Les allitérations du hasard

Les allitérations du hasard


Voici venir une femme épouvantable socialement,
dont on imagine l’intimité.
Elle vous demande de l’embrasser pour de vrai, en jouant.
Tandis que dehors ruisselle une pluie monocorde,
il faut bien se distraire avec des combinaisons variées.
Deux vieillards marchent dans la rue, se soutenant par le bras.
Pourtant l’un est le fils de l’autre.
Le front plissé d’une jeune passante laisse beaucoup deviner ses tracas.
C’est une bêtise d’être dans l’image de soi pour plaire à l’autre.
Et faire sourire un visage austère, ne flatte que les vaniteux.
La femme épouvantable vous demande encore de l’embrasser.
Quand l’impossibilité de choisir vous impose le pire,
autant revêtir les oripeaux du moindre mal.
Un rayon de soleil accroche la grue du chantier.
Il en fait aussitôt une œuvre d’art.
La femme demande aussi à son ami :
« Etes-vous allitération ou assonance ? Moi, je serais plutôt allitération ! »
Il répond : « Il faudrait aller voir un médecin ».
Voici alors une moisson de phrases à gerber.
S’imaginer de ne plus avoir le temps rend réellement fébrile.
Je me souviens, avec tristesse, du défunt qui habitait cette maison,
que des vivants viennent de racheter.
Dehors il fait trop vilain. Dedans il fait meilleur.
Rentrons ! jusqu’à ce que la nostalgie du dehors frappe à la porte.
Finalement l’acteur devrait seulement donner envie de lire.
Ce serait son unique rôle !