Rétablir la chrétienté

par Écrire, jeudi 02 octobre 2014, 22:59 (il y a 3708 jours)

Selon beaucoup de monde, à commencer par mère grand, maman ne pouvait pas rester dans cet état qu'à l'époque on nommait "fille mère". Cette formule agit à la manière d'un écartèlement outre sémantique qui déchire l'être sous les yeux de la communauté. On est mère ou on est fille. On est fille en attendant de devenir mère et lorsqu'on a atteint le statut de mère, alors certes, on reste fille, mais sur le mode mineur tandis qu'on est mère en grande majorité, sans discussion possible. Mais si on se retrouve fille et mère simultanément, il s'est passé quelque chose de fort peu catholique. Ça ne va pas. Il faut rétablir la chrétienté.

Rétablir la chrétienté

par zeio, vendredi 03 octobre 2014, 00:42 (il y a 3708 jours) @ Écrire

Jean-michel est la version distendue, iconoclaste, multi-niveaux, mentalisée, cryptique et subtile de geluck ? C'est l'oeil perçant fixé sur l'œil, un mystère enroulé dans une énigme, la conscience projetée sur la conscience. Cette faculté de provoquer révulsions et saccages avec des textes ethnologiques pourtant en apparence parfaitement indolores à mes yeux, m'interroge autant que les textes eux-mêmes. Reste qu'ils sont parfaitement dénués d'une émotion ou d'un affect quelconque et c'est peut-être ça aussi qui heurte ou parait condescendant, méprisant ou anti-poétique.

Rétablir la chrétienté

par 'trine & réglisse, vendredi 03 octobre 2014, 04:40 (il y a 3707 jours) @ zeio

là, sérieusement, je pense que tu tiens un bout de fil intéressant.

points sur les i

par Claire @, vendredi 03 octobre 2014, 10:47 (il y a 3707 jours) @ zeio

En ce qui me concerne, les révulsions datent du temps où Jean Michel postait des textes "humoristiques" remplis d'insinuations et de railleries méprisantes concernant tel ou tel participant du forum bleu, sans jamais le nommer, laissant juste à son lecteur le loisir de deviner de qui il s'agissait.
Je précise que je n'en ai presque jamais été la cible, mais je trouvais que cela instillait une sorte de joie mauvaise, qui provoquait dans l'ambiance générale quelque chose de très délétère. Et puis ça ne colle pas avec ma vision de l'écriture littéraire.

Ceci dit, il me semble (on n'est jamais tout à fait sûr avec les sous-entendus), qu'il y a peu à peu renoncé.

En ce qui concerne les textes "ethnologiques", qui sont souvent intéressants, tu parles d'absence d'émotion et d'affect, mais moi j'y vois plutôt une attaque des émotions et des affects....ce qui bien entendu pose question dans un lieu dédié à la création artistique. Je ne suis pas surprise des réactions que cela induit.

Le paradoxe c'est que ces attaques ironiques me semblent de nature à aggraver ce qu'elles dénoncent...disons la déliaison groupale.
Mais on sait bien que les grands ironiques sont le plus souvent de grands déçus.

Enfin, je le répète, il y a d'autres textes de Jean Michel que j'ai trouvés magnifiques, tout à fait en accord avec ce qu'il cite, à propos des liens entre la poésie et "un métier d'ignorance" (au sens pour moi de la découverte). Mais dans ces textes, l'émotion était présente.

(Jean Michel, tu peux intervenir si jamais tu as un avis sur la question :))

Des arbres à abattre

par zeio, vendredi 03 octobre 2014, 16:57 (il y a 3707 jours) @ Claire

Du point de vue de la "posture" ou positionnement social, cela me fait penser à Des arbres à abattre de thomas bernhard dans lequel le narrateur (bon, je raconte un peu pour les personnes qui ne l'auraient pas lu, pour le plaisir de la remémoration, pas pour me la jouer grand lecteur), invité à un dîner artistique, invitation qu'il a accepté sur le coup, sans bien réfléchir, et qu'il a regretté amèrement par la suite - mais nous, lecteurs, on ne regrette pas car cela donné naissance à un grand livre en spirale-, reste assis presque toute la soirée dans un coin d'ombre, près de la porte d'entrée/sortie (comme par hasard) du grand appartement viennois, assis confortablement dans son fameux fauteuil à oreilles, il va déblatérer dans une sorte de loghorrée maniaque son mépris de l'humanité en général et plus spécifiquement des autrichiens et de la société artistique viennoise. Cette position de l'aigri, qui se tient à l'écart, posté en sentinelle sur son point d'observation maniaque, qui va scruter, éplucher les comportements passablement ridicules de ses congénères, de manière totalement obsessive voire psychotique. Sans aller jusque là pour jean-michel, il y a une certaine similarité.
Je ne les compare pas littérairement (style radicalement différent) mais dans la posture glacée, figée quelque part ethnologique, bien que pour certains spécialistes le véritable travail ethnologique, ça n'est pas analyser à distance mais vivre au sein des populations autochtones non pas seulement pour les comprendre, mais pour les vivre véritablement dans la mesure du possible, voir le monde comme ils le voient, à travers leurs yeux. Bain empathique dans lequel ni bernhard ni jean-michel ne mettront le petit doigt car ce bain est jugé d'office méprisable, et la plèbe est haïssable.
Bref, jean-michel est à l'écart, ses silences sont perçues comme du mépris, à raison certainement, car il s'agit du mépris mais je crois aussi, d'un certain mépris de lui-même car il crache sur un milieu et un groupe auquel, quoi qu'il en dise, il fait partie (de même que thomas bernhard fait partie du milieu artistique viennois), il y a une auto-dérision ironique et souvent comique qui a tendance à attendrir l'aigreur bien qu'elle soit difficile à dénicher.
Évidemment, le comportement de thomas bernhard massacre le dîner artistique, il est comme un point noir sur une nappe blanche, mais un point noir qui a, sinon son utilité, du moins son rôle à jouer dans sa prise de liberté outrageante.
Peut-être que l'humour de jean-michel est en filigrane, quasi invisible, une sorte de ricanement lointain irritant et cryptique. Il joue des nerfs sans avoir l'air, par ce simple ricanement en sourdine il provoque des remous qui en disent plus long au fond, sur les sujets des textes, que les textes en eux-mêmes.

Du temps à ne pas tuer

par Écrire, vendredi 03 octobre 2014, 22:37 (il y a 3707 jours) @ zeio

Je respecte une règle de conduite assez simple. Elle consiste à ne répondre que lorsque j'en éprouve le désir (et le loisir), un désir animé de motifs positifs. Cette discipline élimine donc les remarques expédiées ou peu inspirées et les réactions négatives. De celles-là, je fais aisément mon deuil, car m'y abandonner équivaudrait à mépriser le temps qui m'est confié, à le rabaisser par un usage irréfléchi et malheureux.

:)

par Claire @, vendredi 03 octobre 2014, 22:46 (il y a 3707 jours) @ Écrire

oui, répondre n'est pas essentiel .

Du temps à ne pas tuer

par zeio, vendredi 03 octobre 2014, 23:06 (il y a 3707 jours) @ Écrire

Je trouve cette règle tout à fait respectable. et continue de penser que tu as un réel don d'horloger comme l'a exprimé catrine et plus simplement, j'ai du plaisir à te lire.

Du temps à ne pas tuer

par Claire @, samedi 04 octobre 2014, 11:07 (il y a 3706 jours) @ Écrire

je sais que c'est un peu lourdingue mes points sur les i, et je vais arrêter. Mais tu vois, j'aime beaucoup cet endroit, où je ne suis qu'une participante parmi d'autres, et je ne voudrais pas que s'y passe ce qui est arrivé au forum bleu à moment donné, et dont il se remet tant bien que mal, alors je fais le gardien de square. Mais vraiment, bienvenue...

Du temps à ne pas tuer

par zeio, samedi 04 octobre 2014, 12:53 (il y a 3706 jours) @ Claire

Tu as raison de le faire Claire c'est important, pour ma part j'apprécie.
Il faut des bonnes volontés comme la tienne pour maintenir la balance, sinon on voit qu'elle peut assez facilement et rapidement pencher d'un côté.

Rétablir le patriarcat

par Claire @, vendredi 03 octobre 2014, 10:57 (il y a 3707 jours) @ Écrire

Je ne suis pas sûre que ceci soit très lié à telle ou telle religion, mais plus au statut féminin immémorial : entre la case "fille de" et la case "mère de", il était obligatoire sous peine de rejet social de passer par la cas "femme de", en changeant de patronyme. Ceci afin d'attester de la filiation de l'enfant, et de l'appartenance de sa mère au père de l'enfant. Une femme qui fait des enfants avec des hommes auxquels elle n'appartient pas, qu'ils ne peuvent donc revendiquer...quel désordre et quel gâchis !

Mais ça, quand même, ça a bien changé.

Rétablir le patriarcat

par Écrire, vendredi 03 octobre 2014, 19:50 (il y a 3707 jours) @ Claire

Ou. J'évoque la Chrétienté parcequ'elle forme l'arrière plan culturel du récit.