ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 19:08 (il y a 3221 jours)

ma dernière incarnation était derrière une fenêtre, à l'heure exacte où je suis née, mais des années après bien entendu, et dans un lieu infiniment différent...le vent du soir argenté dans les branches juste en dessous, les longues feuilles comme coiffées en arrière, qui bougent, et le très grand pin au fond, sa majesté noire elle aussi en mouvement.
je pensais à l'incarnation précédente, où, debout dans un jardin, j'étais séparée par un mur d'un arbre touffu où des oiseaux pépiaient. Là, il n'y avait pas de vent. Ce pépiement, si fin, subtil, constant, comme s'ils parlaient de l'abri qui les cachait, la nuit venant, de leur plaisir à être ensemble, d'une même espèce.
C'est ce pépiement qui est impossible à dire, et aussi les soirs où j'ai vécu le même sentiment que ces oiseaux : cette tranquillité, cette union....et ceux avec lesquels je l'ai partagé.
comment les dire ?

ce qui est impossible à dire

par galante, dimanche 31 janvier 2016, 19:19 (il y a 3221 jours) @ Claire

Comme si une mixité empêchait le bien-être, et aussi le même langage. Etrange.

ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 19:32 (il y a 3221 jours) @ galante

tu réfléchis trop.

ce qui est impossible à dire

par galante, dimanche 31 janvier 2016, 19:37 (il y a 3221 jours) @ Claire

alors parce que c'est mal dit, cela ballotte, j'ai cherché l'important de la chose ce qui donne l'envie de dire et je n'ai pas trouvé puis comme l'évidence de l'œil qui guette derrière la branche j'ai vu cela. J'ai vu l'arrière et non le devant.

ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 19:47 (il y a 3221 jours) @ galante

tu as cherché ce qui ne va pas.

ce qui est impossible à dire

par galante, dimanche 31 janvier 2016, 19:48 (il y a 3221 jours) @ Claire

regardez les oiseaux

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 22:55 (il y a 3221 jours) @ galante

moi aussi, j'ai été désagréable.

mais l'impression de communion gomme l'individu. c'était ces moments-là que je voulais évoquer.
et bien entendu chez les oiseaux cela nait de leur appartenance à la même espèce.

ce qui est impossible à dire

par Ecrire, dimanche 31 janvier 2016, 20:05 (il y a 3221 jours) @ Claire

Toute écriture est une réponse, ou tentative de réponse, à cette question. La terrible difficulté de dire ne nous empêche pas. Elle nous convoque et nous provoque. Nous répondons présent. Et nous tentons encore une fois, du fond de notre étrangeté, de compléter notre être.

ce qui est impossible à dire

par julien, dimanche 31 janvier 2016, 20:08 (il y a 3221 jours) @ Claire

Je trouve que la fin explicative (à partir de "C'est ce pépiement...") n'est pas à la hauteur du mystère du début avec ses très belles images.

ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 20:30 (il y a 3221 jours) @ julien

oui, je sens bien ce que tu veux dire : la perte d'une élégance, d'une évocation, une lourdeur.
mais je ne sais pas si ce n'est pas quand même ce que je cherche à dire aussi, cette lourdeur, cette perplexité...à dire honnêtement.

ce qui est impossible à dire

par julien, dimanche 31 janvier 2016, 20:35 (il y a 3221 jours) @ Claire

Tout dépend de ce que tu cherches à privilégier : expliciter le sens de ce que tu veux dire ou bien atteindre à une certaine grâce. Je le dis sans présumer de ce qui est mieux, même si moi je sais ce que je choisirais.

ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 21:09 (il y a 3221 jours) @ julien

ce n'est pas vraiment expliciter. la lourdeur fait partie de ce que je ressens. une lourdeur, une incapacité.

ce qui est impossible à dire

par julien, dimanche 31 janvier 2016, 22:21 (il y a 3221 jours) @ Claire

Ok, mais tu dois bien pouvoir la dire avec une certaine grâce, je veux dire dans la lignée du début de ce fragment.

ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 22:27 (il y a 3221 jours) @ julien

oui, je vais y réfléchir.
moi, ce qui me pose question c'est cette histoire d'incarnation : est-ce qu'il n'y a pas une forme de coquetterie dans la formulation ? j'étais partie sur un truc un peu fantastique et j'en suis revenue à ce qui me semblait important.

ce qui est impossible à dire

par catr @, dimanche 31 janvier 2016, 22:48 (il y a 3221 jours) @ Claire

... le fantastique peut faire écrin pour la perle de l'importance, tu sembles redouter qu'il fasse écran.
d'autre part il me semble que le texte gagnerait si la question finale était incorporée au second paragraphe, et je crois que ce sont les démonstratifs qui pèsent.. ils appuient juste un peu trop (d'où un certain déséquilibre, mais c'est intéressant aussi)

ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 22:58 (il y a 3221 jours) @ catr

oui mais pour le fantastique j'ai changé de cheval au milieu du gué.
et puis je crois que Julien n'a pas tort, on passe d'une perception à de la philo, je vais revoir ça.

ce qui est impossible à dire

par Claire, dimanche 31 janvier 2016, 23:02 (il y a 3221 jours) @ Claire

enfin non, je ne sais pas :)

ce qui est impossible à dire

par catr @, lundi 01 février 2016, 00:38 (il y a 3221 jours) @ Claire

moi non plus :)

ce qui est impossible à dire

par catr @, lundi 01 février 2016, 00:36 (il y a 3221 jours) @ Claire

«oui mais pour le fantastique j'ai changé de cheval au milieu du gué.»

— non, le texte ne change pas de cheval, le chaval fait un écart..

«et puis je crois que Julien n'a pas tort, on passe d'une perception à de la philo, je vais revoir ça.»

— oui, mais c'est ta façon à toi d'aller chercher un détail (comme un zooming abrupt en plein milieu d'un travelling)
ce que je veux dire c'est que tu nous installes dans une certaine "longueur" puis tu "shiftes" ou bascules, alors il te faut savoir si vraiment tu veux cet effet (mind fuck) ou what ever... ou bien encore découvrir pourquoi tu reproduis ça dans tes textes : c'est sûr que tu cherches quelque chose, et c'est intéressant parce que c'est formel et dans la plastique plutôt que dans l'esthétique. // autre lecture des deux phases du texte : un grand angle de vision/perception dont tu rends une certaine synthèse, et hop, on est au bord d'une analyse qui elle ne se synthétise pas (il y a plein d'affaires dans tes textes !) // ha j'ai un flash : ou mieux encore, c'est un motif actif chez toi : une grande ouverture suivie d'une pénétration, tu ouvres un "champ" perceptif et tu "rentres" dedans : donc appréhender et prendre. reste à trouver le bon "lubrifiant"...

ce qui est impossible à dire

par Claire, lundi 01 février 2016, 09:26 (il y a 3220 jours) @ catr

oui, tu as tout à fait raison, je n'avais jamais réalisé tout ça consciemment. et "mind fucking", oui c'est ce que je cherche à faire....parce que j'aime bien ce qui me le fait :)
j'avais écrit il y a longtemps un poème qui disait : "...et ça t'a fait sortir de ton orbite..."

ce qui est impossible à dire

par catr @, lundi 01 février 2016, 13:34 (il y a 3220 jours) @ Claire

...alors c'est dans le découpage-montage que tout réside, dans la technique de construction...

ce qui est impossible à dire

par zeio, mardi 02 février 2016, 01:57 (il y a 3219 jours) @ Claire

Il faudrait peut-être faire durer la phase introductive, le "seuil", c'est à dire la phase inconfortable du déploiement, juste avant le pas de trop, quand l'esprit analytique s'en mêle et assèche le texte. On dirait que tu n'as pas confiance en ce premier mouvement, et que le reste n'est là que pour tenter de relier quelque chose qui n'a pourtant pas besoin de l'être. Tu n'es jamais meilleure que dans ces courts laps de temps, sur le seuil, avant que tu ne cherches à résoudre quoi que ce soit.

ce qui est impossible à dire

par Claire, mardi 02 février 2016, 11:29 (il y a 3219 jours) @ zeio

oui, le manque de confiance et donc de souffle, ça va ensemble.
et puis aussi c'est comme si je restais au bord du récit, ayant envie de quitter le cadre du poème que je connais presque trop (enfin, c'est prétentieux de dire ça, mais je me comprends).