Une anecdote
Vous le/la regardez et vous pensez « je rêve » ! Ou « c’est le rêve ». Ou encore "je n’aurais pu rêver mieux !". Quoiqu’il en soit, le rêve s’est accompli. Vous pouvez le toucher. Il résiste. Solide et souple. Troublant. Vous collez votre oreille sur sa poitrine et fermez les yeux. Des sons frémissants montent des profondeurs et viennent crever telles des bulles énigmatiques à la surface sensible de votre perception. Vous ne pensez surtout pas à l’instant qui s’effiloche, à la ponctualité du crépuscule, à la pochette en papier glacé qui contient le billet retour. Vous n'y pensez pas. Pourtant, vous êtes debout. Que cherchez vous dans la penderie ? D'où provient cette lourdeur soudaine du corps ?Maintenant, vous marchez vers la gare. Votre valise vous suit. La fraîcheur traverse votre par-dessus, malgré l'épaisseur du cuir. Le rêve vous accompagne. Ou pas. Cela dépend des saisons, de vos genres respectifs et de vos dispositions réciproques. S'il s'agit d'une femme, vous ne souhaitez pas qu'elle reprenne le chemin inverse dans la nuit, seule. Car l'obscurité, plus encore que le jour, reste un monopole du prédateur. Son terrain de chasse privilégié. Ce soir, vous avez dissuadé la proie. Vous pressez le pas. Il a plu. Ici et là, le sol reflète des portions de lune mauve. Par jeu, vous posez le pied dessus. L'astre prend quelques rides.
Vous tenez une anecdote.
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