Chocolat

par Écrire, vendredi 15 janvier 2016, 21:53 (il y a 3237 jours)

Le soldat de l'apocalypse ne mégote pas sur les moyens. Il ambitionne un tabac. Mais, aussi meurtrier soit-il, sa nuisance n'égalera jamais celle des petits cylindres de papier bourrés de chimie additive engendrés par billions dans les manufactures de la mort profitable. Ils ont tué 100 millions de personnes au XXème siècle et causeront dix fois plus de victimes au cours du suivant. Fumer est une liberté, proclament les esclavagistes. Un droit inaliénable de l'individu autonome sous dépendance létale. Puis les rêves se dispersent en volutes pour revenir, quelques années plus tard, avec l'empressement gourmand des métastases.

Vous substituez au mot de Cambronne un autre terme, qui désigne votre horizon natif. Quelle monde, songez vous, en empruntant le sas automatique qui bée une invite à votre intention. Et quelle rage. Les distributeurs d'euphémismes ne manquent pas d'urgences à traiter. Ils peuvent toutefois compter sur l'apathie férine des multitudes et l'absence de tact des porno tueurs qui se déchaînent en de franches et fulgurantes horreurs, s'attribuant ainsi le monopole de la vraie, la seule méchanceté.

Toute différente est l'approche des pontes de la cibiche. En douceur, elle pénètre les esprits malléables, bien avant de s'attaquer aux bronches. C'est ainsi qu'enfant, vous apprîtes les gestes de l'addiction avec des tiges en chocolat imaginées par le génie publicitaire. À l'issue de votre formation, votre existence serait valorisée. Les industriels l'estimaient à 10.000 dollars. Le temps d'inhaler l'abîme.

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