de corps inconnu (bord de mer)

par Rod., jeudi 04 septembre 2014, 11:49 (il y a 3736 jours)

baudruche sur
son lit de goudron
qu'on secoue tant et tant

celle qui
si floue n'était
ne sera plus dés lors



ses yeux grands fermés
d'azur noir
n'ont plus peur du soleil

non
plus peur de rien
ni soleil ni son ombre


*

ses jambes absentes
épousent le sol
dur

jambes molles
sol dur
un

sait-elle seulement


*

éteint son oeil
s'engouffre dans le mien

ses os infiltrent mes os

et son souffle vers
quoi


*

déborde le manque au manque
le vide au vide

elle
tranche le vif

un dernier fil


*

une infâme boue brune
dégorge ses promesses

coule sa chair liquide
au bord de la mer



et bien
tout est consommé
le jour s'affaisse

d'avoir été

quoi?
au juste


*

cloué je suis cloué
martèle en tête

elle
tue l'enfant
qui demeurait
à force de clous

c'est l'incertain grandir
qui meurt de sa mort
à elle

de corps inconnu


*

qu'est

ce qui
tant
coule

en moi
de si peu
d'elle

et quoi?
maintenant


*

de tout ce temps
la somme
à batailler sans armes et
sans plus d'adversaires

alors
on meurt sans rimes
ni raison
baudruche ainsi

de corps inconnu (bord de mer)

par dh, jeudi 04 septembre 2014, 11:53 (il y a 3736 jours) @ Rod.

c'est pas mal rodrigue.

poème de chagrin

par Claire @, jeudi 04 septembre 2014, 13:27 (il y a 3736 jours) @ Rod.

à L.





c'est notre corps qui est atteint
le corps porte les marques
jouit, détruit, souffle -
maintenant.


il y a quelque chose
des jours désastreux
ce corps-là
il est à oublier.


ce corps blanc, vivant
avec tout ce qui lui est arrivé :
du corps du petit enfant à celui d'homme
les lettres de nos cicatrices.


corps fait pour l'autre, et la terre
on est seul souvent
la douleur se laisse dans le centre du corps
en sortant on la laisse.


l'esprit garde ses reflets
éclats de miroir, cristaux
et fluides coulant sur la tige
du jour.


un nuage chaud
qui se décale et se déplace
la buée dans la bouche, échanges
des insectes d'été.


Ce qui était sale est transparent
l'éclair tombe sans la pluie
la terre répond au ciel
sèchement.


et le ciel couvre la terre
il y a quelque chose qui circule
on est entre eux
on ne dort pas encore.


la main sous la tête
le cou si faible
le lit soutenant le corps
le drap comme une tente la nuit.



tu m'as raconté ton voyage
les marches très tôt dans les rues vides
l'appareil photo
volé.

juste un regard distancié
une voix disant
mais je ne veux pas y aller, moi........
un homme ou une femme qui pleure.

tout ça tellement vide de sens
tout ça envahi de sens
est-ce qu'on s'arrête là,
maintenant ?








(pour t'accompagner, Rod)

poème de chagrin

par Rod., jeudi 04 septembre 2014, 13:40 (il y a 3736 jours) @ Claire

Merci Claire. Il est très beau ton poème. Vraiment très beau. Et c'est tout à fait ça.

poème de chagrin

par katsan onz, dimanche 07 septembre 2014, 12:23 (il y a 3733 jours) @ Claire

"Poème de chagrin". Quel beau titre. Et le texte m'a profondément ému. Sisi. En fait, ton écriture est intéressante car elle suggère les parties cachées de l'histoire. D'où ce rapporr que tu peux avoir à la photo, à l'écriture de l'image. Et tes métaphores ne tombent pas dans le piège de l'opacité. Non. Elle sont subtiles et à bonne distance de l'objet. Trkl koi !

poème de chagrin

par Claire @, lundi 08 septembre 2014, 00:14 (il y a 3733 jours) @ katsan onz

merci beaucoup de ta réponse...elle me fait penser à des choses qui vont un peu dans tous les sens...autour de la présence et de l'absence, du regard qu'on "emprunte" aussi.

poème de chagrin

par c, lundi 08 septembre 2014, 02:20 (il y a 3733 jours) @ Claire

ha zut tu as changé ta réponse à laquelle j'allais répondre ha zut c'est caduc
ton texte est très beau et le commentaire que tu avais mis aussi

poème de chagrin

par Claire @, lundi 08 septembre 2014, 10:28 (il y a 3732 jours) @ c

oui, mais il y avait quelque chose d'un peu indiscret.

poème de chagrin

par Kel, lundi 08 septembre 2014, 14:22 (il y a 3732 jours) @ Claire

..c'était bien, je trouvais.

poème de chagrin

par zeio, lundi 08 septembre 2014, 14:37 (il y a 3732 jours) @ Claire

Jeu lait rat taie !

poème de chagrin

par Claire @, mercredi 10 septembre 2014, 11:21 (il y a 3730 jours) @ zeio

Je vais essayer de redire les choses d'une façon qui me convienne mieux.

J'ai posté ce poème, écrit il y a longtemps, parce que j'étais frappée des liens avec le poème de Rod, et plus frappée encore du fait que l'un est dédié à une personne très proche, l'autre à un ami très éloigné puisque je ne l'ai jamais rencontré "en vrai" (seulement des mails, la lecture de ses poèmes, et deux coups de fil).
Les liens les plus frappants ce sont bien sûr une sorte de méditation sur le corps, vivant, affaibli, mort, et puis la question :
« et quoi
maintenant ? » à laquelle répond : « est-ce qu'on s'arrête là,
maintenant ? ».

Le chagrin, je crois que dans les deux cas (même s’il n’est pas comparable, bien sûr), il tient en partie à une communication qui est restée incomplète, qui laisse plus de questions que de réponses, et aussi à l’énigme du malheur. Dans le cas de cet ami, je disais aussi que la distance qui existait, le fait que j’étais restée longtemps sans nouvelles, et le fait de pouvoir relire les mails qu’il m’avait écrits, de repenser à sa voix et à ce qu'il m'avait raconté, l’avait rendu à nouveau complètement vivant pour quelques heures, ce qui n’est pas le cas vraiment pour quelqu’un qui partage notre vie

Je m’interrogeais ensuite sur ces liens qu’on dit « virtuels », qui se tissent souvent sur des années, et qui conjuguent l’éloignement et une étonnante proximité, d’une façon mystérieuse et prenante, nouvelle je crois pour l’espèce humaine.
Pour moi, c’est l’occasion de vérifier par quelles étranges voies passe la communication affective, les liens entre l’esprit, la parole et le corps, et la nature indicible et incompréhensible de l’amour. Comme si c’était un « corps pur », qu’on habille sans cesse de toutes sortes de rationalisations et d’explications car il nous fait peur, alors qu’il n’est, en réalité, qu’une pure sensation/émotion, une sorte de flamme blanche à température parfaite, qui nous baigne et nous emplit, si on l’accepte sans conditions.

poème de chagrin

par Rod., mercredi 10 septembre 2014, 22:03 (il y a 3730 jours) @ Claire

Le grand défaut des forums, c'est qu'il n'y a pas de bouton "Like" quand on a rien d'autre à dire...

;)

par cat, jeudi 11 septembre 2014, 02:06 (il y a 3730 jours) @ Rod.

ha j'pensais que c'était le gros défaut de Fb ! ;)

;)

par Rod., jeudi 11 septembre 2014, 06:47 (il y a 3729 jours) @ cat

Bah c'est vrai aussi. Ça empêche pas...