nt
par kelig, mardi 10 novembre 2015, 14:34 (il y a 3303 jours)
(...) parole, réchauffe ou mouille
souffle chaud froid
à l'esprit cause à tort et à travers
te traverse
te déshabille
te transperce
attise les sens jusqu'aux sens multiples, touche double
pique la peau, chatouille, caresse
te correspond
te retourne
te verse
te heurte
te fluide
te coupe
te rassemble
t'oxygène
le sang au coeur
au corps te calme
te pénètre
t'accueille
te recueille
mi t'éveille
t'en fait voir
t'en laisse deviner
et vibre
et résonne
telle en échos
t'épèle
t'appelle (...)
souffle chaud froid
à l'esprit cause à tort et à travers
te traverse
te déshabille
te transperce
attise les sens jusqu'aux sens multiples, touche double
pique la peau, chatouille, caresse
te correspond
te retourne
te verse
te heurte
te fluide
te coupe
te rassemble
t'oxygène
le sang au coeur
au corps te calme
te pénètre
t'accueille
te recueille
mi t'éveille
t'en fait voir
t'en laisse deviner
et vibre
et résonne
telle en échos
t'épèle
t'appelle (...)
nt
par kelig, mardi 10 novembre 2015, 15:02 (il y a 3303 jours) @ kelig
Mortel. Sensation d'être vide. Alors pour dire, je serais mort, là. Je n'aurais plus de vie, plus d'énergie, exhalant un ultime soupir. Je serais arrivé au bout des chemins des possibles. Une impasse, des portes closes. A voir. Jeté à l'eau. Avec quelques messages délavés. Pas d'amertume. Espoir ? Que croire. Je ne sais pas rien ni grand chose. Subvenir dans un monde anormal en tous points, à une époque où on tue à se rompre, où il fait nuit même le jour. Par les interstices minuscules filtre un peu de lumière... C'est tout.
Rencontre
par Rémy , jeudi 12 novembre 2015, 20:32 (il y a 3301 jours) @ kelig
J'étais triste et pensif quand je t'ai rencontrée,
Je sens moins aujourd'hui mon obstiné tourment ;
Ô dis-moi, serais-tu la femme inespérée,
Et le rêve idéal poursuivi vainement ?
Ô passante aux doux yeux, serais-tu donc l'amie
Qui rendrait le bonheur au poète isolé,
Et vas-tu rayonner sur mon âme affermie,
Comme le ciel natal sur un cœur d'exilé !
Ta tristesse sauvage, à la mienne pareille,
Aime à voir le soleil décliner sur la mer !
Devant l'immensité ton extase s'éveille,
Et le charme des soirs à ta belle âme est cher ;
Une mystérieuse et douce sympathie
Déjà m'enchaîne à toi comme un vivant lien,
Et mon âme frémit, par l'amour envahie,
Et mon cœur te chérit sans te connaître bien !
(Ch Grandmougin - Poëme d'un jour - Musique de Fauré)
Je sens moins aujourd'hui mon obstiné tourment ;
Ô dis-moi, serais-tu la femme inespérée,
Et le rêve idéal poursuivi vainement ?
Ô passante aux doux yeux, serais-tu donc l'amie
Qui rendrait le bonheur au poète isolé,
Et vas-tu rayonner sur mon âme affermie,
Comme le ciel natal sur un cœur d'exilé !
Ta tristesse sauvage, à la mienne pareille,
Aime à voir le soleil décliner sur la mer !
Devant l'immensité ton extase s'éveille,
Et le charme des soirs à ta belle âme est cher ;
Une mystérieuse et douce sympathie
Déjà m'enchaîne à toi comme un vivant lien,
Et mon âme frémit, par l'amour envahie,
Et mon cœur te chérit sans te connaître bien !
(Ch Grandmougin - Poëme d'un jour - Musique de Fauré)
"Ann" (une rencontre)
par Claire, jeudi 12 novembre 2015, 22:38 (il y a 3301 jours) @ Rémy
(un livre que je viens de lire de Fabrice Guénier, qui va bien avec le poème, sur lequel j'ai écrit ceci) :
J’ai fini le livre hier. Quand je l’ai commencé je me suis dit que j’allais en avoir pour très longtemps, parce que c’était de la poésie, et que je ne peux lire ça que très lentement, presque ligne par ligne, page par page, pour donner à chaque image et chaque mot son poids, son empreinte.
Mais finalement c’est aussi un récit, et je l’ai donc lu de façon continue, j’y ai même passé la moitié de mon dimanche.
C’est un livre vraiment puissant, je crois que je n’avais pas ressenti ce genre de chose depuis « La trilogie des confins » de Cormac McCarthy. Peut-être je ne l’aurais pas appelé « roman », mais plutôt « poème », ou « témoignage ». Il m’a semblé qu’il s’agissait de ça : témoigner de l’existence de quelqu’un, de sa présence, témoigner de ce que peut faire vivre l’état amoureux quand il va aussi loin.
Il y a quelque chose à quoi j’avais déjà pensé en lisant les bouquins de Manset (les premiers), cette question du statut d’étranger absolu que prend celui qu’on aime, étranger et en même temps alter-ego, double de soi dans un espace central, commun…et la force de cette double réalité incompatible. Tomber amoureux c’est entrer en pays étranger, avec un guide. Je suppose que c’est encore plus puissant et plus troublant quand l’autre est d’une autre culture, d’un autre pays, d’une autre génération, aussi éloigné qu’il est possible dans son identité. Là on a l’impression que c’est presque un divorce intérieur, la tentation impossible de devenir vraiment l’autre, de devenir comme elle, de s’arracher à ce qu’on est. Et du coup une forme d’horreur pour cette identité qu’on porte, ou en tout cas une étrangeté, un refus des miroirs que renvoient les hommes occidentaux qui sont là, sous les yeux, et des miroirs tout court.
Pourtant on le sent tout le long du livre, ce qu’est le narrateur, son âge, son corps, son origine, et combien il aspirerait à se dissoudre dans le monde qui l’entoure.
Il y a aussi toute une méditation sur la question morale, spirituelle au sens où la jeune fille devient peu à peu par sa façon d’être et de vivre une sorte de « maître », avec encore une fois une inversion du sens commun, des préjugés, des donneurs de leçon.
Mais bon, ce sont encore des idées tout ça, le livre est surtout extrêmement contemplatif, poétique, y compris dans la deuxième partie, la partie de la maladie et de la mort, devant l’horreur. Là encore, l’identité se dissout, parce qu’il devient nécessaire de devenir comme une mère, dans son rôle le plus profond et le plus terrible : accompagner, impuissante, la souffrance et la mort de son enfant, qui devient de plus en plus petite, réduite à l’état d’un nourrisson presque, et soumise à une torture sans bourreau (sinon Dieu).
Il y a aussi en arrière-plan la question de l’occident, de ce que nous avons fait de nous-mêmes. Et un appel au féminin, à la simplicité, à l’acceptation, au sens de la vie qui serait comme un brouillon toujours à parfaire, vie après vie. Tout le temps, comme un mystère et un leitmotiv : la beauté.
Tao
L’esprit de la vallée ne meurt pas ; on l’appelle le féminin secret.
La porte du féminin secret s’appelle la racine du ciel et de la terre. Il est éternel ; il est bien réel. Si l’on en fait usage, on n’éprouve aucune fatigue.
(Laozi – Tao te king, livre I, 6)
J’ai fini le livre hier. Quand je l’ai commencé je me suis dit que j’allais en avoir pour très longtemps, parce que c’était de la poésie, et que je ne peux lire ça que très lentement, presque ligne par ligne, page par page, pour donner à chaque image et chaque mot son poids, son empreinte.
Mais finalement c’est aussi un récit, et je l’ai donc lu de façon continue, j’y ai même passé la moitié de mon dimanche.
C’est un livre vraiment puissant, je crois que je n’avais pas ressenti ce genre de chose depuis « La trilogie des confins » de Cormac McCarthy. Peut-être je ne l’aurais pas appelé « roman », mais plutôt « poème », ou « témoignage ». Il m’a semblé qu’il s’agissait de ça : témoigner de l’existence de quelqu’un, de sa présence, témoigner de ce que peut faire vivre l’état amoureux quand il va aussi loin.
Il y a quelque chose à quoi j’avais déjà pensé en lisant les bouquins de Manset (les premiers), cette question du statut d’étranger absolu que prend celui qu’on aime, étranger et en même temps alter-ego, double de soi dans un espace central, commun…et la force de cette double réalité incompatible. Tomber amoureux c’est entrer en pays étranger, avec un guide. Je suppose que c’est encore plus puissant et plus troublant quand l’autre est d’une autre culture, d’un autre pays, d’une autre génération, aussi éloigné qu’il est possible dans son identité. Là on a l’impression que c’est presque un divorce intérieur, la tentation impossible de devenir vraiment l’autre, de devenir comme elle, de s’arracher à ce qu’on est. Et du coup une forme d’horreur pour cette identité qu’on porte, ou en tout cas une étrangeté, un refus des miroirs que renvoient les hommes occidentaux qui sont là, sous les yeux, et des miroirs tout court.
Pourtant on le sent tout le long du livre, ce qu’est le narrateur, son âge, son corps, son origine, et combien il aspirerait à se dissoudre dans le monde qui l’entoure.
Il y a aussi toute une méditation sur la question morale, spirituelle au sens où la jeune fille devient peu à peu par sa façon d’être et de vivre une sorte de « maître », avec encore une fois une inversion du sens commun, des préjugés, des donneurs de leçon.
Mais bon, ce sont encore des idées tout ça, le livre est surtout extrêmement contemplatif, poétique, y compris dans la deuxième partie, la partie de la maladie et de la mort, devant l’horreur. Là encore, l’identité se dissout, parce qu’il devient nécessaire de devenir comme une mère, dans son rôle le plus profond et le plus terrible : accompagner, impuissante, la souffrance et la mort de son enfant, qui devient de plus en plus petite, réduite à l’état d’un nourrisson presque, et soumise à une torture sans bourreau (sinon Dieu).
Il y a aussi en arrière-plan la question de l’occident, de ce que nous avons fait de nous-mêmes. Et un appel au féminin, à la simplicité, à l’acceptation, au sens de la vie qui serait comme un brouillon toujours à parfaire, vie après vie. Tout le temps, comme un mystère et un leitmotiv : la beauté.
Tao
L’esprit de la vallée ne meurt pas ; on l’appelle le féminin secret.
La porte du féminin secret s’appelle la racine du ciel et de la terre. Il est éternel ; il est bien réel. Si l’on en fait usage, on n’éprouve aucune fatigue.
(Laozi – Tao te king, livre I, 6)