Après la peur

par 411, mardi 24 novembre 2015, 18:32 (il y a 3289 jours)

Tu n'auras plus grand chose à faire
tu es beau bien bel et bien tué
tel un fauve à terre là
où les héros s'affairent à
faire taire les faux acteurs

là où l'air est rare
où l'on s'éclaire à la peur
précise clinique
là c'est l'intime c'est la tumeur indécise
cynique

la césure le désir
de s'aiguiser les rancœurs
pour se les planter dans le cœur

c'est de toi dont je parle d'un surmoi de survie
quand la foi t'a surpris à faire fi de ton âme
de ton crâne béant s'échappe ce long râle

comme un sursaut de saleté
comme un salto vers l’abîme t'as
exorcisé tes phobies
à la ceinture d'explosifs

T'as voulu naître par la mort
qu'un cœur s'arrête de cogner
pour te permettre de connaître
un peu de paix dans l'après-monde

l'espoir, le baume d'une orée
qui ressemble à la mer

à la furie des embruns
à la folie de l'étreinte aux coliques de l'ego
sali
tes intestins sur le sol ont la pâleur du salaud
ravi

trois secondes avant la mort tu es parti d'un grand rire
puis nous as crevé les deux yeux

et nous as voué à l'enfer
tu nous as tué à l'envers

Après la peur

par Claire, mercredi 25 novembre 2015, 11:35 (il y a 3288 jours) @ 411

j'ai eu envie d'écrire aussi après ce vendredi 13, mais je ne trouvais que des mièvreries - et puis j'ai du mal à écrire, tout court, pour d'autres raisons.

ton poème dit vraiment des choses justes : à la fois de ce qu'on a ressenti, ce qu'on s'est représenté dans cette soirée empathique et terrifiante, habitée d'images réelles floues et de récits d'une précision hallucinée, et la complexité des émotions/réflexions qui suivent, depuis.

Après la peur

par 411, mercredi 25 novembre 2015, 12:02 (il y a 3288 jours) @ Claire

Yes. Merci CLaire, t'as raison. En fait, à la base je ne voulais pas parler de cet événement, mais juste de moi, comme souvent. Je suivais la pulsation de la phrase, ne sachant où me rendre, lorsque soudain je me rend compte que mon inconscient est peuplé de ces réflexions d'après le 13. La mort m'est familière, mais pas celle des autres. Bref. Ceci montre bien que, même d'une position marginale, le coeur d'un changement radical de société peut habiter l'inconscient de tout être qui n'est pas un psychopathe.
Et puis, pour finir, le titre "Après la peur" parle de nous'spectateurs, bien sûr, mais aussi de ce qu'il se passe dans la tête du kamikaze lorsqu'il tue en lui, la peur de mourir. Comme si la logique s'inversait, la mort étant pour lui la vie, le but de son existence. C'est difficile à comprendre pour nous, avides de vivre à tout prix. Bref bis. J'ai continué ce texte (à la base un texte de rap, que je vais sans doute rallonger) en pensant à tout ça. Yes. Merci Claire.

Après la peur

par Claire, mercredi 25 novembre 2015, 13:13 (il y a 3288 jours) @ 411

oui, c'est ça qui est très intéressant : je parlais de l'empathie, immédiate, profonde, pour les victimes, leur famille, mais je crois aussi que notre esprit (et notre réflexion collective) travaillent tout autant pour tenter de saisir quelque chose de ce qui nous est si étranger : le monde intérieur de ces jeunes hommes "barbares", leur vie....nous ne pouvons pas faire autrement.

Après la peur

par Jambon, mercredi 25 novembre 2015, 15:16 (il y a 3288 jours) @ 411

Oui j'aime beaucoup aussi.

Après la peur

par zeio @, mercredi 25 novembre 2015, 17:34 (il y a 3288 jours) @ 411

C'est quand même vraiment bien maîtrisé.
Y peut-être une ligne que je trouve inférieure aux autres : de ton crâne béant s'échappe ce long râle