Le garçon d’ascenseur

par soledad, vendredi 11 octobre 2019, 12:54 (il y a 1658 jours)

La réponse de la jeune réceptionniste au sourire bienveillant m'avait tellement étonné que j'avais baissé la tête pour poser une deuxième fois ma question à travers le trou de la vitre de protection. La langue de Shakespeare se résumant à une torture grimaçante pour mes muscles faciaux, malgré les longues années de séjour dans un pays anglophone, j'avais essayé d'articuler du mieux possible.
Pas de doute, j'avais bien entendu. "Il n'y a pas d'escalier" m'avait-elle répondu avant de reprendre sa pose d’hôtesse d'accueil. "Pour aller au troisième étage, prenez l'ascenseur à gauche et au fond du couloir".
De nombreuses pièces numérotées longeaient de part et d'autre le long couloir. Deux lourdes portes avec un panneau "Accès interdit à toute personne extérieure au service" en marquaient la fin.
Un couple de trentenaires qui cultivaient leur duo en silence et un vieil homme au regard évasif occupaient quelques uns des sièges marron en métal sale tressé.
Massés contre la porte coupe feu, un homme en pagne madras, aux dents rougies par le bétel, s'appuyait sur les poignées d'un fauteuil roulant. Le visage de l’homme légèrement voûté qui s'y recroquevillait, semblait captif d'une femme de ménage, à la poitrine volontaire, cintrée dans sa blouse mauve de rigueur. Devant moi, un jeune homme rustique à la barbe soigneusement taillée dominait l'attroupement entre deux coups d'œil à son portable.
Lorsque la grille de l'ascenseur coulissa, un homme et une femme restèrent au fond de la cabine. Incapable de concevoir que l'on puisse trouver un quelconque plaisir à monter et descendre dans une cage métallique qui risquait de rester suspendue entre la matière et la spiritualité à la moindre coupure de courant de plus en plus fréquentes, j'en conclus qu'ils ne l’avaient pas pris dans le bon sens.
Le jeune rustre força le passage en premier, suivi par l'homme en fauteuil roulant et son accompagnateur aux gencives vermeilles qui prit la précaution de manœuvrer pour entrer en marche arrière. J’évaluai d'un coup d'œil l'espace restant. Ayant tout mon temps et toujours prêt à mettre en application mon engagement social, j'invitai la femme de ménage à monter avant moi.
Elle me gratifiait d'un sincère regard souriant, en contre plongée, lorsqu'une petite main inattendue saisit la mienne et me tira affectueusement vers l'intérieur de la cabine pour me désigner une place, à droite, entre le fauteuil et une des parois. Sous les boutons de l'ascenseur, un jeune homme pas plus haut qu’un enfant de 12 ans, une béquille calée sous son bras droit, ferma les grilles de l'élévateur qui commença sa lente ascension.
Seuls quelques millimètres séparaient la poitrine fougueuse de la dame de petite taille et le jeune homme qui la fixait. En penchant la tête, je découvris son crâne rasé, disproportionné, en forme d'osselet. Bombé et bosselé à l'arrière, il s'allongeait progressivement jusqu'à s'évaser à nouveau en un front proéminent et irrégulier qui surplombait un visage doux, aux traits précis. Il commença à converser avec la femme de petite taille qui visiblement le raillait. Un large sourire découvrit deux rangées de dents blanches parfaitement alignées. Il cala sa béquille sous son bras, tira les grilles de l'ascenseur qui venait de s'arrêter au premier et accompagna d’un mouvement du bras la jeune femme qui sortit en lançant une dernière plaisanterie par dessus son épaule.
Je sortis derrière elle pour laisser passer l'homme en fauteuil et son guide. Ce n'est que lorsque le jeune homme m'invita, à monter de nouveau, que je remarquai ses deux yeux clairs sous des sourcils finement dessinés sur sa peau mate.
Une fois la moitié des patients descendus au service de diabétologie, situé au deuxième, je rejoignis les deux autres personnes qui occupaient toujours le fond de la cabine, pour faciliter l'entrée d'éventuels usagers.
Une cordelette tressée verte et rouge décorait le poignet de sa main droite. Tel un harpiste, ses doigts fins effleurèrent la grille articulée de la porte à soufflet. Après un gémissement métallique et un coup final sec, la cabine reprit sa lente ascension.
Le jeune homme, dans son uniforme couleur sable, me tournait le dos. Appuyé sur sa jambe gauche, l'inclinaison importante du bassin maintenait sa jambe droite atrophiée suspendue dans le vide l'obligeant à rectifier régulièrement la position de sa colonne déformée.
Il attendit l'arrêt complet de l'ascenseur, se tourna vers moi et me demanda dans un anglais parfait "Qui cherchez-vous ?". L’éclat de ses yeux clairs me sourit en entendant le nom que je venais de lui donner. "Doctor Sivamurungan Rajarayana" articula-t-il d'un air amusé en détachant chaque syllabe. Il me fit signe de le suivre, cala sa béquille sous son bras et enfila le couloir en sautillant, joyeux, agile, aérien. En le voyant s’éloigner, un souffle vital gonfla mon cœur et ma poitrine.
Lorsque je regagnai la cabine, la compassion du couple immobile m'accueillit. Je m'installai au fond, entre eux deux. Je fermai légèrement les yeux, respirai profondément, libéré, prêt à attendre, tout le temps nécessaire, le retour du garçon d’ascenseur.

Le garçon d’ascenseur

par Annie, vendredi 11 octobre 2019, 14:36 (il y a 1657 jours) @ soledad

Récit très troublant sous un aspect qui se veut un compte-rendu neutre.

le pire, relevant du cauchemar c'est pour moi j'avais bien entendu. "Il n'y a pas d'escalier"
comme bientôt plus de guichet dans aucune gare - je me suis renseignée : 2024 selon le plan à Saint Lazare.

Le garçon d’ascenseur

par seyne, vendredi 11 octobre 2019, 20:52 (il y a 1657 jours) @ soledad

j’aime bien l’ensemble et surtout bien sûr l’apparition quasi angélique du garçon d’ascenseur. Mais il me semble qu’il faudrait retravailler un peu le style, et je n’ai pas compris la fin.

Le garçon d’ascenseur

par Soledad, samedi 12 octobre 2019, 09:33 (il y a 1657 jours) @ seyne

Bonjour Annie, bonjour Seyne.
Merci beaucoup à toutes les deux
Julio Cortazar prétendait que le fantastique surgissait dans des parenthèses du quotidien.
Une clinique, un malade qui prend l'ascenseur dans un pays où il existe encore des garçons d'ascenseur. Ça aurait pu se passer au Mexique ou en Afrique du Sud. Deux personnages au fond de la cabine qui n'en sortent jamais. Le narrateur qui découvre un être difforme et la sensation d'avoir guéri une partie de son âme à la suite de sa rencontre avec la monstruosité.
S'il n'y a pas d'escalier qui mène au troisième, c'est peut-être qu'il n'y a pas besoin d'y aller au fond. Comme dans un pèlerinage, tout se passe pendant le trajet, la destination importe peu.
Le style...mais encore ? Je ne sais quoi répondre. Dit comme ça, c'est une remarque qui me semble hermétique.

Le garçon d’ascenseur

par seyne, samedi 12 octobre 2019, 12:11 (il y a 1657 jours) @ soledad

Je te réponds ici car c’est plus facile.

Il y a des petits détails qui m’ont gênée. Par exemple « longé par des pièces », alors qu’on ne voit que les portes...la phrase qui commence par « massés » ne comporte qu’un seul personnage...le vieillard captif de la femme ou de la vision de sa poitrine ?...la petite taille de la jeune femme alors que le jeune homme « grand comme un enfant » de 12 ans semble avoir les yeux à hauteur de ladite poitrine...
à la lecture cela donne une impression de « trucs qui clochent » même si on n’analyse pas vraiment. L’homme au pagne est-il torse nu, vêtu seulement d’un pagne, dans un hôpital ? Il n’y a qu’en Inde que cela semblerait normal, moi j’aurais situé la scène dès le début car le narrateur sait où il est.
Mais c’est surtout la fin : le garçon semble sortir de l’ascenseur, prendre le couloir en conviant le narrateur à le suivre mais celui-ci le regarde s’éloigner, « attend son retour ». On a l’impression qu’il ne l’a pas suivi, a seulement fait un pas hors de l’ascenseur et y est retourné pour l’attendre.
Du coup ce que tu nous dit de ton projet en écrivant ce texte, je ne l’ai absolument pas perçu.
D’autre part je trouve que les pensées du narrateur occupent trop de place, la description des autres personnes est trop rapide au contraire pour qu’on visualise vraiment les différents déplacements, sur lesquels tu insistes pourtant pas mal, avec raison d’ailleurs car c’est bien ce qu’on regarde dans un ascenseur.
Je crois que tout l’arrière-plan que tu as développé dans ton commentaire aurait besoin de plus de temps pour apparaître et être perçu par ton lecteur.

Je te dis toutes les choses que je me dirais personnellement à la relecture si j’avais écrit le texte. Mais si tu trouves que ces critiques ne sont pas justifiées je serais contente que tu m’expliques pourquoi.

Le garçon d’ascenseur

par seyne, samedi 12 octobre 2019, 12:59 (il y a 1657 jours) @ seyne

j’ai eu l'expérience d’une nouvelle éditée dans la revue « Rue Saint Ambroise ». J’avais retravaillé le texte avec quelqu’un , et pourtant, alors qu’elle était déjà acceptée une relectrice de la revue m’a contactée, pour un tout petit détail...elle avait raison.
Je crois que plus on vise à une certaine étrangeté plus il faut être rigoureux. Que le lecteur soit certain que les étrangetés qu’ils perçoit sont délibérées, et non des maladresses ou des négligences.

Le garçon d’ascenseur

par Soledad, dimanche 13 octobre 2019, 04:10 (il y a 1656 jours) @ seyne

Bonjour Seyne,

Plus que dans le style, ce serait donc dans le contenu si je comprends bien. Oui, je reconnais avoir eu un peu de mal à retranscrire certaines scènes que j'avais en tête.
Après, les détails qui clochent ça fait aussi partie de l'univers fantastique. Est-ce le monde qui vacille et le fantastique qui y fait irruption ou est-ce ma perception qui le rend étrange ?
Le but est d'amener le lecteur à s'interroger...comme tu l'as fait.
Si j'étais grand écrivain ça se saurait et retranscrire tout cela me demande un savoir faire dans les agencements que je ne maîtrise peut-être pas. J'écris pour le plaisir et ce forum me permet de mener une réflexion sur mes productions. Merci donc pour tes lectures et tes remarques. Cet objectif, au moins, est rempli.

"De nombreuses pièces numérotées longeaient de part et d'autre le long couloir "
Oui, en effet, ce n'est pas un couloir qui relie deux services, c'est un couloir de consultations.

"Massés contre la porte coupe feu, un homme en pagne madras, aux dents rougies par le bétel, s'appuyait sur les poignées d'un fauteuil roulant. Le visage de l’homme légèrement voûté qui s'y recroquevillait, semblait captif d'une femme de ménage à la poitrine volontaire cintrée dans sa blouse mauve de rigueur. Devant moi, un jeune homme rustique à la barbe soigneusement taillée dominait l'attroupement entre deux coups d'œil à son portable."

Dans ce couloir étroit, en me relisant, je compte quatre personnes et un fauteuil roulant. Tu préférerais
"contre la porte..."  ? ou "regroupés ?"

J'imaginais l'homme dans le fauteuil le regard vide, fixe, tourné vers la femme de ménage de très petite taille. Le détail relatif à la poitrine qui semble l'hypnotiser n'est là que pour rappeler ce que les femmes en Inde, mais ailleurs également, peuvent subir au quotidien dans des situations où les gens sont serrés les uns contre les autres. Je passe sur celles qui préfèrent porter le voile pour ne pas être déshabillées du regard ou qui se font tripoter dans les transports en commun, au Caire ou dans toutes les grandes villes d'Afrique du Nord. Je n'ai pas été assez explicite peut-être, cela mériterait de l'évoquer de façon plus précise ?

https://www.telerama.fr/cinema/films/les-femmes-du-bus-678,431052.php

Les mentions du pagne madras et du bétel ne servent en effet qu'à donner des indications sur le lieu de la scène.
Que le lecteur se sente perdu, c'est volontaire. L'Inde reste encore le pays de tous les possibles. C'est cette perte de repère qui aurait dû préparer le lecteur à l'irruption du fantastique ou du réel merveilleux. Après comme dirait Annie, c'est dérangeant et peut être trop abrupte ? Exotique ? (On m'en avait fait la remarque il y a quelques années lors de l'étude de certains de mes textes pour une publication.
Dans l'ascenseur il y aurait donc l'homme en fauteuil, l'accompagnateur, un grand jeune homme, la femme de ménage, un couple au fond, le garçon d'ascenseur et le narrateur. Soit 8 personnes et un fauteuil.

"Seuls quelques millimètres séparaient la poitrine fougueuse de la dame de petite taille (voir remarque ci-dessus) et le jeune homme qui la fixait." Effectivement, on ne comprend pas bien s'il fixe la dame ou la poitrine. Je pensais à la dame, je vais revoir cette phrase ambigüe. Mais à la réflexion, pourquoi je jeune homme ne ressentirait pas les mêmes pulsions ?

L'attitude du personnage à la fin est exactement celle que tu décris.
Contre toute logique, le narrateur ne suit pas le garçon d'ascenseur, il retourne dans la cabine pour l'attendre. Quelque chose d'important vient de changer ses intentions initiales.
Le lecteur à le choix d'en interpréter la cause. Il ne se voit pas attendre une consultation dans un service sans issue ? Il se sent mal à l'aise en réalisant que le garçon d'ascenseur est "un monstre" ? Non puisqu'il parle de "souffle de vie". Le mal dont il souffle ne pourrait-il pas lui sembler ridicule comparé à ce que doit vivre ce jeune homme au quotidien ? Dans ce cas, ne partagerait-il pas le même sentiment de bien être qui expliquerait le comportement du couple au fond de la cabine ? Et si ce jeune n'était autre que le propre "Doctor Sivamurungan Rajarayana" ? Le lecteur serait-il tellement conditionné qu'il n'aurait pas été en mesure d'envisager un seul instant que ce jeune Monsieur puisse être aussi médecin ?..
Donc, si je ne réussis pas à atteindre mon propos, je regrette de manquer de la maîtrise nécessaire pour le faire. Amener le lecteur à une réflexion sur la monstruosité qui ne serait qu'une façon de considérer l'existant et la part du mental dans la capacité à relativiser nos propres dysfonctionnements me semblent néanmoins sortir des sentiers battus.

J'espère ne rien avoir oublié. Encore merci.

Le garçon d’ascenseur

par seyne, dimanche 13 octobre 2019, 11:16 (il y a 1656 jours) @ Soledad

bon, tout d’abord, si le français n’est pas ta langue maternelle, je te tire mon chapeau !
Je comprends mieux aussi ces petites choses qui me gênaient : par exemple « vêtu de » caractérise l’ensemble des vêtements que porte la personne. Une des « perles » rapportées par un instituteur c’est la phrase de l’élève : « Louis XI était vêtu simplement d’un petit chapeau », qui le fait imaginer nu à part son couvre-chef. Mais peut-être ton personnage était-il il effectivement seulement vêtu de ce pagne.
Par ailleurs, il aurait fallu que tous les personnages que tu cites figurent dans la phrase qui commence par « massés », c’est une simple question d’usage bien entendu, on comprend ton propos mais ce n’est pas « correct ».
En ce qui concerne la taille du garçon, à 12 ans les garçons mesurent 1m45, et donc presque la même taille qu’une « femme de petite taille » en n’ont pas le nez sur ses seins.
Ce que tu dis de ce que vivent les femmes dans les lieux publics n’apparaît pas vraiment, on a plus l’impression que le narrateur est lui aussi impressionné par ses avantages, d’autant plus qu’elle a l’air assez à l’aise, « captivant » les vieillards et un peu moqueuse même pour le garçon qui le prend très bien.
Enfin, si j’ai bien compris ce que fait le narrateur à la fin, il me semble qu’il faut que tu explicites mieux les choses : ne pas suivre quelqu’un qui vous le propose pour vous guider donne une impression d’impolitesse, et on comprend mal pourquoi le garçon ne s’en rend pas compte et poursuit son chemin.

Dans toutes ces remarques je voulais te proposer le regard du lecteur, qui est si difficile à trouver quand on est l’auteur. C’est pourquoi j’ai toujours été bien contente d’avoir ce retour quand j’écris.
Ton texte est très intéressant, et encore plus depuis que tu as explicité ce que tu cherches à y dire, mais il me semble qu’il faut l’étoffer un peu.
Et, encore une fois, les étrangetés, le trouble, il faut que ce soit délibéré et qu’on le sente, cela ne peut pas coexister avec des maladresses ou des impropriétés car l’œil du lecteur met alors tout dans le même panier.

ceci dit

par seyne, dimanche 13 octobre 2019, 13:22 (il y a 1656 jours) @ seyne

...il est bien possible que gênée par une ou deux choses au début je me sois mise à pinailler, désolée.

Le garçon d’ascenseur

par Soledad, lundi 14 octobre 2019, 05:36 (il y a 1655 jours) @ seyne

D'accord, merci pour tout ça. Néanmoins, que le français ne soit pas ma langue maternelle ne doit pas être une excuse pour écrire n'importe quoi. J'y tiens...

Le garçon d’ascenseur

par Soledad, dimanche 13 octobre 2019, 05:04 (il y a 1656 jours) @ seyne

Ah!!! Je viens de comprendre ce que tu veux dire par pièces et portes... Dans les hôpitaux indiens, les chambres sont souvent ouvertes, les cabinets aussi, j'ai même traversé un bloc opératoire en pleine intervention chirurgicale. Je ne voyais pas où était le problème...

Le garçon d’ascenseur

par seyne, dimanche 13 octobre 2019, 10:53 (il y a 1656 jours) @ Soledad

non, c’est parce que longer a plutôt le sens de « suivre dans la longueur », que ce soit pour caractériser un déplacement (je longe la voie ferrée) ou pour signifier que deux éléments allongés sont situés côte à côte comme par exemple une route et une rivière ou un chemin et un mur.

Le garçon d’ascenseur

par sobac @, samedi 12 octobre 2019, 12:22 (il y a 1657 jours) @ soledad

je renvois l'ascenseur n'étant pas censeur ( enfin j'ai une sœur)
c'est un endroit tellement usuel qu'il faut s'attendre a voir la vie surgir de toute part ainsi que les situations cocasses ou non

garçon d'ascenseur voire groom en palace

belle description

Le garçon d’ascenseur

par Soledad, dimanche 13 octobre 2019, 04:58 (il y a 1656 jours) @ sobac

Merci pour la fraîcheur de ces jeux d'esprit des mots.