tu

par seyne, lundi 26 août 2019, 16:03 (il y a 1699 jours)

tu n’a pas de bord

ni celui de l’eau, du large fleuve
si avancé le crépuscule gris

ni la falaise en surplomb
- où marche Invisible/Indivisible.

ni le cri du bébé gabian
assoiffé errant sous les fenêtres
le cri de la mère gabian qui plane et cherche.
tu peut être partout.

tu

par Annie, mardi 27 août 2019, 10:52 (il y a 1698 jours) @ seyne

"tu n'a pas de bord"
c'est très beau et ça me touche, de "tu n'a pas de bord" à "je est un autre", même combat

la suite me laisse perplexe, j'ai apprécié le paysage, pour moi il évoque les falaises du pays de Caux, l'estuaire de la Seine, mais bien sûr ce peut-être ailleurs pour un autre.

j'ai aimé apprendre un nouveau mot : gabian
qui rejoint gabion dans ma collection.

Qu'est-ce que ça apporte à "tu.."? ça ne l'explique, ni ne l'illustre, ni ne l'élargit.
je suppose délibérée l'ambiguïté sur tu - et alors ?

dessine-moi un mot tu est impossible, tu n'a pas de contour.

tu

par seyne, mardi 27 août 2019, 11:39 (il y a 1698 jours) @ Annie

en fait, pour moi, la poésie doit être habitée par la perplexité.

Le poème, comme presque tous ceux que j’écris, tente de parler de l’altérité, du dialogue que nous entretenons constamment avec un tu de nature presque indéfinissable, mais qui nous permet de vivre.
Il n’y a pas de théorie mais des glissements d’images autour du mot « bord », autour de l’invisibilité de ce « tu » si nécessaire.

Et puis l'histoire du bébé gabian est réelle, elle date de la canicule de juillet : au Centre où je travaille, les enfants étaient très touchés de le voir errer, tombé du nid, boire une flaque, d’entendre son cri et celui des parents qu’on ne voyait pas. On leur disait de ne pas essayer de l’attraper. Gabian est le nom provençal de la mouette. Ce « dialogue », ces altérités, ça m’est revenu tout naturellement à l’esprit en écrivant le poème

tu

par seyne, mardi 27 août 2019, 11:53 (il y a 1698 jours) @ seyne

au cas où il y aurait une ambiguïté : il n’y a rien d’une divinité pour moi dans ce « tu ». Il est le représentant de tout ce (ceux) avec quoi nous échangeons, y compris certaines imago intérieures et inconscientes.

tu

par sobac @, mardi 27 août 2019, 10:57 (il y a 1698 jours) @ seyne

c'est un instantané , on imagine un endroit calme , mais qui peut devenir le décor d'actions soudaines très fortes

tu

par sobac @, samedi 31 août 2019, 20:36 (il y a 1693 jours) @ sobac

Vous et tu

Vous
Votre intimité
Et le tu
Qui s’invite
Impromptu

Vous
Une civilité
Le tu empressé
Familier
Un peu inapproprié

Vous
Une politesse
Un respect
D’un tu
Déjà usité

Vous
Ni démodé
Ni désuet
Et ce tu si excité
Non mais

Vous
Et face à face
Le tu
Réconciliés
Quel avenir ensoleillé

tu

par 411, mardi 27 août 2019, 15:26 (il y a 1698 jours) @ seyne

C'est intéressant car au début je me suis dit: trop abstrait pour moi ; je suis trop perplexe justement. Çà fait trop flou.
Et puis j'ai goûté à la profondeur de cette phrase: "tu n'a pas de bord". Et puis j'ai continué, et j'ai trouvé le fleuve, le crépuscule gris, la falaise en surplomb... et me suis souvenu que tu écrivais souvent d'après image. Et j'ai vu par-delà la perplexité initiale.

Mais là où ça m'a crevé le coeur c'est cette image de la mère "gabian" qui cherche son petit, son p'tiot. J'étais dans Steinbeck et le chemin de la tortue qu'il décrit dans "Les raisins de la colère"... sur tout un chapitre. J'étais tout contre la réalité.

juste un bémol, le vers

"où marche Invisible/Indivisible"

qui me laisse encore un chouilla trop perplexe.

Merci à toi en tout cas, pour la précision de ton écriture et pour ce mot, gabian, que je ne connaissais pas, et qui m'a touché au plus profond.

tu

par seyne, mardi 27 août 2019, 16:21 (il y a 1698 jours) @ 411

l’autre thème du poème, avec ce fleuve sans bord, ce crépuscule, cette falaise, et la scène du gabian, c’est la vie et la mort, pour moi intimement liées au vécu de l'altérité.

Invisible/Indivisible est venu tout seul, comme un compagnon étrange qui vous accompagnerait...j’aime les ruptures de registre dans le vocabulaire, mais peut-être c’est trop audacieux de jouer ainsi, peut-être ça me semblera artificiel, on verra. Ça va très bien avec le sens du poème.

Et gabian fait penser à la mer, aux bateaux. C’est sûrement une association avec le début du poème qui a fait ressurgir le souvenir.
Je ne connaissais pas le mot avant cet épisode, c’est un des enfants qui l’a employé. Eux aussi étaient saisis bien sûr.

Parfois on a l’impression que tout s’imbrique en écrivant

tu

par Périscope @, mardi 27 août 2019, 18:02 (il y a 1698 jours) @ seyne

"tu n’a pas de bord

ni le cri du bébé gabian
assoiffé errant sous les fenêtres
le cri de la mère gabian qui plane et cherche.
tu peut être partout."



"Tu n'as pas de bord" ; je l'attribue à l'homme

"Tu peux être partout" ; la mère goéland cherchant son bébé (gabian) qui lui est partout

peut-être une similitude (nostalgique) entre l'homme et l'oiseau

le bébé oiseau erre sous les fenêtres des humains

puisque nous n'avons pas de bord, on peut être partout : l'idéal du bipède ?

tout ceci est mon jeu d'interprétation...

si on revient au titre "tu" sans majuscule ; le poème s'adresse à chacun, convivial, intime, simple, modeste.