Œilleton
Pendant sept années, j'ai vécu du train. Non pas que ce fut mon métier. Quoi que détenteur d'un niveau d'études bien supérieur, je ne jouis d'aucun métier. J'exerce une fonction. Sans pour autant être fonctionnaire. Admettons, à titre d'hypothèse provisoire, que je sois fonctionnel. Encore que cette fonctionnalité m'apparaisse fortuite, tant elle a été précédée d'une longue solitude. Une solitude sans nom, définitivement spectrale, trop originaire pour qu'elle trouve une issue dans une occupation salariée, de quelque nature fusse t-elle.
Elle s'est donc installée. Elle a ménagé son trou. À travers cet œilleton, j'ai vu une vie défiler. Bien qu'elle entretint une relation de proximité avec ma personne, je ne jurerais pas qu'il s'agissait de la mienne. Elle s'apparentait plutôt à l'existence d'un voisin assez familier pour que je feuillette ses pensées tout en étant inapte à en saisir le sens et à le raccorder à ses actes, à l'exception des plus transparents, tel que se beurrer une tartine, descendre les poubelles ou se masturber devant un krach boursier.
Elle s'est donc installée. Elle a ménagé son trou. À travers cet œilleton, j'ai vu une vie défiler. Bien qu'elle entretint une relation de proximité avec ma personne, je ne jurerais pas qu'il s'agissait de la mienne. Elle s'apparentait plutôt à l'existence d'un voisin assez familier pour que je feuillette ses pensées tout en étant inapte à en saisir le sens et à le raccorder à ses actes, à l'exception des plus transparents, tel que se beurrer une tartine, descendre les poubelles ou se masturber devant un krach boursier.