Pétales de digitales

par au phil de la vie, mercredi 02 janvier 2019, 11:37 (il y a 1939 jours)

En veine de poèmes, tenus comme à la crinière de chevaux en bataille, avec nos rêves d’écrits fins, nos feux de paille, nos maux de pain perdu... Nous nous aventurions dans une jungle de mots intimes, tétant à tâtons, doux comme trois choux, nous nous découvrions, un peu timides, dans des jongles musicales, nous étions à la fois joyeux drilles et tristes clowns de cirques disparus. Perdus, dans la nuit d’aujourd’hui, cherchant à nous retrouver à langueur de temps autonomes.

Choses dites, le pied en vers fragile. A tenter sa chance pour un manque de fortune, en poésie brune, blonde, où rousse, quand l'eau se fait oisive au bord des bouches, le sourire d'un soir près à fondre dans les larmes du petit matin. Caresse folle et douce des herbes de mousse, nous buvions comme pris d'une soif d’affinités infinies notre idéal… A nous offrir des bouts de quête d'amitiés fleurie, d’amour aussi, n'est-ce pas aussi ? Ho si, en partage de nous mêmes nous ressemblions légèrement… A nous m'aime. N’essayions-nous pas de nous tenir par les mots, de loin en loin, mano à mano ? Ma nue chao.

Nos inventions de mots valise faisaient le tour du modem, nos fantaisies volages planaient doucement, comme autour d'un grand nuage gris, d'un ciel d’azur, aux ailes de désir en attente de déploiement, nos soupirs avaient des airs, désert, des petits trucs qu’aucun, coquins... Parfois l’écran digital semblait tordre de rire nos tentations impossibles, à la frontière virtuelle tout paraissait s’abolir, quelquefois ça avait l'air tellement vrai, nous y étions, tout comme, toucher des doigts délicats l'autre côté laissé deviné, évaporé... Jusqu’à vouloir nous voir dans la réalité aimantée, ami, amant, avec nos affects en partage, à fleur d'écran.

La magie proche d’envahir les lieux familiers, immatérielle, l’harmonie de nos échanges sillonnait le pays en carillons din, dan, don. Au sourire d'une inconnue répondait le sourire binôme des sensations complices. Nous savourions nos échanges de regards comme des clins d’œil donnés sans bouc émissaire...

Ainsi, quelques instants au toucher idéal, chaque personne satellite d'un peu tout le monde, le temps suspendu d'une nuit, nous étions en ronde, le ciel se faisait net, on voyait des éclairs de tendresses jaillir des profondeur des étoiles... Et puis, nous laissions échapper « j't’aime » avec les lèvres de silence, de loin en loin, en fin de conte... Comme en échos, nous l'entendîmes, tour à tour. Derrière le voile lactescent, un peu de poudre de luciole, disséminé aux quatre vents, une fine lueur d'espoir en bout de toile... Malgré le poison des illusions, auquel personne ne voulait prêter attention.

Pétales de digitales

par seyne, mercredi 02 janvier 2019, 17:43 (il y a 1939 jours) @ au phil de la vie

C’est très riche et plein de passion et de vie ! Je le lis comme une invitation à ce que devrait être toujours plus un forum d’écriture...


Ça m’a rappelé un vieux poème :

matières premières

étrangement
appuyé sur le plus désincarné :
signes blancs sur fond bleu
signes noirs sur fond blanc
traces, souvenirs de mouvements des doigts

émanations d’esprits silencieux
rompus depuis longtemps à l’exercice
la sortie de soi.

tracté par la beauté
comme la basse plume d’un ange

on trouvait d’abord le corps :
le sien traversé d’échos souterrains
– envahi ou soulevé
ou décalé ou traversé –

celui de l’autre
deviné avec presque autant de précision
(semblait-il parfois)
que si on avait la main posée sur lui.

Pétales de digitales

par au phil de la vie, mercredi 02 janvier 2019, 21:45 (il y a 1939 jours) @ seyne

Merci !

Bonne idée de mettre ton poème, il est beau je trouve.

Pétales de digitales

par seyne, mercredi 02 janvier 2019, 22:03 (il y a 1939 jours) @ au phil de la vie

j’étais saisie par le mystère insondable du « virtuel ».

Il y a quelque chose que salue Garcia Lorca, que j’ai retrouvé dans ton poème, c’est le duende.
Je vais essayer de retrouver le texte.
(je reviens de Séville, et je suis à moitié d’origine espagnole).

García Lorca

par seyne, mercredi 02 janvier 2019, 22:14 (il y a 1939 jours) @ seyne

C’est là. Ce n’est pas tout à fait ton poème, plus âpre, mais c’est l’idée d’une poésie qui surgit de l’energie du groupe :


García Lorca

García Lorca

par au phil de la vie, jeudi 03 janvier 2019, 09:08 (il y a 1938 jours) @ seyne

Super intéressant, merci pour ce texte !

J'ai entendu parler de ce mot dans un livre, d'un écrivain Portugais je crois, je ne sais plus où.

duende

par seyne, mercredi 02 janvier 2019, 22:49 (il y a 1939 jours) @ seyne

Pétales de digitales

par sobac @, jeudi 03 janvier 2019, 10:33 (il y a 1938 jours) @ au phil de la vie

de jolies phrases dont les mots entrainent vers l'imaginaire le temps la réflexion ainsi que l'envie d'horizons et de nouvelles découvertes

Pétales de digitales

par au phil de la vie, jeudi 03 janvier 2019, 13:04 (il y a 1938 jours) @ sobac

Pétales de digitales

par sobac @, jeudi 03 janvier 2019, 14:11 (il y a 1938 jours) @ au phil de la vie

avec modération