Boite noire
Le carnet béant escomptait votre substance. Fermé, l'objet promettait. Ouvert, il réclamait. Le compagnonnage tournait à la confrontation. Vous anticipiez l'épreuve suffocante. Avec de tels prémisses, la rédaction se cantonnait à quelques lignes, vagues ou cryptées. S'enfoncer plus avant impliquait d'en passer par la boîte noire des générations. Il aurait fallu descendre bien au delà de l'anecdote, plus bas encore que l'ordure des siècles pour y dénicher son propre ; brasser la saleté des causes jusqu'à rejoindre l'éclat intacte de l'origine. Or, vous en étiez superbement incapable. Don Juan des surfaces, vous flirtiez avec la vapeurs des circonstances, attentif à vous obturez le nez sitôt que l'odeur se précisait. Écrire s'apparentait à un rituel. Une messe basse énoncée dans une église désaffectée. Dès que vous auriez versé votre écot, vous pourriez vous assoupir entre vos écouteurs. Vous vous sentiriez mieux. Léger comme un salaud qui, non content de n'avoir pas poussé son rocher, s'est contenté d'en effectuer un quart de tour.