Au sujet de la rentrée littéraire

Aubergiste, soyez bon et remettez de cette vodka glacée dans le verre de l'ami julienb, voulez-vous ?





..je viens, l'ami, d'un pays qui a tout fait pour exclure, chasser, rabaisser, empêcher la pensée et la question, d'un petit bout de pays sur lequel l'ombre de ce qui s'est appelé les années noires s'étire encore et plane tout en paraissant plus vautour que corbeau, d'un pays où l'intellectualisme n'est utile et récupéré qu'à des fins mercantiles, et où le même traitement est réservé à la philosophie qui autrement est cantonnée aux universitaires, et très vite bannie ou tournée en ridicule dans certaines sphères. sous contraintes, intellectualité, pensée et philosophie ne sont donc jamais que la moitié d'elles-mêmes et se trouvent à ne pouvoir respirer que dans de rares lieux et moments ; mais la banquette arrière d'un taxi leur sied autant qu'un comptoir. où d'autre pourraient-elles se détendre et retirer les masques de prétention? aussi, ces échanges que tu sembles dédaigner, ne leurs témoigne pas de condescendance, ne les juge pas de haut, car la pensée, libre de surcroit, et le lieu libre, du même surcroit, sont des richesses de plus en plus précieuses et rares de par le monde, ce sont de petits grains brillants et noirs, éclatants sous la dent de l'esprit. que cette joie là ne soit jamais ni honteuse ni coupable car c'est par elle que l'homme résiste à tous les bâtons dans les roues que la triste histoire de l'humanité plante à son propre carrosse.

trinquons ! à la joie !

ha !!





La Gouvernance par les nombres
Le sentiment de « malaise dans la civilisation » n’est pas nouveau, mais il a retrouvé aujourd’hui en Europe une intensité sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La saturation de l’espace public par des discours économiques et identitaires est le symptôme d’une crise dont les causes profondes sont institutionnelles. La Loi, la démocratie, l’État, et tous les cadres juridiques auxquels nous continuons de nous référer, sont bousculés par la résurgence du vieux rêve occidental d’une harmonie fondée sur le calcul. Réactivé d’abord par le taylorisme et la planification soviétique, ce projet scientiste prend aujourd’hui la forme d’une gouvernance par les nombres, qui se déploie sous l’égide de la « globalisation ». La raison du pouvoir n’est plus recherchée dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des normes inhérentes à son bon fonctionnement. Prospère sur ces bases un nouvel idéal normatif, qui vise la réalisation efficace d’objectifs mesurables plutôt que l’obéissance à des lois justes. Porté par la révolution numérique, ce nouvel imaginaire institutionnel est celui d’une société où la loi cède la place au programme et la réglementation à la régulation. Mais dès lors que leur sécurité n’est pas garantie par une loi s’appliquant également à tous, les hommes n’ont plus d’autre issue que de faire allégeance à plus fort qu’eux. Radicalisant l’aspiration à un pouvoir impersonnel, qui caractérisait déjà l’affirmation du règne de la loi, la gouvernance par les nombres donne ainsi paradoxalement le jour à un monde dominé par les liens d’allégeance.






je viens de trouver sa conférence, et le livre est disponible à ma librairie, merci beaucoup !