l'art de ne pas être grand-père

J’ai débattu avec moi-même de questions cruciales. Que faire de ma vie ? Désiré-je une descendance ? Je trouve que je suis encore jeune pour trancher. Ma calvitie n’a débuté qu’à 78 ans, et le viagra fait des miracles. Je plais encore aux filles. Il y a à l’EHPAD pas mal de jolies aides-soignantes aux petits soins, et peu de concurrence masculine. Si je prends en compte la longévité de mes ascendants et l’augmentation de l’espérance de vie due notamment aux progrès médicaux, considérant en outre que je ne me suis pas trop fatigué à travailler ou à élever des enfants dans ma jeunesse, n’ayant en conséquence pas déprimé et peu souffert de la fatigue, je pense avoir sans problème dix à vingt ans devant moi. De quoi profiter de la vie et réaliser pas mal de projets. On ne me demande rien ici, aucune tâche ménagère, et les repas sont servis. C’est vraiment la belle vie. Je ne participe évidemment à aucun des ateliers débilitants qui sont proposés, préférant prendre le bus pour aller traîner dans les cafés, draguer les étudiantes et sortir en boîte. En fait, ces questions importantes qui m’ont effleuré l’esprit tout à l’heure, je pense les différer de quelques années encore. Rien ne presse. J’ai un rencard dans une heure en ville, et il ne faut pas que je me disperse.