Le bon temps

Il arrivait que l’homme troque ses habitudes habituelles contre des us exceptionnels. Par exemple, une fois l'an, il s’aventurait hors de ses pénates pour alimenter les thromboses automobiles en l’autoroute du soleil. Les envoyés spéciaux nous révélaient des mines réjouies de vacanciers nonobstant les stases prolongées et l'extase différée. Après tout, ce n’était pas la mer à boire et la plage était au bout.

Les mêmes remettaient ça l’hiver. Les caméras nous exposaient leurs mines réjouies coincées dans les congères ou retournées sur le verglas. Ce contretemps circulatoire, les victimes n’en faisaient pas une montagne puisqu’au final les tire-fesses hisseraient leurs miches jusqu'aux sommets.

Pétris d'équité républicaine, les journalistes hexagonaux filmaient aussi des pauvres. Ceux-là, faute de pèse, gardaient les mêmes habitudes en toute saison. Le journal nous les montrait de dos, regardant la télévision qui diffusait des kilomètres de congés payés scotchés au bitume. Les crèves la faim buvaient sans soif en accablant de quolibets les aspirants touristes captifs des encombrements.

Et tout le monde était content.