Clignements

par zeio @, mercredi 09 septembre 2015, 01:47 (il y a 3366 jours)

Arrivé
sur le seuil de ma demeure
je portais la main à la poche
à la recherche de mes clefs
- à moins que je cherchais autre chose ?-
ma poche était vide
la porte s’ouvrit



Depuis longtemps un livre
posé sur la table d’écolier
- est-il temps ? -



Mon chat
expert en aller-retours
ne déteste rien tant
que les portes closes
et moi
son maître fidèle
je n’aime rien tant
que les lui ouvrir
ce faisant il me semble
que je déploie son univers
- À moins qu’il ne s’agisse du mien -



Quand par degrés successifs
l’imagination comble les déficiences
je me plaît à écouter
la musique produite par un disque dégradé
Les chahuts d’une ville au loin
que la colline atténue
et j’aime observer les existences
à travers les fenêtres
tachées d’anciennes pluies
je perçois ainsi le monde
de loin comme une musique incertaine
que je suis libre de moduler



Comme tous ceux qui portent en eux-mêmes
un esprit promeneur, je n’aime rien tant
que l’immobilité
je traverse les couloirs
les chambres intermédiaires
qui tapissent l’existence
de points en points
à la recherche d’excursions clandestines
entre deux trajets



Chaque jour je me rappelle à nouveau
de ce que je ne cesse d’oublier
et je poursuis en secret
comme une libellule itinérante
une lueur que je n’ai jamais vu

Clignements

par Ecrire, jeudi 10 septembre 2015, 09:09 (il y a 3364 jours) @ zeio

"Comme tous ceux qui portent en eux-mêmes
un esprit promeneur, je n’aime rien tant
que l’immobilité"

On peut se promener en soi tout en marchant. Mais lorsqu'on veut rapporter cette ballade, il faut bien se poser, comme l'oiseau sur une branche, pour mettre une borne à l'infini.

Clignements

par julienb @, jeudi 10 septembre 2015, 09:53 (il y a 3364 jours) @ Ecrire

Ne lui parle pas d'oiseau, malheureux !
Ceci étant, ce (ces ?) poème(s) sont sublimes. Dans leur errance intérieure, intime, ils m'évoquent une sorte d'effacement, d'atténuation de quelque chose, du cri (autre mot banni, aïe !) existentiel sans doute, quelque chose de grave anesthésié, une sorte de camisole chimique, une réalité brouillée par un nuage de phosphènes.

Clignements

par zeio @, jeudi 10 septembre 2015, 17:33 (il y a 3364 jours) @ julienb

Merci à vous deux.
Je ne pense pas qu'il existe des mots bannis (même si je sais que tu dis ça avec humour), disons que certains mots, parfois, prévalent en raison de leur charge poétique, plutôt que leur signification et cohérence.

Un effacement, oui je pense que tu as raison ! Mais peut-être s'agit-il de s'effacer pour atteindre un meilleur point d'observation.

Clignements

par Rémy @, lundi 21 septembre 2015, 02:21 (il y a 3354 jours) @ zeio

(non, rien)

Clignements

par zeio @, lundi 21 septembre 2015, 12:42 (il y a 3353 jours) @ Rémy

C'est à dire ?
Si c'est une dure critique tu peux y aller franco, je ne me vexe jamais en-dehors des heures de repas.
Si c'est une moquerie tu peux y aller aussi de bon cœur.