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( en attendant Love )
il y a ce train, tu vois, il passe tous les jours aux mêmes heures. je ne me demande jamais ce qu'il transporte ni où il va. je l'entends passer. je l'entends passer pendant que je fais la vaisselle. le train siffle. je siffle aussi, les mains dans l'eau. il y a ce train, tous les jours. je voudrais monter dedans. partir. aller vers la mer que je ne vois jamais. j'ai les mains dans la mousse et je rêve de la mer, l'eau coule et je chante tout ce qui me passe par la tête et puis je me retrouve les yeux trempés d'eau salée, pour un rien, un train qui passe et s'en va, la mer que je ne vois jamais.
j'ai élu domicile dans mon lit. mon lit est une île. une île entourée d'une mer de littérature. les titres s'empilent et se montent les uns sur les autres et puis un jour une grande vague bruissante dégouline. tout s'écroule. c'est admirable. admirable tous les livres fermés et ouverts éparpillés pêle mêle cachant les lattes de bois blond du plancher et les draps gris acier, les draps défaits, en plein milieu de toutes ces pages ni tout à fait noires ni tout à fait blanches, admirable, les milliers de fils des draps cousus et tous ceux des livres. et moi,je contemple mon île, appuyée contre le mur, toute décousue.
il n'y a pas de chat dans ma maison. le chat c'est moi. je suis le chat de ma maison. je regarde les heures glisser par la fenêtre, les rais de lumière, les ombres dansantes. je regarde de petites choses, des choses simples. puis je m'en vais. je passe lentement entre deux faims, et j'attends la nuit. la nuit que j'épie. j'ai l'air de rien, comme ça. j'ai l'air tranquille ou paresseuse, pourtant je ne le suis pas. je pense tant de choses que si je pouvais le dire aucune nuit ne suffirait. alors je me tais. j'attends. occupée j'attends.
le soir j'emplis la carafe d'eau fraîche et la pose sur la petite table ovale et rouge. je me dis toujours que j'aurai ce qu'il faut pour la nuit. pourtant je ne me verse jamais l'eau à boire ou si je la verse je ne la bois pas. je suis une assoiffée qui ne bois pas. comme une hidalgo dans le désert, je traverse les nuits. mes rêves sont surpeuplés et me poursuivent de longues minutes au réveil, aussi je dors le moins possible. ce qui fait que je suis aussi une assoiffée de sommeil. une assoiffée. je ne sais toujours pas quelle eau étancherait cette soif qui me tient.
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il y a ce train, tu vois, il passe tous les jours aux mêmes heures. je ne me demande jamais ce qu'il transporte ni où il va. je l'entends passer. je l'entends passer pendant que je fais la vaisselle. le train siffle. je siffle aussi, les mains dans l'eau. il y a ce train, tous les jours. je voudrais monter dedans. partir. aller vers la mer que je ne vois jamais. j'ai les mains dans la mousse et je rêve de la mer, l'eau coule et je chante tout ce qui me passe par la tête et puis je me retrouve les yeux trempés d'eau salée, pour un rien, un train qui passe et s'en va, la mer que je ne vois jamais.
j'ai élu domicile dans mon lit. mon lit est une île. une île entourée d'une mer de littérature. les titres s'empilent et se montent les uns sur les autres et puis un jour une grande vague bruissante dégouline. tout s'écroule. c'est admirable. admirable tous les livres fermés et ouverts éparpillés pêle mêle cachant les lattes de bois blond du plancher et les draps gris acier, les draps défaits, en plein milieu de toutes ces pages ni tout à fait noires ni tout à fait blanches, admirable, les milliers de fils des draps cousus et tous ceux des livres. et moi,je contemple mon île, appuyée contre le mur, toute décousue.
il n'y a pas de chat dans ma maison. le chat c'est moi. je suis le chat de ma maison. je regarde les heures glisser par la fenêtre, les rais de lumière, les ombres dansantes. je regarde de petites choses, des choses simples. puis je m'en vais. je passe lentement entre deux faims, et j'attends la nuit. la nuit que j'épie. j'ai l'air de rien, comme ça. j'ai l'air tranquille ou paresseuse, pourtant je ne le suis pas. je pense tant de choses que si je pouvais le dire aucune nuit ne suffirait. alors je me tais. j'attends. occupée j'attends.
le soir j'emplis la carafe d'eau fraîche et la pose sur la petite table ovale et rouge. je me dis toujours que j'aurai ce qu'il faut pour la nuit. pourtant je ne me verse jamais l'eau à boire ou si je la verse je ne la bois pas. je suis une assoiffée qui ne bois pas. comme une hidalgo dans le désert, je traverse les nuits. mes rêves sont surpeuplés et me poursuivent de longues minutes au réveil, aussi je dors le moins possible. ce qui fait que je suis aussi une assoiffée de sommeil. une assoiffée. je ne sais toujours pas quelle eau étancherait cette soif qui me tient.
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