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ça me rappelle un vieux poème de moi qui figurera dans un prochain recueil :la procession
allongée seule dans l'obscurité
tu embrasses le front de la nuit
avec tes lèvres teintées de rouge sombre
les murs de la chambre
s’éloignent infiniment et le froid
extérieur pénètre dans ta chair
il n’y a plus de meubles ou de tentures
seulement un champ de ténèbres nues
au loin un arbre isolé perdu
jette l’écriture de ses branches difformes
dans la clarté bleue de la lune
et les nuages noirs semblent s’accélérer
mais ton cœur bat toujours imperturbablement
le son frêle et distant d’une cloche
s’immisce et résonne dans le silence
accompagné de lueurs fantasques
la procession est bientôt devant l’arbre
visages terreux des villageois
dans la lumière incertaine des torches
l’un d’entre eux conduit une chèvre
attachée au bout d’une corde
le prêtre à face de corbeau
prononce quelques paroles incompréhensibles
et caresse l’écorce de l’arbre
le prêtre à face de corbeau
égorge la chèvre terrifiée
le sang rouge sombre gicle et tombe dans la terre
l’esprit de l’arbre reçoit la vie de la chèvre
et les nuages noirs semblent se disloquer
et ton cœur bat toujours imperturbablement
la chambre est calme et tranquille
tu embrasses le front de la nuit
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