"stare": 1
par Claire, mardi 09 février 2016, 11:47 (il y a 3212 jours)
petit messager dans le passage humide
profil égyptien aux oreilles décalées
tu guettes deux choses qui s'opposent
le passage furtif d'une chose-proie
les portes qui se referment.
tes yeux sont des fentes remplies d'eau verte
tu mourras sans qu'on te retrouve
dans un appentis perdu, ou bien dans une canalisation
en attendant
mâchoires de mâchoires
tu guettes l'instant exact
du bond.
les murs sont hauts, le sol trempé
tu t'es posé au seul endroit sec
toutes formes passent près de toi
sans que tu bouges d'un poil
lire dans les flaques
ta divination électrique
des graviers qui ont roulé là
et dans quelques heures, avant le creux de la nuit,
du passant qui te fera fuir.
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par Claire, mardi 09 février 2016, 11:49 (il y a 3212 jours) @ Claire
ma dernière incarnation était derrière une fenêtre, à l'heure exacte où je suis née, mais longtemps après bien entendu, et dans un lieu complètement différent...le vent du soir argenté dans les branches juste en dessous de la terrasse, les longues feuilles comme coiffées en arrière, qui bougent, et le très grand pin au fond, majesté noire elle aussi en mouvement.
je pensais à l'incarnation précédente, où, debout dans un jardin à la même heure, j'étais séparée par un mur d'un arbre touffu, où de petits oiseaux pépiaient. Cette fois, il n'y avait pas de vent. Ce pépiement, si fin, subtil, constant, comme s'ils parlaient de l'abri qui les cachait la nuit venant, de leur plaisir à être ensemble, d'une même espèce.
l'arbre est une maison d'ombre où le temps nous pose, oiseaux parmi les oiseaux
que nos voix entourées se perdent
dans cet abri cette ramure.
et tous ceux auxquels je fus liée, toute parole oubliée,
seulement un rêve obscur de chant et de halo.
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par Claire, mardi 09 février 2016, 11:51 (il y a 3212 jours) @ Claire
deux grosses pierres marquent l’entrée du chemin boueux
qui mène à l’aven, au gouffre.
don Juan est là, il s’appuie à l’arbre le plus proche
il considère la pluie, les plantes
au dessus de la bouche où tout change
ouverte vers le ciel gris.
sur un rocher tout au bord, des spéléologues
ont scellé un piton d’acier
le chemin fait un tour prudent, à distance.
si vous étiez là quelque part invisible
si vous étiez là vous seriez frappé
par le mouvement de la pluie et son bruit discret
remplissant le monde immobile.
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par Claire, mardi 09 février 2016, 11:52 (il y a 3212 jours) @ Claire
enfants, dans des squares à Paris. je me souviens des grilles, comment elles délimitaient l’espace, la végétation, et du portillon de métal peint qui se fermait sous son propre poids, en claquant. je me souviens des petites fontaines dont il fallait presser le robinet de cuivre, de la nuit qui venait. des vieilles personnes immobiles sur les bancs, leurs pieds sur le sol sableux.
seule, je m'arrêtais de courir.
de l'autre côté de la rue lentement envahie de bleu : le trottoir, les grands immeubles aux façades indistinctes, et toutes les fenêtres.
à travers les vitres illuminées par la lumière intérieure, on voyait le haut des étagères, le plafonnier, quelques tableaux ou miroirs, les rideaux à contre-jour.
chaque fenêtre différente, d'un jaune plus ou moins pâle, la couleur des murs, parfois des rideaux opaques, tirés sur l'intérieur
je n'appartenais à nulle part..
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par Rémy , mercredi 10 février 2016, 19:46 (il y a 3211 jours) @ Claire
J'ai essayé de peindre les façades noires avec des fenêtres qui luisent jaune (ou bleu tremblotant pour la télé) (et parfois des rideaux rouges) et le ciel au-dessus violet par contraste. Les couleurs, j'ai réussi, mais pour les formes, il faudrait que j'utilise une règle et une équerre.
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par kelig, jeudi 11 février 2016, 06:57 (il y a 3210 jours) @ Claire
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par Rémy , mercredi 10 février 2016, 19:53 (il y a 3211 jours) @ Claire
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par Claire, mercredi 10 février 2016, 20:34 (il y a 3211 jours) @ Rémy
Je t'assure, dans un arbre sombre, un pépiement pas plus fort que des poussins, mais bien plus paisible.
Je vais essayer d'enregistrer.
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par Rémy , jeudi 11 février 2016, 22:51 (il y a 3210 jours) @ Claire
Ici à Berlin on a des rossignols en quantité, qui chantent la nuit, mais fort, et chacun dans son arbre.
Sinon, les oies sauvages, les grues, et tous ces gros oiseaux qui migrent en V crient régulièrement pour rester ensemble. Mais ils ne s'arrêtent pas dans les arbres.
Haaaa j'y suis ! Ça doit être des chauves-souris ! Les chauves-souris s'agitent et pépient le soir avant de décoller. Si c'est des chauves-souris, alors je suis d'accord avec l'image.
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par Claire, jeudi 11 février 2016, 23:08 (il y a 3210 jours) @ Rémy
En fait c'est le caractère si paisible et discret de ces gazouillis qui m'a fait m'arrêter un bon moment...et puis écrire le poème.
C'était il y a quelques temps, là il fait un peu froid le soir, je vais attendre des jours meilleurs pour tenter un enregistrement, c'était dans un arbre de mon voisin.
"stare": 1
par julien, mardi 09 février 2016, 12:07 (il y a 3212 jours) @ Claire
Le 2 me semble plus homogène et fonctionne mieux comme ça : il ne perd pas son mystère en cours de route.
"stare": 1
par Claire, mardi 09 février 2016, 21:32 (il y a 3212 jours) @ julien
"stare": 1
par catr , lundi 15 février 2016, 19:46 (il y a 3206 jours) @ julien