"court poème enfoui"
Le sang bat dans la nuit. Les longues artères de la ville, se sont réprimées dans la gueule, dans le four de l’ennui. Le sang unique emblème, unique critérium de la vie dans l’effacement, le milliers d’étoiles muettes.
Le dos bossu du travailleur s’est tu dans la nuit de la sueur.
Le dos bossu du travailleur s’est tu dans la nuit de la sueur.
"De la beauté"
Comment savoir, si ces femmes brunes aux lunettes noires ont de la consistance ou pas ? Je propose qu’on leur tape dessus, qu’on tape très fort sur ces têtes jusqu’à en extraire la moelle cérébrale. Taper sans scrupules, sans hésitation, faire jaillir des geysers de sang de leur cerveau, taper sur ces têtes pour vérifier si oui ou non elles recèlent ce prétendu mystère. Une fois la tête rabougrie comme un melon sous une armoire, si jamais une âme monalisienne était en sa possession, quelques miasmes sûrement, s’échapperaient de cette tête crevée.
"De la beauté"
J'ai suivi l'envers de ton opération périlleuse Olivier et j'ai fini par trouver cette consistance mystérieuse chez les bruns édentés au regard sombre et dur, et j'ai décidé d'en faire mon repas..
"court poème enfoui"
superbe. cette façon dont les aspérités, les inversions accrochent l'esprit à la lecture :
"la gueule, le four de l'ennui..."
"unique critérium de la vie dans l'effacement..."
"la gueule, le four de l'ennui..."
"unique critérium de la vie dans l'effacement..."
"court poème enfoui"
Très beau et puissant.
"De la beauté"
Celui-ci me fait penser à Lautréamont.
"De la beauté"
A condition de ne pas se prendre pour Maldoror...
"De la beauté"
et moi à la part de haine de l'art.
"De la beauté"
Il est probable que beaucoup d'écrivains, et parmi eux des génies, sont des criminels qui ne passeront jamais à l'acte, sauf celui d'écrire en l'occurrence.
"De la beauté"
Ceux-là ne sont pas seulement cela c'est entendu. Mais ils le sont aussi. L'universalité inclut Judas, le Christ, Hitler, Roosevelt, etc. Donc le criminel aussi...
"De la beauté"
oui, mais c'est à autre chose que je pensais, plus compliqué à exprimer. Comme si l'acte créatif était une sorte de moment de rencontre entre l'amour absolu et la haine absolue.
Je viens de retravailler un vieux poème qui essayait de dire ça :
aimant
on n’y peut rien si on se tourne de ce côté-là
rien n’y fait.
on tapote le cadran et le secoue on lui fait faire des tours
mais boussole en plastique on reste et dès que posée sur la table
elle se remet dans l’axe montrant le pôle avec ses derniers ours blancs
errants dérivants et ses dernières glaces
l’endroit où on n’ira pas
teintes pâles vertes presque vénéneuses violets clairs gris plombés et l’eau lisse
comme huileuse et le trou dans la glace
et une vague lueur de soleil le trou sous lequel nage
encore entier, un phoque gris.
puisqu’on est là, agenouillé avec le harpon
on voit ses mouvement si lisses, lents, et la splendeur de sa fragilité il rêve
il vous porte dans son cerveau d’animal, ne s’éloignera pas
même s’il fait un cauchemar de vous un cauchemar de chasseur seul
au bord du trou dans la glace harpon bien tenu dans la main droite ou gauche
qui ne pense pas
au moment où il le lancera
la glace changera de couleur.
objet sans valeur
boussole
sous le ciel nous sommes
agenouillés au bord de ces trous-là
car il n’y a personne qu’on puisse
tenir tout le temps dans ses bras.
Je viens de retravailler un vieux poème qui essayait de dire ça :
aimant
on n’y peut rien si on se tourne de ce côté-là
rien n’y fait.
on tapote le cadran et le secoue on lui fait faire des tours
mais boussole en plastique on reste et dès que posée sur la table
elle se remet dans l’axe montrant le pôle avec ses derniers ours blancs
errants dérivants et ses dernières glaces
l’endroit où on n’ira pas
teintes pâles vertes presque vénéneuses violets clairs gris plombés et l’eau lisse
comme huileuse et le trou dans la glace
et une vague lueur de soleil le trou sous lequel nage
encore entier, un phoque gris.
puisqu’on est là, agenouillé avec le harpon
on voit ses mouvement si lisses, lents, et la splendeur de sa fragilité il rêve
il vous porte dans son cerveau d’animal, ne s’éloignera pas
même s’il fait un cauchemar de vous un cauchemar de chasseur seul
au bord du trou dans la glace harpon bien tenu dans la main droite ou gauche
qui ne pense pas
au moment où il le lancera
la glace changera de couleur.
objet sans valeur
boussole
sous le ciel nous sommes
agenouillés au bord de ces trous-là
car il n’y a personne qu’on puisse
tenir tout le temps dans ses bras.
Le sourire de la mère est comme la peur
"L’aimant fait venir à lui spontanément les minuscules débris de fer, de cobalt ou de chrome. L’aimant est comme le sourire de la mère. Le sourire de la mère entraîne sur-le-champ l’imitation d’un retroussis de lèvres sur la face de l’enfant. Le sourire de la mère est comme la peur : dans la peur la contagion s’appelle panique. Nous sommes tous, dès le surgissement, avant le surgissement, dès la plus extrême enfance, avant la naissance elle-même totalement mimétiques, aussi reproducteurs que nos mères l’ont été pour nous faire. Nous sommes tous totalement paniqués. La musique est comme le sourire panique. Toute vibration qui approche le battement du cœur et le rythme du souffle entraîne une même contraction, aussi involontaire, aussi irrésistible, aussi panique. […] Nous sommes tous sans résistance à l’égard de la panique (la pierre panique, le sourire de la mère magnétique, le pôle panique, la boussole mentale.)" ---> La Haine de la Musique, p. 53-54, Pascal Quignard
oui !
c'est ça, merci beaucoup mariestein.
c'est drôle, au même instant j'étais en train de lire (c'est difficile) un échange entre Boris Wolowiec et Philippe Jaffeux où il est question de la rencontre karmique, qu'on peut vivre avec toute personne (ou être), du bébé au grand vieillard...c'est un peu un lieu commun mais de temps en temps un lieu commun devient comme un immense espace ouvert, presque un trou.
c'est drôle, au même instant j'étais en train de lire (c'est difficile) un échange entre Boris Wolowiec et Philippe Jaffeux où il est question de la rencontre karmique, qu'on peut vivre avec toute personne (ou être), du bébé au grand vieillard...c'est un peu un lieu commun mais de temps en temps un lieu commun devient comme un immense espace ouvert, presque un trou.
oui !
J'avoue, je comprends pas toujours Quignard mais là il me semblait que le lien avec ton texte était flagrant.
Et j'ai quand même saisi quelque chose depuis ce texte, c'est que la pensée qui progresse par analogie -celle de Quignard dans beaucoup de ses démonstrations- n'est pas moins convaincante que la pure logique. Elle se situerait entre la raison raisonnante et le délire. Elle aurait donc des similitudes avec l'intuition, ou une certaine forme de perception appelée "poétique", ou "métaphorique".
Et que l'éternelle opposition entre science et poésie, posant l'une comme seule fiable appréhension et compréhension du monde et l'autre comme foutaise de doux dingues, est erronnée.
(Ce sont peut-être des évidences que je dis là, je n'ai certes pas la hauteur d'esprit des participants de ce forum :-))
Et j'ai quand même saisi quelque chose depuis ce texte, c'est que la pensée qui progresse par analogie -celle de Quignard dans beaucoup de ses démonstrations- n'est pas moins convaincante que la pure logique. Elle se situerait entre la raison raisonnante et le délire. Elle aurait donc des similitudes avec l'intuition, ou une certaine forme de perception appelée "poétique", ou "métaphorique".
Et que l'éternelle opposition entre science et poésie, posant l'une comme seule fiable appréhension et compréhension du monde et l'autre comme foutaise de doux dingues, est erronnée.
(Ce sont peut-être des évidences que je dis là, je n'ai certes pas la hauteur d'esprit des participants de ce forum :-))
oui !
mais si mais si :)
(moi je n'ai jamais rien lu de Quignard, ni d'aucun philosophe d'ailleurs...j'en ai honte mais je n'y arrive pas).
c'est vrai, j'aime beaucoup le type de pensée qui dit : "tiens, ça me fait penser à ..." : faire le tour de la montagne pour en saisir tous les aspects plutôt que de démarrer piolet en main. Mais les deux ont leur efficacité pour la connaître.
je dirais que la philosophie c'est plutôt piolet à la main, la poésie faire le tour, et la psychanalyse creuser un tunnel en examinant les couches géologiques.
(moi je n'ai jamais rien lu de Quignard, ni d'aucun philosophe d'ailleurs...j'en ai honte mais je n'y arrive pas).
c'est vrai, j'aime beaucoup le type de pensée qui dit : "tiens, ça me fait penser à ..." : faire le tour de la montagne pour en saisir tous les aspects plutôt que de démarrer piolet en main. Mais les deux ont leur efficacité pour la connaître.
je dirais que la philosophie c'est plutôt piolet à la main, la poésie faire le tour, et la psychanalyse creuser un tunnel en examinant les couches géologiques.