Temps errés

par Kel, vendredi 26 septembre 2014, 12:08 (il y a 3714 jours)

Ne méfie pas d'eau qui dort, eau contraire même, aime aller sur le sable des vieux coquillages, avancer vers la mer jusqu'à. Flancher au bord des falaises. Allongé au bord de l'eau, par paresse, laisser recouvrir l'écume des vagues... Soudain d'un bond, courir et plonger au milieu des gros rouleaux, jeté au milieu des flots nager au loin, aventuré à prendre le risque du large
regarder l'horizon, ressentir l'infini debout face à l'immensité, l'Océan la mer avec le ciel de bleu vert de mauve de gris, glazic, mêlés à la clarté éphémère d’un soleil éternel, ballotté par les vents marins, submergé d'émotions, envahi par les puissants sentiments de liberté venus d'ailleurs, de si loin à ressentir le désir emporter, jeté dans le vide, tel un goéland, une mouette, un cormoran, ou l'albatros là-bas, à s'envoler !..

Suivre l'état second des pensées enivrées, à la vie, à la mor.

En tempêtes, tempêtes dans les vers d'eau, comme à l'envers des éclairs, sol air. Anti-missiles, anti-militaires, anti-milliardaires.

Silence radio, tout tombe allo. Mais des paroles se réveillent, détonnent.
Tout semble immobile, condamné. Mais des gestes arrivent à nous soulever, comme par miracle, nous sortent de la paralysie. Nous libèrent des cloisons, nous rassemblent et nous rejoignent. Nous sauvent de la fin du monde tant annoncée sans états d'âmes.

'aime tout ce qui lutte, tous ceux qui luttent contre la grande lessiveuse des temps présents, 'aime les cerfs-volants terre estres.
'aime quand vient après la pluie, la caresse des rayons du soleil de derrière les nuages. Ou quand tombe la pluie après la fournaise, à l'eau secoure. Tout le temps.
'aime à songer à après le déluge, à après la canicule. Lorsque toute cette damnée apocalypse sera passée, que tout le mal aura été épuisé, ce mal qui ronge et qui tue, à grand et petit feu, quand nous pourrons à nouveau pleinement respirer, soulagés. La conscience tranquillisée. Quand nous retrouverons la plénitude perdue. A tous les égarés, les paumés dans ce monde.
Un beau jour, nous prendrons ensemble un bain d'amour. Mais d'ici là, notre résistance restera soumise à rude épreuve. Tiens, bon jusqu’au bout.

Temps errés

par catrine, vendredi 26 septembre 2014, 14:52 (il y a 3714 jours) @ Kel

oui, tenir ;)
je te partage ça, pour le plaisir de le partager, mais aussi parce que je pense qu'y réside peut-être une résonance : click

Temps errés

par catrine, vendredi 26 septembre 2014, 15:02 (il y a 3714 jours) @ catrine

et...




marcher et tenir — re/tenir

[ et on entendrait une voix limpide jaillir d'entre deux choeurs noirs et discordant ]

marcher comme ces arbres marchent dans l’apparente immobilité des choses, marche et deviens ce dépouillement lent des noms gravés dans ta chair, des mots étrangers à ton sang, de la langue qui n’est pas la fibre même de tes organes; des armes déployées ouvertes que tu tendais au monde des ciels pensés, hauteurs hallucinées, le méta surhumain du vide, l’abstraction maîtresse de toute destruction, marche comme laisser choir, encore

pensées peaux, pelures des autres, rages fourrures, écailles à pleurer longuement sur le monde, des pluies rudes, tombent tombent parmi tes sentiers rutilants, constellations d’espaces vécus où culminent mille et mille soleils, ils se tournent à ton passage et te contemplent, roi de vivance dans ton propre arbre, corps véritable. comme un seul soleil t’absorbe noir plus que le coeur métal, plus que la noirceur noire de mouches, nuits de toute chose, douleurs et putrescence, tu t’y délites cent fois et y renais cent fois car la mort vraie est sans mémoire ni reflets des feux luxuriant des êtres, où aimer. et vois, encore

ô nos soleils, denrées rares, lumière de, quelques éclats entre les dents, joies sauvages et rugueuses, animaux délicats des jouir, salives et ajoures rieurs ou figurations des couteaux transcendants, encoches et pointes de flèches rompues nettes sur ta paroles, quelques quartz très anciens ou de translucides silex parce que les entailles se souviennent. si dans tes rétines les couleurs semblent se noyer elles incubent un numineux fomenté depuis ton nom, et ton âme, un rien de ce geste oblong, désinvolte et suspendu, l’appelle comme de l’or brillant et vert. déshabille-toi sur sa seule voix.

au monde, yeux lavés des opprobres et des reproches, les bras nus dans le vaste mouvement de l’embrassement, sois comme au premier jour, sois ta première apparition. et debout parmi tes morts, sois plus vif qu’elles toutes, car nulles n’ont tes chants tenu dans leurs nuits où elles, vautrées et veules, incarnations des plaintes et stridences, mirages sirènes désirantes à te regarder succomber, ne te peuvent mourir jamais.

les taire, remplir toutes leurs bouches de leurs propres décombres à ravaler, d’humus, d’olives et d’huiles, pile comme passer à d’autres ciels, d’autres lumières autres, vivants feux d’êtres, pulpes chaudes, et alors, que ton chant s’élève au-dessus des brumes et brouillards des leurres gourds, que ton chant monte et transperce ta propre voix, et libérée enfin puisse-t-elle, ruban vibrant et habité, ambre liquide de ton seul souffle, faire résonner tes mondes dans l’exacte lumière de ton nom.












texte publié dans la revue papier Fr. Les Citadelles nº19, 2014

Temps errés

par Kel, samedi 27 septembre 2014, 14:23 (il y a 3713 jours) @ catrine

merci cat. je prendrai le temps de bien lire, de boire à tous tes mots que j'aime là.

Temps errés

par Kel, samedi 27 septembre 2014, 18:46 (il y a 3713 jours) @ catrine

C'est magnifique, Catrine.

Temps errés

par Ramm77 @, mercredi 01 octobre 2014, 16:10 (il y a 3709 jours) @ Kel

Partir d'une sensation dans l'eau, et flotte la pensée, de vague en vague les associations d'idées, d'images, grossissent le flux, déferlent sur la page-plage. Sensualisme, symbolisme, allégorie, métaphore... Bain magistral linguistique !