Ténia
L'animal de tête suggère les lapins d'enfance. Ils s'alimentaient sans cesse. Nous remplissions quotidiennement leurs cages de nos cueillettes. Ils avalaient en dix minutes le fruit d'une heure de labeur courbé. L'été, nous les convertissions en tondeuses à gazon. Grand père avait confectionné des dômes grillagés que nous mouvions de place en place sur les herbes hautes qui envahissaient la cour. Ils avaient tôt fait de tout ratiboiser. C'étaient des bêtes à concours. Des raseurs de première, capable de rivaliser avec un troupeau de vaches. On aurait pu proposer leurs services aux voisins. Sauf qu'on ne confie pas volontiers des phénomènes de ce gabarit à des étrangers, fussent-ils mitoyens. À ce rythme, les rongeurs forcissaient plus vite que des Sumo. Cette croissance leur était fatale. Ils récoltaient l'un après l'autre un méchant coup de gourdin sur la nuque. Crac. J'assistais à l'ensemble des opérations, de l'exécution à la suspension sur un croc de boucher. Ensuite, grand père dépiautait l'herbivore, l'éventrait et le vidait de ses organes. C'est seulement alors que je commençais à éprouver un certain soulagement. Pensez, ce salopard et ses semblables avaient failli nous réduire en esclavage !Fil complet: