autre remarque, autre réflexion

par Claire, dimanche 03 janvier 2016, 14:38 (il y a 3249 jours) @ Rémy

il me semble que plusieurs transgressions se répondent : celle de la situation que vivent les artistes : transgressions auxquelles ils sont réduits pour survivre ou transgression des lois humaines qu'ils subissent (l'esclavage par exemple, ou la prostitution imposée), et qui les exilent de leur culture d'appartenance / celle que cherchent à vivre par procuration les bourgeois qui s'encanaillent, et celle qu'ils vivent réellement en apprenant à apprécier une forme d'art qui bouscule leurs canons esthétiques et sociaux, en s'intéressant à des gens qu'ils pourraient mépriser.... je prends transgression au sens le plus large : sortie des lois sociales et culturelles en vigueur dans un temps et un espace X.

C'est à dire que les uns et les autres sont entraînés loin de leur culture d'appartenance. Il est d'ailleurs intéressant de noter que pas mal de ces "bourgeois" vont à leur tout pratiquer cette forme d'art et lui injecter forcément une part de leur culture d'origine. C'est très net pour le fado puisque des poètes d'origine bourgeoise ont composé des textes et des chansons, et qu'une des grandes dames du fado, Maria Theresa de Noronha était carrément comtesse. En fait les chanteurs de fado ne sont plus des gens d'origine misérable, ils viennent de toutes les couches de la société.


l'autre questionnement était lié à la situation de misère, qui très souvent abrutit les gens au lieu de les transformer en artistes passionnés et passionnants. Est-ce que vivre une situation de misère, pleine de dangers et de malheurs, peut parfois favoriser une créativité, parce que le choc de la réalité externe et interne vous secoue si fort qu'il vous est nécessaire de le symboliser autrement que par le simple langage ? est-ce que c'est la situation misère+arrachement forcé à sa culture qui pousse à créer une nouvelle expression ? est-ce aussi le fait de partager cela avec d'autres gens qui vous pousse à élaborer un langage groupal ? ou tout cela à la fois ? En allant plus loin, l'art n'est-il pas un moyen de dire avec le plus de force et de justesse possible le choc vécu de la réalité, et le sentiment de nouveauté qu'il apporte ? Ou de faire naître une réalité neuve à partir de son monde intérieur (tes peinturlures en particulier).



Je me suis demandé ce qui t'amenait à pousser ta réponse dans une forme de provocation, au delà de ce qu'elle fait remarquer de juste. C'est quelque chose de plus général, me semble-t-il : un agacement devant un certain romantisme idéalisant, comme si tu supportait mal que les gens s'émeuvent de belles ou affreuses histoires (fausses) qu'ils aiment se raconter, plutôt que de s'émerveiller devant la réalité. Mais du coup, tu loupes peut-être la partie de la réalité qui se trouve dans ces belles histoires fausses.



(je ne transgresse pas ma bonne résolution car je dis des choses nouvelles et intéressantes)

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