ta mère
Le baiser clair
I.
J’écris vivement pour l’évènement
qui, de sa main lâche,
me renverse
comme un vase de porcelaine
C’est la fin de l'automne
L’après midi ne bousculera plus rien, ne cassera plus rien
que des terrasses joyeuses
pintes levées vers le soleil tiède encore
et les rues effeuillées de toute leur lèpre,
de tous leurs tessons d'or, de toute leur merde...
On ramassera bientôt le soir
comme le long drap d’un feuillage oublié
un caillou tombé
au son bleu, cristallin, haut et douloureux
et dans ce geste, dans cette chute, tu te loveras,
te mêleras à ce lit, avec mon ombre amante,
où l'on s'étreint de pâleur
II.
A cette manière de border le monde,
de pencher les rivages,
de galber les angles, les arrêtes, les roches des cours d'eau:
à cette manière de nager à ma pensée
je trouve une façon savante de douceur
et les reflets à ta peau transparue s'émeuvent
échine froide, linge plissant ma fatigue, tu émerges du courant
je veux dire, par là, de cet incoercible désir
qui m'anéantit à tes hanches
tu ordonnes de mon visage: son souffle ; de mes paumes: la brasse
tu appelles mon corps entier: jetée
nommes mon bain: aurore
et l'aurore: baiser clair
qu'on laisse aller
comme on quitte le monde des foules
comme on meurt, heurtant durement
sa vie au feu de l'autre
sa vie comme un silex
absent
I.
J’écris vivement pour l’évènement
qui, de sa main lâche,
me renverse
comme un vase de porcelaine
C’est la fin de l'automne
L’après midi ne bousculera plus rien, ne cassera plus rien
que des terrasses joyeuses
pintes levées vers le soleil tiède encore
et les rues effeuillées de toute leur lèpre,
de tous leurs tessons d'or, de toute leur merde...
On ramassera bientôt le soir
comme le long drap d’un feuillage oublié
un caillou tombé
au son bleu, cristallin, haut et douloureux
et dans ce geste, dans cette chute, tu te loveras,
te mêleras à ce lit, avec mon ombre amante,
où l'on s'étreint de pâleur
II.
A cette manière de border le monde,
de pencher les rivages,
de galber les angles, les arrêtes, les roches des cours d'eau:
à cette manière de nager à ma pensée
je trouve une façon savante de douceur
et les reflets à ta peau transparue s'émeuvent
échine froide, linge plissant ma fatigue, tu émerges du courant
je veux dire, par là, de cet incoercible désir
qui m'anéantit à tes hanches
tu ordonnes de mon visage: son souffle ; de mes paumes: la brasse
tu appelles mon corps entier: jetée
nommes mon bain: aurore
et l'aurore: baiser clair
qu'on laisse aller
comme on quitte le monde des foules
comme on meurt, heurtant durement
sa vie au feu de l'autre
sa vie comme un silex
absent