Le petit prince en mode punk trash, hip-hope

par kelig, vendredi 17 juillet 2015, 12:40 (il y a 3419 jours)

Il est revenu, alléluia. On l'a vu un peu partout, mais pas comme il faut. Il n'était pas content du tout, il était en sacrément rogne même... Son conte c'est de la merde, répétait-il en boucles blondes, pas Kirikou. Sa gerbe de fleur à misère puait le pot pourri, disait-il aussi. Et l'amitié avait le goût du renfermé, des faux-semblants et de la trahison, à l'eau de rose. On l'a vu passer par tous les états, toutes les formes, toutes les couleurs. Il en a côtoyé du monde, mais il se trouvait has-been et tricard. Il voulait faire la peau à son auteur, il haïssait son créateur, le traitait de menteur et d'hypocrite, avec une imagination à la con. C'était insupportable de l'entendre ainsi blasphémer, infamant, honteux ! Il se sentait seul comme c'est pas permis – mais c'était de sa faute, il avait qu'à pas quitté sa fleur tellement aimable - même si elle était artificielle, évidemment, elle était jolie tout de même pour l'éternité.... L'amour lui filait des boutons et des torticolis. Il avait grandi avec des épines dans son esprit, était piquant de partout, terriblement incarné. On l'a vu avec son serpent, il le tenait autour de son bras et de son cou, comme s'il sortait de lui, fallait pas l'approcher de près il était venimeux comme un cobra. Il a beaucoup bu aussi, s'est arrêté pour cause de déboires mais à continué à fréquenter des ivrognes, des toxico et des malades mentaux, et des étrangers même beaucoup ça pouvait plus durer on l'a enfermé il était trop marginal. Dans une boîte en bois avec plein de boîtes autour pour ne pas qu'il s'échappe et qu'il répande des mauvaises humeurs, des mauvaises nouvelles pleines de crasse. On a bien essayé de le ranger, de le remettre à sa place, dans l'ordre des choses, dans l'univers imaginaire consensuel, mais son caillou c'était des clous, disait-il, il n'aimait que la lune. On l'a traité comme un mouton noir, il le méritait. Il a mal fini, on l'a chassé comme un renard. Il parlait trente-six langues – il avait beaucoup voyagé : on lui les a coupées une par une pour qu'il se taise enfin. Un coup il est parti dans le désert puis on l'a plus revu. Bon débarras ! Ca a soulagé tout le monde, le monde s'est enfin senti libéré de sa pesanteur. Mais alors comme ça a fait un vide d'illusion, parce qu'on l'aimait tant tant qu'il était loin, seul et suicidé... On en avait besoin pour continuer à croire aux illusions universelles.

Le petit prince en mode punk trash, hip-hope

par 411, vendredi 17 juillet 2015, 16:56 (il y a 3419 jours) @ kelig

J'ai aimé ce détournement, cette vision hardcore de l'innocence, et la déchéance du petit blond que tout le monde trouve mignon. Sa colère envers son créateur, aussi. Son fardeau d'être aimé de tous alors que lui-même se trouve "tricard", "has-been" Le texte m'a plu d'autant plus peut-être, qu'il a trouvé écho en moi. Et que je me suis vu entre les lignes, ce que, je pense, d'autres que moi éprouveront. Bref. C'est du bon, y'a une belle matière dans le langage. Sisi la famille.

Le petit prince en mode punk trash, hip-hope

par kelig, samedi 18 juillet 2015, 07:44 (il y a 3419 jours) @ 411

Je m'y retrouve dans ce que tu dis, peut-être sommes-nous nombreux à nous sentir- du moins en partie petit prince victim.
Merci de ton commentaire.
Il se trouve que ce maudit conte est le livre favori de ma môman.

Mon second est essentiellement subjectif...




Au fil d'un conte indicible, "pauvre" petit prince à l'épreuve de la réalité après s'être pris de sacrées claques dans la vie



Aux chuchotements de comptines à l'oreille enfantine
abandonnée au sommeil d'Etrelles de la Gérardière
à la résurgence d'une voix magique d'autrefois, enfouie à la source du temps
sous les pierres de mousses.

Etrange conte à dormir debout, hors véracité, laissant empreintes d'émotions nostalgie et regrets... Adieu vat !
Allant d'illusions en fausses voies, tellement solitaire imaginaire, tellement suicidaire, et désincarné mais bon sang - cueille-la cette foutue rose offre-la à qui tu aimes pour de vrai et pour de bon !

Au lit des songes été, en blé fané, à travers des chevauchées en friche
marchant de sable ocre à la compagnie lucioles, petit à petit pas grandi avec les épines
au cœur comme une antilope galope.

La nuit au ciel étincelle au miroir des dunes
un désert à feu d'étoiles - une d'elle éteinte en cendres intimes sur des sables infimes filant
à la traversée des années où transpirent les pierres sous des prières dites de croire
à présent, ouvert jusque la chair, au présent offert.

Mains tenant colorient au visage
un petit sacrément sauvage
détourné du jardin suspendu - un tier de ma pomme d'Eden
fleuri aux essences de kerguelven
tombées en crues remontée en amazone
renée un printemps recueilli sur une feuille familière
prise de la graine des plantes savanes en couleur de fleurs
sur des terrains vagues de vers où les sourires de souris
courent dans l'herbe vert en chaussons à trous qui chansonnent.

Pans de vie rougie (toute une histoire de grotte) quand un éléfaon – mammouth – grimpa à la tige du sol
mine perlée de rouge tombant nez-à-nez sur un hippopotame ohlala
par une espèce d’hippocampe d'eau douce a cru à l'épine de vie. Charnel.
Histoire d'amouur improbable achevée en calamité, en dents de scie dévitalisées arrachées, tombée à l'eau marécageuse où je faillis me noyer.


Tandis que le poisson rouge - encore - tournant dans son bocal a rejoint la marre et d'autres copains dans le jardin - le poisson à feue marraine en nage libre.

Je brode à ma manière aux coups de fil blancs un pull de laine, des couvertures et des écharpes. Merci maman, mamie et marraine. Oui j'ai aussi mes côtés fiille. Et si froid l'hiver quand je suis seul.

Respire la caresse blonde du vent du monde petit à tes épis de blé
des pétales fragiles coulent les gouttes de puits au calice
à l’intérieur dore le pollen de flous rires
un nectar de souvenirs en nage
où s’essaime l’abeille à fleur de chardon
pistil à fleur de nos peaux écloses.

Et va maintenant, mignonic, refile jouer au ballon avec les copains et copines ! Et fais la passe à tes frères.
Feunten ar plijadur, à la fontaine du plaisir.