Paysan bigouden, d'ar goat
Je me souviens il y a lontemps, on ramassait les cailloux dans les champs.La terre était bonne mais elle en faisait pousser. Depuis que j'étais tout petit je ramassais les cailloux avec les parents.
Tous les ans les pierres remontaient à la surface, on les entassait avant de semer le blé, le maïs, l’orge, le potager, tout...
On en a fait des tas de cailloux en famille avec les parents et les frangins. C'était une sacrée corvée, il ne fallait pas râler sinon on se faisait rabrouer. On était récompensés par de bons repas.
Loin de l’autre côté de la route, au milieu d’un de nos champs, il y a un grand Menhir.
C’est un beau champ en forme de colline, bordé par les arbres et un ruisseau le longeant pas le bas.
On y aperçoit un hippocampe de légende les jours de chance, il existe, il vit dans ce cour d'eau, il est le gardien.
Le Menhir majestueux avait sûrement servi aux druides.
Maman me racontait au fil de ses histoires, à moi tout petit, que c'était le zizi de mon père.
La plupart étaient de vulgaires cailloux, communs et ennuyeux, mais celui-ci les dominait tous.
Les mauvaises pierres à enlever étaient parfois petites, de taille d'une main d'enfant, parfois elles pesaient trois, cinq kilos ou plus, on les portait à bout de bras. On les metttait dans des seaux, puis on les regroupait en tas en bord de talus.
Pour pouvoir cultiver la terre, sinon le soc de la charrue n'aurait pas supporté le choc.
Un travail utile autant qu'ingrat. Au moins on pourrait tracer les sillons ensuite et semer les graines à pousser pour vivre et se nourrir. Consolation lointaine quand on est enfant.
Un coup, lorsque j'étais plus grand, un soc de charrue s’était détaché, perdu ! Il risquait de casser le rotoherse.
Ce fut le branle bas de combat toute la journée, l’urgence nous réunissait tous pour faire front. L'heure était grave, c'était important.
Toute une après-midi, nous recherchâmes en famille le précieux soc de fer égaré à travers tout un champ qui nous
paraissait gigantesque. La voisine était venue aussi en renfort. Enfin, le petit frère s'écria « trouvé ! »
Ce fut un immense soulagement, un bonheur indescriptible, une libération, Mon père lui-même en pleurait de rire. Il faisait beau ce jour béni, le soleil en ami.
Plein d’allégresse, nous en pleurions de joie. C'était comme si nous avions découvert un grosse pépite d’or, un trésor.
Nous avions vaincu le doute, vaincu le danger ensemble, solidaireS, à l’unisson.
Un moment particulier, précieux, à sauvegarder de l'ensevelissement, gravé dans la mémoire intime et collective. Nous autres enfants fûmes récompensés par une pièce de cinq francs.
J'ai posé ce souvenir sur le chemin en rouge, au fil de la vie.
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