Désordres migrateurs

par soledad, vendredi 07 juin 2019, 14:35 (il y a 1757 jours)

Une jeune femme ose un œil entre ses bras enlacés
à la moustache qui rit sous le keffieh mal calé
Les cris de deux paires de chaussures excentriques
reconnectent un jeune couple sous hypnose
Des femmes mûrissent aux bras de leurs faux pères
des vrais sacs sur leur tête comme des points sur des I
Des ribambelles sautillent, les entourent d'enfants
Leurs yeux écarquillés traversent les reflets
en verre du tarmac aux ailes repliées
Un jeune homme au teint pâle
les joues rases jusqu'au soin
ressasse ses inquiétudes, la beauté en alerte
Je file le brouhaha anodin des pas
emmurés dans leurs secrets perdus
et l'éclat permanent des enfants migrateurs
qui piaillent, l'impertinence, de la vie épicée

Désordres migrateurs

par sobac @, vendredi 07 juin 2019, 18:36 (il y a 1757 jours) @ soledad

un scène bien décrite, quelque part en Afrique ou en France d'ailleurs , pays des droits de la femme et de l'homme

j'aime " ramasse ses inquietudes" " les enfants migrateurs qui piaillent l'impertinence et de la vie épicée "

Désordres migrateurs

par seyne, vendredi 07 juin 2019, 21:01 (il y a 1757 jours) @ soledad

je trouve que tu rends avec une grande habileté, une habileté un peu magique si on y regarde de près, la confusion de l’exode tel qu’il est vécu, mais aussi celle d’un observateur qui s’y trouverait plongé sans presque rien comprendre.

Désordres migrateurs

par Périscope @, samedi 08 juin 2019, 13:09 (il y a 1756 jours) @ seyne

Ce qu'en dit Seyne est très juste (je ne serai mieux dire)

une intensité sereine

des raccourcis et des rapprochements surprenant
tout en restant dans le sujet

on peut penser qu'il doit être difficile d'écrire plus long avec cette densité,
cet éveil, ce témoignage qui devient éminemment poétique

ce sont des instants de grâce...

Désordres migrateurs

par soledad, samedi 08 juin 2019, 16:24 (il y a 1756 jours) @ Périscope

Merci pour ces retours encourageants et qui me font plaisir ne serait-ce que pour le plaisir qu'ils vous procurent.
Je pense avoir compris ce que Seyne aime et entrevoir ce que les autres trouvent dans les écrits de "l'homme qui voit". Pour l'instant, je vais peut-être me limiter à partager davantage ce que je ne vois qu'avec les yeux...

Désordres migrateurs

par Florian, lundi 10 juin 2019, 15:16 (il y a 1754 jours) @ soledad

C’est ingénieux car il n’y a pas de véritable construction d’ensemble. Les choses apparaissent à chaque vers et peu à peu un sens se forme, grossit et pose la situation comme un symbole, lorsqu’elle n’en avait pas les caractères au début. Le poème gonfle, comme si l’arrivée d’eau lui apportait tout son sens poétique au fur et à mesure qu’il avance dans le temps.
Les maladresses conduisent souvent à des choses plus subtiles, et les situations de rue en sont un parfait exemple. Du banal on passe à quelque chose de singulier, qui en fait est le produit vécu de cette banalité, de l’expérience.

Désordres migrateurs

par soledad, lundi 10 juin 2019, 16:08 (il y a 1754 jours) @ Florian

Merci pour le retour et pour avoir pris le temps pour répondre.