films
par Claire 
, jeudi 21 août 2014, 19:16 (il y a 3750 jours)
Voir des lions attaquer des gens n'est pas sans risque, pas sans brouillage. Ni voir des animaux dans leur coït sous des rires de femmes, ni voir le serpent vomir un chien mort. Tu n'es pas indemne de ce que tu as choisi dans le catalogue. Et ton âme n'est plus cette nappe liquide, qui s'enfonçait toujours sous un ciel nocturne.
Tu ne retrouves plus le geste qu'il avait dans le rêve, de lisser ses cheveux trempés et il n'est plus - n'a pas été - ni dans le passé ni dans un autre pays, ce compagnon muet.
Pourtant le jour naissant fut comme un cocon, où le rêve battait encore, lent, son récit : une plage de l'hémisphère sud, une fête, une nuit longue où errent en groupe ceux que l'amour lâche et serre, une fausse liberté. Trop de cris aigus dans des auto-tamponneuses, tu n'aimais pas ce qu'ils faisaient, le petit vent de dépravation imposée.
Le deuil de tous ceux qui lissent ainsi, d'un geste machinal, leur chevelure en arrière, c'est la couleur de cette nuit, brune et chaude, où s'enfonce la lame presque invisible de la mer. Moiteurs, vagues éclairs au loin, fêtes dépassées.
On voit s'éloigner sans bruit les fauves, dans l'obscurité, renonçant.....
qui commande
ce renoncement au spasme de la lutte, de l'égorgement
ce départ ?
Tout marche de ce pas souple vers sa dissolution, et toi qui cherchais encore à saisir le rêve
tu vois s'éteindre lentement son sens, comme balancement d'une queue qui disparaît
dans l'indifférence.
Tu ne retrouves plus le geste qu'il avait dans le rêve, de lisser ses cheveux trempés et il n'est plus - n'a pas été - ni dans le passé ni dans un autre pays, ce compagnon muet.
Pourtant le jour naissant fut comme un cocon, où le rêve battait encore, lent, son récit : une plage de l'hémisphère sud, une fête, une nuit longue où errent en groupe ceux que l'amour lâche et serre, une fausse liberté. Trop de cris aigus dans des auto-tamponneuses, tu n'aimais pas ce qu'ils faisaient, le petit vent de dépravation imposée.
Le deuil de tous ceux qui lissent ainsi, d'un geste machinal, leur chevelure en arrière, c'est la couleur de cette nuit, brune et chaude, où s'enfonce la lame presque invisible de la mer. Moiteurs, vagues éclairs au loin, fêtes dépassées.
On voit s'éloigner sans bruit les fauves, dans l'obscurité, renonçant.....
qui commande
ce renoncement au spasme de la lutte, de l'égorgement
ce départ ?
Tout marche de ce pas souple vers sa dissolution, et toi qui cherchais encore à saisir le rêve
tu vois s'éteindre lentement son sens, comme balancement d'une queue qui disparaît
dans l'indifférence.
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salut claire. je trouve ce texte à la fois très bon et très énigmatique. d'un côté il y a la thématique des lions, de l'autre la description d'une sorte de fête au bord de la mer. comment articuler les deux ? quoi qu'il en soit, c'est une belle écriture.
films
par Claire , vendredi 22 août 2014, 13:51 (il y a 3749 jours) @ dh
C'est un texte pour partager une émotion assez mélangée, comme sont je crois les émotions en général.
Ce qui est sûr c'est qu'il fait référence à un rêve de la nuit précédente, à moitié effacé, dont la douceur et le malaise s'étaient évaporés très vite. C'est aussi le résultat d'une demi-heure d'inaction passée à regarder ce que je ne regarde jamais : des vidéos de youtube montrant des fauves attaquant des gens.... ou autres spectacles tout aussi voyeuristes....émotions d'une "qualité morale" douteuse et dans lesquelles je me suis laissée entraîner et finalement complu.
Bref, j'ai eu envie d'écrire à partir de ce que je ressentais après, ce mélange, sans à priori.
Comme par hasard, tout ça me fait fortement penser aussi à un roman que je viens de terminer de Roberto Bolano : " Les détectives sauvages". Une histoire compliquée de poètes errants, à la fois magnifiques et déchus, et des femmes et des dangers qu'ils rencontrent. La question de la poésie en filigrane.
Je suis en ce moment très intéressée par la façon dont se superposent sans cesse en nous toutes sortes de lambeaux : lectures, films, souvenirs, rêves, pensées, rêveries, sans compter l'essentiel : la réalité qu'on vit à l'instant.
Je pense que tout cela non seulement se mélange, se répond, mais aussi s'organise en une forme de pensée émotionnelle très intelligente et complexe, très vivante. C'est ça que j'ai envie de faire apparaître. Et je crois que rien ne convient mieux que la poésie. Des sortes de collages.
Ce qui est sûr c'est qu'il fait référence à un rêve de la nuit précédente, à moitié effacé, dont la douceur et le malaise s'étaient évaporés très vite. C'est aussi le résultat d'une demi-heure d'inaction passée à regarder ce que je ne regarde jamais : des vidéos de youtube montrant des fauves attaquant des gens.... ou autres spectacles tout aussi voyeuristes....émotions d'une "qualité morale" douteuse et dans lesquelles je me suis laissée entraîner et finalement complu.
Bref, j'ai eu envie d'écrire à partir de ce que je ressentais après, ce mélange, sans à priori.
Comme par hasard, tout ça me fait fortement penser aussi à un roman que je viens de terminer de Roberto Bolano : " Les détectives sauvages". Une histoire compliquée de poètes errants, à la fois magnifiques et déchus, et des femmes et des dangers qu'ils rencontrent. La question de la poésie en filigrane.
Je suis en ce moment très intéressée par la façon dont se superposent sans cesse en nous toutes sortes de lambeaux : lectures, films, souvenirs, rêves, pensées, rêveries, sans compter l'essentiel : la réalité qu'on vit à l'instant.
Je pense que tout cela non seulement se mélange, se répond, mais aussi s'organise en une forme de pensée émotionnelle très intelligente et complexe, très vivante. C'est ça que j'ai envie de faire apparaître. Et je crois que rien ne convient mieux que la poésie. Des sortes de collages.
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oui, belle écriture, elle transporte fait voyager.
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par Claire , dimanche 24 août 2014, 10:18 (il y a 3747 jours) @ Kel
Merci Kel.
Une histoire drôle tirée du bouquin de Bolano :
Un homme se promène dans une forêt galicienne et rencontre une immense foule de 500000 galiciens qui pleurent et gémissent. Il leur demande ce qui leur arrive.
- "C'est parce que nous sommes seuls et que nous sommes perdus."
Une histoire drôle tirée du bouquin de Bolano :
Un homme se promène dans une forêt galicienne et rencontre une immense foule de 500000 galiciens qui pleurent et gémissent. Il leur demande ce qui leur arrive.
- "C'est parce que nous sommes seuls et que nous sommes perdus."