parcours d'un anti-écrivain

par dh, jeudi 23 mai 2019, 10:35 (il y a 1799 jours)

1995, j'ai 22 ans, suis objecteur de conscience à la drac idf. je zone pas mal, fume un peu, amoureux éternellement éconduit. c'est la première fois que je gagne un tout petit peu d'argent avec la solde d'objecteur. j'en profite pour découvrir des choses : musique, cinéma, expos ... mon meilleur ami de l'époque me prête des bouquins, dont de la poésie : Trakl, Rilke, Pavese, etc... c'est le coup de foudre, je deviens lecteur de poésie alors que ça ne m'avait jusqu'ici jamais intéressé. je commence à lire systématiquement la poésie française.

1999, j'obtiens le diplôme de l'école de bibliothécaire documentaliste. je commence à écrire des poèmes. dès le commencement, je poste mes poèmes sur des forums internet, mais ce n'est pas suffisant : je veux être publié sur papier, à l'ancienne. au début j'envoie naïvement des textes à des revues connues et des gros éditeurs, et bien sûr n'obtiens aucune réponse. georges cufi du forum écrivain me conseille d'envoyer des textes à la revue citadelle, qui me publiera régulièrement de 2002 à aujourd'hui. suivront d'autres publications dans diverses revue et 2 recueils à compte d'éditeurs.

2003 : trouve un poste stable de magasinier en bibliothèque.

rapidement déçu par la poésie contemporaine institutionnelle type cnl. je me lance dans des polémiques stériles qui me font perdre mon temps et mon énergie. ce n'est ni plus ni moins que du don quichottisme. au final j'abandonne totalement la lecture des ouvrages de poésie publiés chez pol et Flammarion et consorts, avec un sentiment d'ennui et de dégout. je parviens néanmoins à tisser quelques liens via les forums internet avec d'autres poètes, dont la poétesse m-a.b. qui deviendra ma compagne en 2014.

2009 : rédaction de la première partie d'un court roman.

2015, je quitte momentanément mon studio devenu insalubre et passe 3 mois chez mes parents dans la banlieue de versailles. fin d'un épisode toxicomaniaque de 3 ans à la codéine. nouveau départ.

2016 : reprise du roman et rédaction d'une deuxième et troisième partie.

hiver 2017/2018 : dépression nerveuse suite à l'arrêt de mon traitement pendant 6 mois. reprise du traitement et du suivi psy. commence une psychanalyse. commence à apprendre le piano. n'écris plus poésie.

2018 : fin de la rédaction du court roman. un tapuscrit (autofiction) de 40 pages a4 qui ne sera jamais publié.

bien que n'écrivant plus de poésie, je continue à en lire régulièrement.

à suivre ?...

parcours d'un anti-écrivain

par au phil de la vie, jeudi 23 mai 2019, 11:06 (il y a 1799 jours) @ dh

Merci Denis.
Belle humilité, lucidité et honnêteté je crois. Donc intéressant.

Tu es comme moi, peut-être, un écrivant comme on disait. Mais non, car tu as fait publier des livres. Et tu en as écrit surtout.
Alors tu es un écrivain quand même. Tu es anti-écrivain de salon, peut-être.

Moi je reste qu'une espèce de poète à l'essai en poésie, et je me suis fait une raison pour les publications, ça ne me dit plus rien. Un poète écrivant, mais n'écrivant plus en plus :) et n'ayant même plus le temps de lire (à part délivre pas grand chose)

Ce que je ne comprendrais sans doute jamais par contre, chez toi, entre autre, (comme chez tant d'autres), c'est cette inexplicable fascination pour le phénomène Houellebecq, qui est un arriviste de première classe, courant après toutes les glorioles, un faux anti-écrivain de salon (belge).

parcours d'un anti-écrivain

par sobac @, jeudi 23 mai 2019, 11:29 (il y a 1799 jours) @ dh

que rajouter de plus, tout est dit, écrire comme une soif et puis elle s'étanche, la vie offre des alternatives , mais au vu de ton âge , va savoir si le stylo ne viendras pas un jour en catimini de dire, allez sort un page blanche

parcours d'un anti-écrivain

par Soledad, jeudi 23 mai 2019, 12:18 (il y a 1799 jours) @ dh

Merci pour ce magnifique présent, dans les deux sens du terme.
Une soudaine certitude:
La plupart de nos tristesses et de nos malheurs on les doit au jour où l'on prend conscience que l'on contribue à la reproduction d'un modèle imposé qui nous prive de ce que nous sommes.
Ne seraient-ce pas cette conscience, et le sentiment de culpabilité qui en découle, qui entretiennent cette dichotomie entre ce que je pense et ce que je vis, me menant à un conflit intérieur que l'âge, fort heureusement, résout?
Difficile d'exister en toute conscience tout en acceptant la souffrance collective qu'imposent les pouvoirs de tout ordre et la soumission à la conceptualisation d'une pensée unique. Difficile, mais tout à fait possible.
Là où je pense que vous en êtes, le plus dur est fait, la porte que vous venez de pousser vous ouvre des horizons infinis.
Bonne route pour ce passionnant et merveilleux voyage au bout de vous- même.

parcours d'un anti-écrivain

par 411, jeudi 23 mai 2019, 12:47 (il y a 1799 jours) @ dh

J'ai passé un bon moment en lisant ce texte. D'autant plus que la psychiatrie je connais bien aussi. C'est un passage qu'on n'oublie pas. Bref.Belle sincérité

parcours d'un écrivain raté

par d i v, samedi 25 mai 2019, 22:05 (il y a 1797 jours) @ dh

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LA POETIQUE DU DEPART - (Riding With Death)


[ il y a 2 mondes :
il y a le monde des morts et
il y a le monde des vivants ]



La poésie des murs me terrasse et me fascine
elle renverse tout sur son passage
et sur le sable c’est encore pire
bateau rouillé
pourriture collatérale inscrite dans le goémon
disparu sous nos pas verts
comme des pommes de petites tailles
croquées par tes dents dans la porte
où je vois tes ongles chlores
terre d'accueil terre d’asile
dans la température du corps
il y a toutes ces blessures
dans la lumière du phare
et toutes ces ondes
qu'on ne regarde plus en face
par peur d’être un visage
ou d’être un mensonge
il y a cette peur que le silence nous dise un mot
dans la nouvelle disposition des meubles
j’écris dans la poussière ton nom
la mort, petite sœur abîmée par le chaos des vagues
je pleure pour rompre le silence
j'écris pour oublier que le sable est lent
dans ma bouche entre ouverte
où passe du vent et des insectes
de petites tailles pour noyer le chagrin
la ligne du bonheur
que nous avons gravé
à la hauteur d’un homme sur un arbre fou
j’écris pour oublier
que tu ne m'écriras plus jamais
un mot une lettre une peinture
un trait dans cette lumière
douce et diffuse
si particulière
qui rendait le printemps
bien avant l’été
la violence de l’été
l’âge de nos 20 ans
combien d’années encore
il nous restait à vivre
palais noir devant la porte
des chevaux abîmés par le voyage
aller-retour
je n’ai plus la force
fin de l’aventure
pour la route
et pour les trop nombreuses fleurs
trouvées dans les ronces
elle sont toutes pour toi
elles sont toutes pour vous
j’applaudis les yeux fermés
le monde qui s’écroule devant nous
car l’ombre des oiseaux n’est plus
qu’un cartilage d’os dans le cœur
est-ce un signe du destin
est-ce un signe du temps qui passe
l'enveloppe que tu as laissé ce matin
sur la petite table en bois dans laquelle
tu as mis une mèche de cheveux
pour que je ne t’oublie pas
mais tu peux dormir tranquille
tu peux dormir tranquille
tu peux prendre la route
tu peux prendre le large
maintenant
mon Amour
c’est la poétique du départ
salut



d i v - 25/05/2 019

parcours d'un écrivain raté

par soledad, dimanche 26 mai 2019, 08:25 (il y a 1796 jours) @ d i v

parcours d'un anti-écrivain

par Périscope @, lundi 27 mai 2019, 08:58 (il y a 1795 jours) @ dh

On commence à mieux comprendre le personnage.
Merci.

parcours d'un anti-écrivain

par dh, lundi 27 mai 2019, 09:44 (il y a 1795 jours) @ Périscope