Poème à réciter

par Ramm77 @, jeudi 21 avril 2016, 12:11 (il y a 3140 jours)

Je préfère être le premier patient,
tôt le matin, dans la salle d’attente du médecin.
Rien ne bouge dans l’immeuble.
La corneille sur sa branche, dans la ville,
nous supplie qu’on la regarde.
Les voitures passent, silencieuses,
comme des barques sur l’eau.
On se croit rassuré après la révision du garagiste.
Un moineau fait une pose sur la « pissette » du balcon.
Sur la parquet, des traces de lait,
le sperme d’un éjaculation monstrueuse.
Les visages des sexagénaires sont abîmés par les soleils passés.
Une caresse les font délirer.
Lui, demande un Malabar soudain à la femme.
Elle accepte. Ils se le partagent, le hument, l’embrassent.
Le bon dieu, là-haut, joue piano forte,
les gouttes de pluie cinglent les flaques.
Quand les gens débarqueront d’une autre planète,
on les appellera « frère ».
Mais qu’en pense-t-il, lui, le Malabar ?
C’est un objet. Il ne pense pas.
C’est une friandise pour couples fatigués.
Un mâle dedans, qui encombre le palais.
Dans l’immobilité d’un jour férié,
seuls les arbres remuent.
Le dépérissement lent des feuilles vers l’automne est inéluctable.
Une étrangère demande soudain au professeur
de lui trouver un synonyme à « paranoïaque ».
Parler devant des visages sourds est souvent la charge de l’enseignant.
Des gros doigts boudinés, aux ongles courts,
déboutonnent la robe.
Il y a des fonctions dont le symbole
dépasse la nature de l’homme.
On découvre ainsi toujours
de nouveaux territoires avec l’être aimé.
Le bras est souvent l’accompagnateur de la parole.
Quand il est malade,
alors le verbe doit convaincre autrement.
Pourquoi les réverbères restent-ils encore allumés en plein jour ?
Dans la rigidité froide du matin,
une infirmière trottine vers l’immeuble
pour donner ses soins.

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