vampire ?

Je te rejoins chaque soir, quand la journée de travail se perd dans les brumes de l’insouciance. Je viens à toi, et ta silhouette au loin me fait selon les cas l’effet d’une flamme blanche qui perce la nuit ou d’une lame de couteau leste et brillante. Nous parlons des choses vagabondes qui remplissent nos vies. Je bois une bière, toi rien la plupart du temps, ou à peine quelques gorgées d’une insipide eau minérale. Tu fumes avec élégance deux ou trois cigarettes, contes des anecdotes autour desquelles ta langue s’enroule comme un petit serpent fébrile ; tu ris comme l’eau coule, et ce rire me fascine. Tes yeux gardent en eux la lumière de la nuit qu’ils ont contemplée. On ne va pas au restaurant, ça ne te dit rien, tu n’aimes pas manger. Je me contente d’un sandwich acheté dans la rue – toi tu n’as jamais faim – et nous allons chez moi en général, c’est plus près. Quand tu m’embrasses, tes lèvres, ta bouche ont toujours la fraîcheur du dehors.