une araignée au plafond

par julienb @, mercredi 12 août 2015, 12:05 (il y a 3393 jours) @ little raven

Dans la nuit je crus être éveillé – mais en réalité je dormais encore et ce qui suit est le rêve que je fis – par un infime bruit un peu mat, comme celui d’une chose petite et molle mais compacte qui serait tombée sur mon lit. Dans l’obscurité je n’y prêtai guère attention, désireux de plonger à nouveau dans la torpeur du sommeil et des songes. Mais bientôt le même phénomène se produisit de nouveau, et il me sembla que cette fois-ci quelque chose s’était posé tout prêt de mon visage, peut-être sur mes cheveux. Je palpai ma figure, mon front, mon crâne : rien, si ce n’est la confuse moiteur du dormeur au cœur des nuits un peu poisseuses. Achevant de m’éveiller, l’oreille aux aguets, j’entendis faiblement mais distinctement un minuscule bruissement au-dessus de moi. Je me levai mollement et allai presser l’interrupteur. La lumière jaillit comme de son fourreau la lame d’une épée, et l’éclair me brûla les yeux. Tout ébloui, faisant écran de ma main ouverte comme face au soleil, je levai la tête vers l’aplomb de mon oreiller. Quelques fissures dans le plâtre blanc. De rares vestiges filamenteux de toiles d’araignée bercés lentement par l’air lourd de ma chambre. Enfin, une petite araignée noire et ronde dont j’avais d’abord pris la tache immobile pour un défaut de ma vision engourdie. Je la fixai quelques instants. Imperturbable, peut-être en faisait-elle autant ? Mais bientôt lassé de ce petit jeu, les paupières lourdes, j’éteignis le plafonnier et regagnai à tâtons le cours de mon sommeil.
Des rêves particulièrement tenaces s’enchevêtrèrent dans mon esprit tout le reste de la nuit.
Je m’éveillai la tête lourde et douloureuse. Le sang battait à mes tempes. Un poids oppressait ma poitrine et entravait l’amplitude de ma respiration. Je voulus porter la main à mon crâne, mais une étrange paralysie retenait mon bras. Je sentis alors qu’un réseau de fils gluants courait sur mon corps, le ligotant intégralement ; et à mesure que le jour filtrait à travers les rideaux tirés se dessinait devant mes yeux grands ouverts la texture diaphane de la toile qui me recouvrait. De très fines pattes noires s’agitèrent alors, minuscules, au coin de mon œil. La petite araignée courait sur mon visage et sur mes paupières désormais appesanties, achevant de tisser ce cocon qui m’emprisonnait comme un linceul, et qui serait bientôt mon cercueil.

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