qui m'ont publié en revues, en fanzines, sur Internet, ainsi qu'à tous ceux, organisateurs de concerts, squatteurs, patrons de bar, etc., qui m'ont permis de lire mon travail sur scène : vous êtes trop nombreux pour que je vous cite tous, mais je sais que vous vous reconnaîtrez. Sans vous non plus, je n'en serais pas là aujourd'hui.



MERCI aux éditeurs qui m'ont donné ma chance en publiant mes premiers livres et en leur permettant, avec parfois peu de moyens, mais avec toujours une énergie indéfectible, de trouver leur public. Dans l'ordre chronologique, une grande bise à La Musardine, Gros Textes, Rivière Blanche, La Belle Époque, Trash, OVNI, Les Crocs Électriques, Batro Games et Le Dernier Cri.



À certains d'entre eux, je voudrais adresser une pensée particulière.



Artikel Unbekannt / Schweinhund (dont je redoute toujours d'écorcher l'improbable pseudonyme) et Philippe Ward d'abord : faisant partie de ceux qui ont toujours cru en mon talent, ils ont manifesté face à chacun de mes textes, et pas uniquement ceux parus chez eux, un engouement que je ne suis pas prêt d'oublier. Tout comme je me souviendrai longtemps de leur générosité : alors qu'il était prévu initialement de publier Métaphysique de la Viande chez Rivière Blanche, ils ont accepté avec enthousiasme de passer la main au Diable Vauvert.



Batro Noban et Pakito Bolino ensuite : ils se trouvent être, de facto, les derniers éditeurs underground avec qui j'ai travaillé avant de rejoindre le Diable Vauvert, ce qui mérite un hommage particulier. Noban pour une trilogie romanesque parue voici quelques jours, Pakito pour un recueil de poésie dont la sortie est imminente. C'était évidemment un plaisir immense de bosser avec ces deux-là, et une émotion particulière de conclure en leur compagnie (provisoirement peut-être) cette partie de mon parcours.



Bien sûr, comme je suis le genre d'âne qui n'oublie pas les coups de fouets reçus, j'adresse également une pensée émue à tous ceux qui, au fil des années, m'ont dénigré, insulté, se sont foutus de ma gueule et ont traîné mes bouquins dans la merde. Et une autre à quelques éditeurs qui, bien qu'ils m'aient publié, ne figure pas dans la liste : je veux bien sûr parler des incompétents, des escrocs, des sales types ; mes pensées vont à tous ceux qui, fonctionnant comme une boussole qui indiquerait toujours le sud (#Rantanplan), m'ont donné la force et le courage de poursuivre dans ce métier bizarre qui consiste à raconter par écrit des conneries et à espérer qu'il se trouve des gens pour s'y intéresser.



Pour ceux-là, j'avais écrit il y a quelques années un poème ; il est désormais d'actualité, le voici :



Si je veux signer à la Série Noire
Chez Gallimard ou Flammarion
C'est juste pour que les connards
Ceux qui me pétaient la gueule à la récré
Ou m'insultaient sur Internet
Y a dix ou quinze ans
Voient ma tronche chez Ruquier
Qu'eux y regardent et moi pas
M'entendent leur causer
Sur RTL et RMC
Qu'eux y z'écoutent et pas moi
Et s'étouffent de rage
« Quoi ?! Avec sa tronche bizarre ?
Quoi ?! Avec ses poèmes pourris ?
Quoi ?! Ce loser ce pauvre type ? »
Ouais je veux prendre tellement de place
Que le monde deviendra
Trois fois trop petit pour eux
Aussi étroit que les recoins
Les recoins du collège
Où je me planquais aux récrés
Où je me planquais
Sans oser sortir
Et c'est dommage que mes parents soient morts
J'aurais tellement aimé les insulter
En couverture de Télé Poche
Leur magazine préféré



Voilà pour eux.



Il y a, enfin, trois personnes que je voudrais profondément remercier pour « services rendus ». Ils savent lesquels, pas la peine de s’appesantir.



Philippe Jaenada, d'abord.

Emmanuel Pierrat, ensuite.

Luna Berreta, enfin.



Et il m'est bien sûr impossible de conclure cet interminable laïus (les amis, priez pour que je n'ai jamais le Goncourt, vous seriez bon pour cinq heures de discours non-stop) sans exprimer ma gratitude, pour leur confiance et leur enthousiasme, à Marion Mazauric et à Raphaël Eymery.



Je vous donne rendez-vous en mars, en librairie, pour découvrir Métaphysique de la viande.



Christophe

Siébert au Diable Vauvert

par seyne, dimanche 28 octobre 2018, 16:31 (il y a 1969 jours) @ Christophe Siébert

Je suis bien contente pour toi, Christophe.
Une des choses que j’ai toujours apprécié chez toi c’est que tu ne joues pas au saint :)

La deuxième c’ est que tu aimes tant écrire. Et la troisième, pas mal des choses que tu écris.
Ah, j’oubliais : quand tu discutes avec quelqu’un et que tu n’es pas d’accord avec lui, tu essaies vraiment de comprendre ce qu’il dit...et ça, c’ est rare.

Claire

Siébert au Diable Vauvert

par Myrtille, dimanche 28 octobre 2018, 17:39 (il y a 1969 jours) @ Christophe Siébert

Quel plaisir cette lecture, enfin un gagnant dans cette course à l'écriture et à la reconnaissance d'éditeurs.

Siébert au Diable Vauvert

par au phil de la vie, dimanche 28 octobre 2018, 18:07 (il y a 1969 jours) @ Christophe Siébert

Eh bien bravo ! C'est comme ça qu'on lâche les loseurs hein ? Vraiment, quel manque de solidarité.
Et maintenant même on signe de son prénom nom, monsieur.

Le nom de cette maison t'était sans doute destiné.

Si jamais je tombe sur un de tes bouquins au hasard, même si je ne vais plus librairie (non plus), je jetterai un oeil ou deux promis.

J'aime bien le poème là.

Préviens quand même si tu passes à TV.

A+

Siébert au Diable Vauvert

par sobac @, dimanche 28 octobre 2018, 18:15 (il y a 1969 jours) @ au phil de la vie

je suis content pour toi

le diable vauvert c'est en Camargue

Siébert au Diable Vauvert

par Christophe Siébert @, lundi 29 octobre 2018, 18:17 (il y a 1968 jours) @ au phil de la vie

Merci pour le poème !
Pour la télé, peu de chances, mais à la radio, très probablement, en revanche. Si tu veux être tenu au courant, le meux c'est que tu t'inscrives à la newseletter : il te suffit d'envoyer un mail à konsstrukt@hotmail.com.

Siébert au Diable Vauvert

par Poésie, dimanche 28 octobre 2018, 21:22 (il y a 1968 jours) @ Christophe Siébert

Le poème n'est pas bon du tout et je vous souhaite que ce ne soit que ce poème.

Siébert au Diable Vauvert

par au phil de la vie, dimanche 28 octobre 2018, 23:04 (il y a 1968 jours) @ Poésie

Je ne sais ce qui m'a pris, un moment de faiblesse comme dit denis.

Siébert au Diable Vauvert

par Christophe Siébert @, lundi 29 octobre 2018, 18:18 (il y a 1968 jours) @ Poésie

Zut, je me suis fait juger négativement par La Poésie. Bon, on peut pas plaire à toutes les entités qui rodent dans l'Univers froid et hostile, hein ?

Siébert au Diable Vauvert

par Périscope @, lundi 29 octobre 2018, 08:44 (il y a 1968 jours) @ Christophe Siébert

"La métaphysique de la viande" c'est un titre qui ressemble à du Valère Novarina

tu connais ? lui aussi intéressé par ce sujet

Siébert au Diable Vauvert

par Christophe Siébert @, lundi 29 octobre 2018, 18:19 (il y a 1968 jours) @ Périscope

Je connais ses bouquins, mais je ne suis pas certain que nous traitions de la même chose. Je te laisserai en juger quand le mien paraîtra :)

Siébert au Diable Vauvert

par dh, lundi 29 octobre 2018, 10:25 (il y a 1968 jours) @ Christophe Siébert

bravo christophe,

il faut rendre hommage à ton incroyable obstination.

chapeau l'artiste.

fécalité

par d i v, vendredi 02 novembre 2018, 17:42 (il y a 1964 jours) @ Christophe Siébert

nous n'y arriverons
jamais

jamais

chapeau
l'art c'est quoi

un doigt dans le cul
bien profond
pour coller
quelques mouches mortes
dans l'amour
en bas des chiottes

l'art c'est quoi

un tunnel vert
dans le ventre
quand les portes s'ouvrent
dans ma chambre

la chambre des parents qui ont baisé
tout un samedi après midi
pendant que je jouais en bas

le tour de l'immeuble
les bras levés

j'avais 7 ans
un jour
j'ai chié dans mon froc
tellement
j'avais PEUR
de la fécalité
des images
et du monde

le tour de l'immeuble
les bras levés

je ne savais pas encore
que mes dents pourriraient
un jour comme de la viande

à tous ceux qui s'écartent
pour cracher sur des vitres

c'est quoi l'art

fécalité

par Christophe Siébert @, vendredi 02 novembre 2018, 21:25 (il y a 1963 jours) @ d i v

Beau texte.
Dans le doute (je ne sais pas s'il s'adresse à moi), merci.

fécalité

par d i v, vendredi 02 novembre 2018, 21:39 (il y a 1963 jours) @ Christophe Siébert

il s adresse a konsstrukt

fécalité

par Christophe Siébert @, samedi 03 novembre 2018, 12:58 (il y a 1963 jours) @ d i v

fécalité

par dh, samedi 03 novembre 2018, 14:09 (il y a 1963 jours) @ d i v

j'ai mis mon autofiction sur tlp.

rassure-toi olivier, ça ne sera jamais publié.

http://www.toutelapoesie.com/salons/files/file/65-joseph-karma/

fécalité

par seyne, mercredi 07 novembre 2018, 13:57 (il y a 1959 jours) @ d i v

j'ai d'abord cru que ce texte était une plaisanterie adressée à konsstrukt qui est venu souvent nous relater les péripéties de sa carrière littéraire et "faire sa pub".

Après, si konsstrukt venait faire sa pub c'est parce que sa survie financière en dépendait, c'est à dire qu'il était vraiment engagé dans ce drôle de métier : écrivain.

et du coup je lis autrement le "nous n'y arriverons jamais/chapeau", je le lis au premier degré.
La métaphore merde/écriture, j'ai du mal à la partager totalement, même si elle a des côtés très pertinents. Par exemple : ce n'est pas le plus bienséant de soi qui donne de la matière pour écrire (ou peindre etc.) mais des trucs souvent malodorants, bruts, cachés, des restes que nous ne savons pas assimiler de tout ce qui nous a nourri ou blessé...ou bien : le fumier qui sert à enrichir le jardin et à faire pousser légumes et fleurs, c'est bien de la merde...etc.); mais je trouve que cela ne rend pas assez compte du travail de transformation qu'est l'écriture d'un texte et l'importance de la forme pour donner à cette production la qualité d'une œuvre d'art.
La suite du poème est très belle, d'une beauté difficile à définir, à saisir, avec l'évocation de la solitude de l'enfance, et aussi celle de l'intériorité. c'est la simplicité étrange des image qui produit la beauté :

le tour de l'immeuble
les bras levés



et

à tous ceux qui s'écartent

pour cracher sur des vitres


c'est quoi l'art ?