ma déclaration pour Véronique Courjault

par d i v, mercredi 09 mars 2016, 21:52 (il y a 3183 jours)

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ORQUE









/ Je suis chez moi / je suis seule / enfin je crois / tu sais / non peut-être pas / je sers quelque chose / contre ma poitrine / depuis 2 ans déjà / le temps s’est arrêté / il fait très froid / ma robe est transparente / et c’est l’été / il y a nos livres / coincés / dans l’étagère du bas / on peut voir / un petit muscle blanc / dans l’aquarelle / comme un adieu / il y a des vagues / ce matin / dans tes cheveux / ils sont froids / je vais les réchauffer / avec mon souffle / maladroit / tu peux dormir / maintenant / comme l’orque / sous un ciel rouge / menaçant / et pourquoi nous / l’enfant se portait bien / il était beau / il te ressemblait / tes sourires / la même marque / posé sur ton épaule / et juste après / on a crié très fort / ensemble la mort des oiseaux / sur cette plage déserte / sur la passerelle d’un bateau / qui ne partira pas / demain / nous sommes restés à quai / et la vie s’arrête devant nous / l’enfant se tait / sous un ciel ocre et brun / il faut comprendre / il faut le tordre / pour oublier / nous dire adieu / une dernière fois / sur la plage noire de monde / il y a des chevaux / dans la brume épaisse / au galop / qui disparaissent / au loin / et nous voilà maintenant / derrière eux / pour disparaître aussi / comme la pointe de tes coudes / dans ma bouche / pour te mordre/ encore une fois / la peau / la même marque / que je dessine à mon tour / sur mon épaule / avec mes ongles / comme une bête féroce / l’animal en moi / l’orque / je suis nue / quand vient l’été / il fait très froid / et je sais / qu’il faut se tordre / à nouveau / et respirer très fort / pour être encore debout / dans nos chambres / où je passe / de temps en temps / pour disparaitre / comme les chevaux / quand ça va pas / quand tout est loin / quand tout est pris / distancé / mal remis / foutu / à l’abandon / je sais plus / où est notre maison / je prends des photos / je danse avec des ombres / des orques / blonds / dans une peinture oubliée / contre des murs / il y a ma robe / déchirée par les arbres / et les petites dents de l’enfant / que je cherche toute la nuit / en vain / dans se ventre / oh mon trésor / mon petit garçon / glacé / qu’on réchauffait / de temps en temps / avec nos corps / de toutes nos forces / le deuil est impossible à faire /













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ma déclaration pour Véronique Courjault

par Claire, vendredi 11 mars 2016, 12:31 (il y a 3181 jours) @ d i v

j'ai toujours été frappée par ces plongées empathiques, et l'expression qu'elles prennent.
Ici, ce qui me frappe, c'est la justesse des notes autour de la solitude dans un pays inconnu, du froid, de l'intérieur/extérieur, de l'enfant imaginaire, du fantasme dévorateur, de la tendresse caressante, des superpositions et des échanges d'identité, et du deuil impossible, comme un congélateur interne..tout ça plein d'une tristesse douce.

Déjà, le titre : cet orque, créature qui jaillit de l'eau, mammifère intelligent, donc créature proche et pourtant étrangère, sans langue commune, avec sa petite bouche aux dents pointues, son front et ses yeux d'enfants monstrueux...et puis le noir et blanc, comme une représentation du clivage.

ma déclaration pour Véronique Courjault

par dh, vendredi 11 mars 2016, 12:32 (il y a 3181 jours) @ Claire

bof, moi ça ne me touche pas.

ma déclaration pour Véronique Courjault

par Claire, vendredi 11 mars 2016, 12:45 (il y a 3181 jours) @ dh

c'est plus une affaire de pensée que d'émotion, je crois. mais de quoi avons-nous le plus besoin ? d'être compris ou d'être plaints ?

ma déclaration pour Véronique Courjault

par dh, vendredi 11 mars 2016, 12:47 (il y a 3181 jours) @ Claire

justement pour moi ce qui compte c'est l'émotion.

ma déclaration pour Véronique Courjault

par Claire, vendredi 11 mars 2016, 12:53 (il y a 3181 jours) @ dh

il y en a aussi, mais décrire ainsi les choses de l'intérieur lui donne une tonalité particulière, triste et glacée omme son sujet.

ma déclaration pour Véronique Courjault

par Claire, vendredi 11 mars 2016, 13:05 (il y a 3181 jours) @ dh

ce qui me touche le plus dans cette histoire c'est la personne du mari : être capable de continuer à aimer quelqu'un après que le clivage ait révélé ce qu'il cachait, c'est très rare....être capable de continuer à voir la personne entière et à l'aimer.

01 j'écris pas / 02 orque

par d i v, samedi 12 mars 2016, 03:08 (il y a 3180 jours) @ d i v

01 j'écris pas / 02 orque

par Nom obstant, samedi 12 mars 2016, 07:34 (il y a 3180 jours) @ d i v

Possible d'avoir le texte ? Stp.
Je crois que j'aime cet ensemble

ma déclaration pour Véronique Courjault

par julien, samedi 12 mars 2016, 17:45 (il y a 3180 jours) @ d i v

Beau et saisissant.
(J'enlèverais peut-être le dernier vers, inutile à mon avis)