BRUIT BLANC

par d i v, samedi 02 novembre 2019, 16:07 (il y a 1627 jours)

On m’envoie des miroirs cassés
Je ressentais la douleur de l’autre
La sensibilité c’est bien et c’est pas bien
La sensibilité c’est comme une malédiction
On a des boutons on a de l’eczéma
Elle m’a donné un produit pour stopper ça
Ça faisait peur
Car on sait que tout se passe sous la peau
C’est horrible parce qu’on a envie de gratter
La peau c’est une ceinture une barrière un phare
J’avais bien capté ça
La famille
Qu’on m’aimait pas
Les non-dit
Le paranormale
Mon cœur saigne abondamment
Mais cela ne se voit pas
J’ai une hyper sensibilité
La tempérance
Je suis du troisième décan
La maison affective
Une sous-merde comme un acte de résistance
C’est assez violent
Ne mets pas ça

Plus haut
C'est comme si j’étais une pute
Je suis le fruit de ça
La nudité
Je suis la fille la plus grande
Ça pèse sur la balance
Ça s’appelle l’expressivité
Je vois toute ma vie qui défile
Je n’aime personne et personne ne m’aime
Allez c’est fini
Bruit blanc sucre mordre
Des électro choques de la pornographie
C’est toujours une histoire de rejets
Tu veux m’entendre pleurer
Scalpel
Oh peaux mortes
Eau qui monte
C’est violent c’est comme si c’était un viol
Vague vagin
Ejac
Ulation
Folle étoile perdue dans ta main pour écrire le mot
Sable
Alors attend
Je vais te dire quelque chose
De doux dans la cicatrice
Ce n’est pas que dans le bonheur que j’écris bien
Elle garde toujours sa langue pour me parler
Comme une maladie dans la lumière
L’amour sera toujours absent
On retourne la plaie
Comme une pulsion d’écriture
Vive
J’en reviens à moi-même
Des épices des trucs comme ça
Ce sont les femmes qui émettent un rejet
On n’en revient toujours au médicale
A l’anatomie
Queue
Tout ça c’est la vérité
500 grammes
Et puis c’est la chute
Une carence affective
La piqûre de rappel
Le matin je suis morte dans vos bras
Comme un aigle
L’Atlas du poids du monde sur mes épaules
Une personne comme moi
Qu’est-ce qu’elle peut ressentir
Dans une maternité qui n’est pas là
Je suis qui maintenant pour Vous parler comme ça
Gueule un cou
Désir pas désir
Nullité
Je suis la seule personne qui pense à moi
C’est la forme et pas le fond
Mais pourquoi je vous dis tout ça
De ce qui est intimement lié
C’est la mort
Qui conjugue le futur
Comme une inscription funéraire
L’émotion il faut la respecter
Je suis une stance de poésie
La langue française je la connais
Mâle
Ça m’a donné beaucoup de distance
On ne sait plus si on est beau si on est moche
Je n’arrive plus à m’inscrire
Dans une aucune case
C’est un appel au secours
J’ai soigné des gens
Je suis un div
Est-ce que tu sais ça
Le chocolat ça fait grossir
Il est trop tard pour aimer
Moi ce qui me fait peur c’est NOEL
Il y a le moi intime
En édition la femme
Je me demande si ma mère va me demander si ça va
Bien
Comme des coups de poings dans le ventre
Pour avoir un semblant de réponse
Moi je suis traumatisée
Les chrétiens
Il y a quelque chose en moi d’universelle
Une force supérieure
Une énergie le soir
Pour te baiser ou rompre
Je ne sais plus
Rien du tout
Une date charnière
Je n’ai pas ce que je veux
C’est ça qu’il faut comprendre
Une seule personne a plus de pouvoir que le groupe
Ma vie sentimentale en est l’unique raison catastrophique
Je pense bête comme un animal blessé qui a peur
d'Etre
et Vous
Quand est-ce que je vais avoir des enfants
Pour m’enlever des certitudes
Je cherche un équilibre
Un être nouveau
D'être mère
Mon cul
Progressivement
Je n'arrive à rien
Du trou
Mais je suis triste
Heureuse
Alors on mangera quelque chose dans le livre
Ou tout est mou
Sous la langue
Le bonheur quand je parle d’un visage
Dans un miroir inversé
Je passe
J’avais écrit un jour
Je suis en retard
J’adore aller à la messe
J’adore NOEL
Quand est-ce que je vais revenir chez moi
Mon véritable ami
Quand on est dans la nuit
Est-ce qu’on est dans le présent
Quand on parle
Trois mois
6 mois
Un an que je fais ça
Dans tes sexes qui ont la gueule ouverte comme des rochers à peine visible
A plat
Je vais encore me retrouver toute seule en été
On me tuyaute la bouche
J’entends des enfants parler
Dans les bouches d'aération
On a envie de vivre
On a envie de vivre et de me tuer
A la corde il faut que je pleure
Que j'aille vite
Je ne mens pas
Ce n’est pas du théâtre
Ni de la fiction
Est-ce que je peux faire pipi dans ta bouche
Quand la merde sera le commencement de tout
Je le sais je me supprimerai dans un bois
Le pire c’est d’être confronté à la falaise
A ses mains dans un visage
A la pierre angulaire
Du coude dans l'estomac
Qui fait mouche
A chaque fois
J'ai une FiN
Bleue

BRUIT BLANC

par seyne, dimanche 03 novembre 2019, 09:20 (il y a 1626 jours) @ d i v

impression d'une explosion, silencieuse et au ralenti mais qui projette en tous sens, comme des fragments de béton ou de plâtre, tout ce qui a construit ou empêché l'amour.
et apparaît cette fille douloureuse, sa plainte qui renvoie aux deux premiers vers, ou peut-être à la question de l'identité profonde, elle aussi perdue.

la beauté du texte vient de son halètement, de sa destructuration, et de la douleur qu'il met violemment à nu, mélange d'une langue naïve et enfantine et d'images étonnantes.

BRUIT BLANC

par dh, dimanche 03 novembre 2019, 13:09 (il y a 1626 jours) @ seyne

oui, c'est assez fascinant.

je retiens cette phrase que je fais mienne :

Ce n’est pas que dans le bonheur que j’écris bien.

BRUIT BLANC

par dh, dimanche 03 novembre 2019, 13:38 (il y a 1626 jours) @ dh

et c'est un texte "schizophrénique". certains énoncés se rapportent à l'auteur, d'autres à un personnage fictif. ( mais n'est-ce pas un peu toujours le cas ).

BRUIT BLANC

par d i v, mardi 05 novembre 2019, 09:11 (il y a 1624 jours) @ dh

c'est toujours le cas, il y a toujours une double transparence, un esprit caché derrière l'épaule, quelqu'un qui est là et qui ne dit rien, qui laisse faire, c'est tellement fait de choses la construction d'une route...

BRUIT BLANC

par Soledad, lundi 04 novembre 2019, 07:08 (il y a 1625 jours) @ d i v

Mon premier commentaire n'est pas passé, sans doute une mauvaise manip.

J'ai relu plusieurs fois le texte pour chercher un fil conducteur à cette succession de mots, d'aveux, de confidences, de sensations.
Au bout de plusieurs lectures, ce dialogue interne a pris du sens et m'a rappelé les témoignages de celles et ceux qui ont connu un état de mort imminente et qui ont vu défiler devant eux l'histoire de leur vie en accéléré et pas seulement l'anecdote, mais aussi les sensations qui s'y rattachent.
Ici c'est comme si le personnage revivait des moments fortement marqués par le sentiment amoureux ou le manque d'amour.
Ce texte parle aussi d'intensité, cette capacité plus ou moins développée de ressentir les émotions liées à un événement, une situation. Capacité créatrice et source de souffrance.
Il parle aussi de l'envie parfois plus forte que la vie elle-même d'y mettre fin.
Les phrases plus ou moins courtes relèvent les faits marquants, parfois synthétisés par un seul mot.
Du coup cette espèce d'auto confession, de dialogue interne, avec parfois des mots très crus, des mots que l'on garde habituellement pour soi, prend une ampleur universelle que je trouve intéressante.
Je n'ai pas réussi à comprendre s'il s'agissait d'un partage intime d'un homme ou d'une femme. Ce flou contribue aussi à l'universalité du texte.
J'ai bien aimé, même si ce n'est pas le genre de texte qui me donne le plein d'énergie pour la journée et qui demande de la disponibilité mentale et à être dans certaines conditions de lecture ...
Merci

BRUIT BLANC

par d i v, mardi 05 novembre 2019, 09:07 (il y a 1624 jours) @ Soledad

un état de mort imminente // c'est pas mal ça, ça me plait, il y a un sens inné dans cette phrase...

BRUIT BLANC

par 411, lundi 04 novembre 2019, 11:18 (il y a 1625 jours) @ d i v

Vraiment pas mal. C'est effectivement bourdonnant comme un bruit blanc. Bouillonnant. Ca va très vite et ça déroule et ça déroule. Des images parfois fortes. Oui, vraiment, j'aime bien.