sur les silences - 239-263
239. si le dialogue est la condition de la parole humaine (est parole humaine celle qui entre dans le dialogue
-sinon : chant pleur cri murmure voix)
240. la poésie travaille à la bordure : où la parole n'est pas encore entrée dans le dialogue
elle n'était pas encore parole humaine cette parole inouïe
241. pourtant nous avons besoin d'un monde
le monde : ce qui se mesure à la portée de la voix des poètes
portée de voix formant cercle de témoins
portée dans les mémoires
cette lente flèche
242. un monde et pas une armée silencieuse
243. si les poètes sont causes de la création du monde ils l'ont vu naître du chaos
Dieux et Déesses tenant le monde et le chaos dans leur distance
244. car ce n'est pas le même que séparer le monde du chaos et séparer le monde des terres barbares
ce n'est pas la même bordure pas le même centre ni le même art de la guerre
245. car séparer le monde du chaos est toujours inachevé
246. car le monde n'est pas complètement enclos en des limites
il ne repose pas en son centre
247. le monde n'est pas seul au monde là est la difficulté
248. impossible d'avoir une vue sur le chaos
et d'en rien dire c'est vrai
249. à moins d'avoir des yeux de Dieux et de Déesses
250. leur langue
251. langue des Dieux et des Déesses : le dernier né avait cent bras cinquante têtes et des flammes au milieu du front il parlait tantôt d'une voix de miel il formulait l'ineffable tantôt il mugissait comme un taureau ou tonnait comme les montagnes il jappait aussi comme des petits chiens
252. tantôt il poussait des cris insonores et blêmes
253. à la parole du dialogue revient le commentaire du monde et à la frange du dialogue : des voix bègues surgissant du chaos et pleines d'idiotie
c'est que nous ne nous sommes jamais arrachés à l'ignorance
254. il n'y a pas d'énoncé du Juste
il n'y en a pas dans une langue humaine
255. nous parlons autour de ce manque
256. ou bien nous tuons pour ignorer ce manque
257. des Dieux ont changé de visage et ne portant plus l'ombre du chaos ils ont désigné des ennemis
258. de leurs yeux trop clairs
259. qui a fait ces dieux-là ?
260. qui a percé leurs yeux de marbre ?
261. pourtant si l'on peut glisser d'un silence à un autre – et personne n'en sera maître- il n'est pas certain que tout puisse se résoudre en dichotomies : le plein et le vide le blanc et le noir le doux et le cruel le haut et le bas etc
262. le sein et l'oreille
silences roses
263. il n'y a pas de cercle chromatique des silences
-sinon : chant pleur cri murmure voix)
240. la poésie travaille à la bordure : où la parole n'est pas encore entrée dans le dialogue
elle n'était pas encore parole humaine cette parole inouïe
241. pourtant nous avons besoin d'un monde
le monde : ce qui se mesure à la portée de la voix des poètes
portée de voix formant cercle de témoins
portée dans les mémoires
cette lente flèche
242. un monde et pas une armée silencieuse
243. si les poètes sont causes de la création du monde ils l'ont vu naître du chaos
Dieux et Déesses tenant le monde et le chaos dans leur distance
244. car ce n'est pas le même que séparer le monde du chaos et séparer le monde des terres barbares
ce n'est pas la même bordure pas le même centre ni le même art de la guerre
245. car séparer le monde du chaos est toujours inachevé
246. car le monde n'est pas complètement enclos en des limites
il ne repose pas en son centre
247. le monde n'est pas seul au monde là est la difficulté
248. impossible d'avoir une vue sur le chaos
et d'en rien dire c'est vrai
249. à moins d'avoir des yeux de Dieux et de Déesses
250. leur langue
251. langue des Dieux et des Déesses : le dernier né avait cent bras cinquante têtes et des flammes au milieu du front il parlait tantôt d'une voix de miel il formulait l'ineffable tantôt il mugissait comme un taureau ou tonnait comme les montagnes il jappait aussi comme des petits chiens
252. tantôt il poussait des cris insonores et blêmes
253. à la parole du dialogue revient le commentaire du monde et à la frange du dialogue : des voix bègues surgissant du chaos et pleines d'idiotie
c'est que nous ne nous sommes jamais arrachés à l'ignorance
254. il n'y a pas d'énoncé du Juste
il n'y en a pas dans une langue humaine
255. nous parlons autour de ce manque
256. ou bien nous tuons pour ignorer ce manque
257. des Dieux ont changé de visage et ne portant plus l'ombre du chaos ils ont désigné des ennemis
258. de leurs yeux trop clairs
259. qui a fait ces dieux-là ?
260. qui a percé leurs yeux de marbre ?
261. pourtant si l'on peut glisser d'un silence à un autre – et personne n'en sera maître- il n'est pas certain que tout puisse se résoudre en dichotomies : le plein et le vide le blanc et le noir le doux et le cruel le haut et le bas etc
262. le sein et l'oreille
silences roses
263. il n'y a pas de cercle chromatique des silences