Des arbres
Vos chemins se sont croisés dans un bois. Sauf qu'il ne s'agissait pas d'un bois. Il y avait bien des arbres, si l'on veut, ce qui a pu vous induire en erreur à l'époque et encore aujourd'hui. Ces arbres, c'étaient des êtres, des copies infidèles du végétal ligneux. Dès qu'un arbre parle, il est foutu. Heureusement, cela ne se produit jamais. Lorsque vous embrassez un tronc au hasard, vous éprouvez une rare sincérité, équivalente à l'aura émanant d'une personne au dessus de tout soupçon. Ce genre d'intégrité pousse mal sur le terreau de la compétition. Bref, les gens rivalisaient par signes. Rien que d'ordinaire. Sinon qu'il s'agissait de formules écourtées, grossières tant au regard de leurs factures que de leur visée. Au vrai, les abréviations véhiculaient des pulsions à peine alphabétisées. Le dos tourné à la nuit, vous surviviez à ce langage brimé.