Et je pense à un ruisseau
Ce soir je sors
La fête est folle on dirait bien
que tout le monde est plein d'entrain
la robe est fendue le pas sûr
la mort a mis ses plus belles chaussures
et je pense à un ruisseau
ce sont les années 80
c'est la charogne sous le fête
c'est la misère sous le paraître
la séduction
et tout le monde est plein de joie
et je me noie dans les beaux culs
et je pense à un ruisseau
et je pense à de l'eau vive
déclinaisons de vagues neuves
quand les spotlights deviennent verts
jaunes
ou rouges
selon l'humeur
et je pense à un chemin
recherche un peu le bonheur
vais de plus en plus loin
faiseur d'histoires et de paroles
La fête est folle on dirait rien
un rien d'éclair dans les guibolles
et tu te mets à danser toi aussi
ça y est
la fête vient du ventre
de la tripe sauce tomate
le bide est si plein d'andouillettes
l'œsophage accueille et l'alcool
et l'ivresse
et la consolation
et les degrés montent explosent désaxent la pensée
et te voilà pris à danser
vite
vite
vite
cadence et pulsations
mouvement vient de certains sons
c'est une hallucination
autour de moi ça danse crie de plus en plus
mêmes les mioches s'y mettent
mais je suis triste comme les pierres
mais j'ai si mal à la pensée
et je pense à un ruisseau
la fin du monde recommencée
La fête est folle on dirait bien
que tout le monde est plein d'entrain
la robe est fendue le pas sûr
la mort a mis ses plus belles chaussures
et je pense à un ruisseau
ce sont les années 80
c'est la charogne sous le fête
c'est la misère sous le paraître
la séduction
et tout le monde est plein de joie
et je me noie dans les beaux culs
et je pense à un ruisseau
et je pense à de l'eau vive
déclinaisons de vagues neuves
quand les spotlights deviennent verts
jaunes
ou rouges
selon l'humeur
et je pense à un chemin
recherche un peu le bonheur
vais de plus en plus loin
faiseur d'histoires et de paroles
La fête est folle on dirait rien
un rien d'éclair dans les guibolles
et tu te mets à danser toi aussi
ça y est
la fête vient du ventre
de la tripe sauce tomate
le bide est si plein d'andouillettes
l'œsophage accueille et l'alcool
et l'ivresse
et la consolation
et les degrés montent explosent désaxent la pensée
et te voilà pris à danser
vite
vite
vite
cadence et pulsations
mouvement vient de certains sons
c'est une hallucination
autour de moi ça danse crie de plus en plus
mêmes les mioches s'y mettent
mais je suis triste comme les pierres
mais j'ai si mal à la pensée
et je pense à un ruisseau
la fin du monde recommencée
Et je pense à un ruisseau
je vais répondre à ce poème par un souvenir personnel qui n'a peut-être rien à voir, mais c'est une "association libre", comme on dit :
en 79 je suis partie vivre un an à la Réunion. Choc splendide, un monde nouveau et bienveillant où on ne connaît ni les plantes, ni les oiseaux, ni les paysages, ni la façon de parler des gens, ni les sensations physiques, où le racisme était presqu'absent, etc...Une année d'ailleurs, dont j'ai eu du mal à revenir.
Pour couronner le tout, au retour en France, les années 70 avaient fait place aux années 80 : le choc a été horrible, non seulement parce qu'on avait le sentiment de passer de la beauté au bling-bling, de la pensée au paraître, de l'utopie au cynisme de l'argent roi. Mais surtout parce que jamais je n'aurais pensé cela possible de façon aussi caricaturale et rapide.
Là, je me suis dit que rien n'évolue vraiment, rien ne tient, et je le sais pour toujours.
Le ruisseau s'est fait invisible, souterrain, fragile et clandestin.
en 79 je suis partie vivre un an à la Réunion. Choc splendide, un monde nouveau et bienveillant où on ne connaît ni les plantes, ni les oiseaux, ni les paysages, ni la façon de parler des gens, ni les sensations physiques, où le racisme était presqu'absent, etc...Une année d'ailleurs, dont j'ai eu du mal à revenir.
Pour couronner le tout, au retour en France, les années 70 avaient fait place aux années 80 : le choc a été horrible, non seulement parce qu'on avait le sentiment de passer de la beauté au bling-bling, de la pensée au paraître, de l'utopie au cynisme de l'argent roi. Mais surtout parce que jamais je n'aurais pensé cela possible de façon aussi caricaturale et rapide.
Là, je me suis dit que rien n'évolue vraiment, rien ne tient, et je le sais pour toujours.
Le ruisseau s'est fait invisible, souterrain, fragile et clandestin.
bridge over troubled water
c’était une réaction immédiate, qui ne rend pas justice à la complexité du poème. Je crois que ce sont les vers
« mais je suis triste comme les pierres
mais j'ai si mal à la pensée » et bien sûr l’allusion aux années 80 qui ont réveillé ce souvenir.
Mais l’utopie et la fête ont en commun leurs lendemains, et sûrement certains de leurs rôles.
« mais je suis triste comme les pierres
mais j'ai si mal à la pensée » et bien sûr l’allusion aux années 80 qui ont réveillé ce souvenir.
Mais l’utopie et la fête ont en commun leurs lendemains, et sûrement certains de leurs rôles.
bridge over troubled water
C'est amusant car c'est une femme amie à moi qui m'a parlé de "fête et de charogne". Pour elle les années 80 "masquaient" toute une détresse latente par l'usage de l'éclate, de la défonce aussi. Et ne parlons pas de l'arrivée du sida... bref. Désormais pour moi la fête sent la charogne, parfois, pas tout le temps. Le pire ce sont les boîtes de nuit, ces usines à moteurs plus ou moins compétitifs. Bref. Je préfère le ruisseau. Merci Claire.