Contractions?
par 411, vendredi 13 mai 2016, 11:24 (il y a 3118 jours)
Salut à tous. Je crée ce fil car je suis turlupiné, en ce moment, par une question d'écriture purement formelle.
A savoir: pensez-vous qu'il faille écrire la contraction lorsqu'à l'oral elle est utilisée? Genre "j'pensais" "j'suis" etc
J'ai ce problème avec le rap car j'utilise souvent les contractions pour une question de rythme, de pulsation, de cadence. Du coup, je me retrouve emmerdé par l'écriture "à plat" de ces textes.
En gros, si je n'écris pas la contraction le vers devient bancal, et le rythme, à la lecture, ne retransmet pas grand-chose du mouvement du bazard de l'esprit du poète du vivant que j'espère être enfin.
Mais je n'aime pas écrire ces contractions.
Mais je veux aussi que le texte puisse être lu comme on lit un poème. Avec une pulsation.
Tiens d'ailleurs... autre question: Peut-on parler de poésie lorsqu'on parle de rap?
Pourrait-on un jour voir un récital de rap?
A savoir: pensez-vous qu'il faille écrire la contraction lorsqu'à l'oral elle est utilisée? Genre "j'pensais" "j'suis" etc
J'ai ce problème avec le rap car j'utilise souvent les contractions pour une question de rythme, de pulsation, de cadence. Du coup, je me retrouve emmerdé par l'écriture "à plat" de ces textes.
En gros, si je n'écris pas la contraction le vers devient bancal, et le rythme, à la lecture, ne retransmet pas grand-chose du mouvement du bazard de l'esprit du poète du vivant que j'espère être enfin.
Mais je n'aime pas écrire ces contractions.
Mais je veux aussi que le texte puisse être lu comme on lit un poème. Avec une pulsation.
Tiens d'ailleurs... autre question: Peut-on parler de poésie lorsqu'on parle de rap?
Pourrait-on un jour voir un récital de rap?
autre question
par d i v, vendredi 13 mai 2016, 15:51 (il y a 3118 jours) @ 411
Casey, c'est un homme ou une femme
autre question
par 411, vendredi 13 mai 2016, 16:06 (il y a 3118 jours) @ d i v
une femme^^
Sacrée rappeuse par ailleurs.
Sacrée rappeuse par ailleurs.
autre question
par d i v, vendredi 13 mai 2016, 16:11 (il y a 3118 jours) @ 411
bonne réponse
elle
je l'adore
elle
je l'adore
autre question
par dh, mercredi 25 mai 2016, 09:34 (il y a 3106 jours) @ d i v
kelig doit beaucoup l'aimer aussi, je suppose.
autre question
par Nouvelles du front, mercredi 25 mai 2016, 12:22 (il y a 3106 jours) @ dh
Coucou !
par zeio, mercredi 25 mai 2016, 23:49 (il y a 3105 jours) @ Nouvelles du front
- pas de texte -
Contractions?
par Claire, vendredi 13 mai 2016, 16:24 (il y a 3118 jours) @ 411
oui, c'est une question parce que l'apostrophe fait titi parisien des années 50 et ce n'est pas l'effet que tu veux donner je pense.
il me semble qu'il faudrait utiliser un autre signe, innover.
par exemple : j-pensais, j-suis ?
et oui, bien sûr le rap rentre dans les critères de la poésie. rythmes, images, sonorités, licenses verbales.
il me semble qu'il faudrait utiliser un autre signe, innover.
par exemple : j-pensais, j-suis ?
et oui, bien sûr le rap rentre dans les critères de la poésie. rythmes, images, sonorités, licenses verbales.
t'
par une Voix, vendredi 13 mai 2016, 21:03 (il y a 3117 jours) @ 411
Contractions?
par Rémy , vendredi 13 mai 2016, 21:59 (il y a 3117 jours) @ 411
Les réponses sont oui il faut écrire les contractions, oui on peut parler de poésie pour le rap et oui il y a des récitals de rap.
La poésie est née avant l'invention de l'écriture, du besoin de dire les choses en rythme et avec des assonances, pour mieux les retenir, et du plaisir qu'il y a à le faire et à l'écouter. Le rap n'est rien d'autre qu'une forme primitive de poésie, qui coïncide d'ailleurs avec la poésie qui se pratique dans les langues peu ou pas écrites.
Il se trouve que la langue française parlée est très éloignée de la langue française écrite : une foultitude de lettres écrites ne sont pas prononcées, en particulier toutes les terminaisons grammaticales.
Il se trouve aussi que la langue française écrite utilise la lettre e pour noter un grand nombre de phénomènes sonores, entre autres, elle note ainsi le schwa ("e muet", qui se prononce parfois mais pas toujours, comme dans "vaguement", prononcé "vagueumeng" à Marseille mais "vagment" à Paris), et elle l'utilise pour différencier les syllabes ouvertes des syllabes fermées (exemple : dans "vert", le t ne se prononce pas, dans "verte", le t se prononce mais pas le e => le e final sert à noter le fait que la consonne précédente se prononce).
Du temps de l'écrit-roi ont été mises en place des règles très artificielles de diction de la poésie écrite. Bizarrement, alors que la langue française était issue de Versailles où l'on parle plutôt un dialecte du nord de la France, la convention qui s'est cristallisée en poésie du XVIIe au XIXe siècle est de prononcer les e muets, comme ça se fait dans le sud de la France. Le comble du grotesque a été atteint en exigeant de prononcer les e qui servaient seulement à noter le fait qu'une consonne se prononçait, et en interdisant d'en mettre à l'hémistiche. Le XXe siècle a abandonné cette conception ampoulée de la lecture, surtout pour les poèmes qui doivent absolument se dire en rythme, à savoir les paroles de chanson. Piaf chante "ç'que les aut' pens' de nous, j'm'en fous", c'est-à-dire qu'elle prononce à la manière parisienne et pas comme une Marseillaise ni à la façon emperruquée du XIXe siècle.
Remarque : on n'utilise pas toujours un e pour indiquer qu'une consonne finale se prononce. Il arrive qu'on se serve d'un h, surtout dans les mots germaniques : bismuth. Et quand on veut transcrire du français oral sans donner au lecteur la possibilité de prononcer les e, on utilise l'apostrophe, comme ci-dessus dans le vers de Piaf.
La question qui se pose dans le cas du rap, qui est un art plutôt oral, c'est : si on l'écrit, qu'est-ce qu'on veut faire de ce texte ? À vue de nez, le but de coucher du rap par écrit, c'est de le transmettre autrement qu'en MP3. Si tu l'écris à la manière d'un livre d'école, en y mettant tous les e, tu donnes au lecteur la possibilité de choisir d'en prononcer d'autres que toi - autrement dit, tu as transmis la signification du truc mais pas son rythme. C'est comme donner à quelqu'un le livret d'un opéra sans la partition, sans les costumes, sans la mise en scène, etc. : ça peut avoir un intérêt mais tu n'as transmis qu'un tout petit aspect de l'œuvre. Donc si tu as l'intention de transmettre le rythme (ce qui est quand même la moindre des choses dans du rap), il faut indiquer les contractions.
Dans les cas où ça ne provoque pas d'ambigüités de prononciation, tu peux simplement supprimer les lettres non prononcées : "jmen fous". Seulement comme ça colle des tas de mots ensemble, ça devient hyperdur à lire : avec "çque les autpensde nous", t'as largué le lecteur, pareil si tu écris "tas" au lieu de "t'as" : il vaut mieux mettre des apostrophes pour qu'on s'y retrouve sans trop de difficultés.
D'une manière générale, quand on écrit, c'est une bonne idée de se souvenir qu'on doit rendre service au lecteur pour qu'il n'aille pas voir ailleurs avant la fin. Si c'est un lecteur avec un balai dans le cul, on lui rend service en respectant l'orthographe fleurie du XIXe siècle, mais si c'est un lecteur normal, il faut juste se débrouiller pour qu'il puisse lire sans trébucher tous les trois mots. C'est d'ailleurs l'argument principal contre le langage SMS : ce serait une manière habile d'aligner le français écrit sur le français oral, surtout pour du rap, mais on n'y est pas encore assez habitués, surtout pour des textes longs, donc c'est trop laborieux à déchiffrer, il vaut mieux utiliser des apostrophes.
Un récital de rap, ça s'appelle un concert, un jam, une session... Ça ne se fait pas dans un salon de la haute autour d'un piano à queue, et puis les costumes des chanteurs et musiciens sont légèrement différents, mais au fond du fond, c'est la même chose.
La poésie est née avant l'invention de l'écriture, du besoin de dire les choses en rythme et avec des assonances, pour mieux les retenir, et du plaisir qu'il y a à le faire et à l'écouter. Le rap n'est rien d'autre qu'une forme primitive de poésie, qui coïncide d'ailleurs avec la poésie qui se pratique dans les langues peu ou pas écrites.
Il se trouve que la langue française parlée est très éloignée de la langue française écrite : une foultitude de lettres écrites ne sont pas prononcées, en particulier toutes les terminaisons grammaticales.
Il se trouve aussi que la langue française écrite utilise la lettre e pour noter un grand nombre de phénomènes sonores, entre autres, elle note ainsi le schwa ("e muet", qui se prononce parfois mais pas toujours, comme dans "vaguement", prononcé "vagueumeng" à Marseille mais "vagment" à Paris), et elle l'utilise pour différencier les syllabes ouvertes des syllabes fermées (exemple : dans "vert", le t ne se prononce pas, dans "verte", le t se prononce mais pas le e => le e final sert à noter le fait que la consonne précédente se prononce).
Du temps de l'écrit-roi ont été mises en place des règles très artificielles de diction de la poésie écrite. Bizarrement, alors que la langue française était issue de Versailles où l'on parle plutôt un dialecte du nord de la France, la convention qui s'est cristallisée en poésie du XVIIe au XIXe siècle est de prononcer les e muets, comme ça se fait dans le sud de la France. Le comble du grotesque a été atteint en exigeant de prononcer les e qui servaient seulement à noter le fait qu'une consonne se prononçait, et en interdisant d'en mettre à l'hémistiche. Le XXe siècle a abandonné cette conception ampoulée de la lecture, surtout pour les poèmes qui doivent absolument se dire en rythme, à savoir les paroles de chanson. Piaf chante "ç'que les aut' pens' de nous, j'm'en fous", c'est-à-dire qu'elle prononce à la manière parisienne et pas comme une Marseillaise ni à la façon emperruquée du XIXe siècle.
Remarque : on n'utilise pas toujours un e pour indiquer qu'une consonne finale se prononce. Il arrive qu'on se serve d'un h, surtout dans les mots germaniques : bismuth. Et quand on veut transcrire du français oral sans donner au lecteur la possibilité de prononcer les e, on utilise l'apostrophe, comme ci-dessus dans le vers de Piaf.
La question qui se pose dans le cas du rap, qui est un art plutôt oral, c'est : si on l'écrit, qu'est-ce qu'on veut faire de ce texte ? À vue de nez, le but de coucher du rap par écrit, c'est de le transmettre autrement qu'en MP3. Si tu l'écris à la manière d'un livre d'école, en y mettant tous les e, tu donnes au lecteur la possibilité de choisir d'en prononcer d'autres que toi - autrement dit, tu as transmis la signification du truc mais pas son rythme. C'est comme donner à quelqu'un le livret d'un opéra sans la partition, sans les costumes, sans la mise en scène, etc. : ça peut avoir un intérêt mais tu n'as transmis qu'un tout petit aspect de l'œuvre. Donc si tu as l'intention de transmettre le rythme (ce qui est quand même la moindre des choses dans du rap), il faut indiquer les contractions.
Dans les cas où ça ne provoque pas d'ambigüités de prononciation, tu peux simplement supprimer les lettres non prononcées : "jmen fous". Seulement comme ça colle des tas de mots ensemble, ça devient hyperdur à lire : avec "çque les autpensde nous", t'as largué le lecteur, pareil si tu écris "tas" au lieu de "t'as" : il vaut mieux mettre des apostrophes pour qu'on s'y retrouve sans trop de difficultés.
D'une manière générale, quand on écrit, c'est une bonne idée de se souvenir qu'on doit rendre service au lecteur pour qu'il n'aille pas voir ailleurs avant la fin. Si c'est un lecteur avec un balai dans le cul, on lui rend service en respectant l'orthographe fleurie du XIXe siècle, mais si c'est un lecteur normal, il faut juste se débrouiller pour qu'il puisse lire sans trébucher tous les trois mots. C'est d'ailleurs l'argument principal contre le langage SMS : ce serait une manière habile d'aligner le français écrit sur le français oral, surtout pour du rap, mais on n'y est pas encore assez habitués, surtout pour des textes longs, donc c'est trop laborieux à déchiffrer, il vaut mieux utiliser des apostrophes.
Un récital de rap, ça s'appelle un concert, un jam, une session... Ça ne se fait pas dans un salon de la haute autour d'un piano à queue, et puis les costumes des chanteurs et musiciens sont légèrement différents, mais au fond du fond, c'est la même chose.
Contractions?
par 411, lundi 16 mai 2016, 11:45 (il y a 3115 jours) @ Rémy
Très intéressant ce que tu écris là, Rémy. Pour ce qui est du récital rap, je pense effectivement à l'image ironique de gens de la haute regardant un type rapper. Ce qu'il y a derrière cette image, c'est imaginer le rap comme ayant gagné sa place au paradis des cultureux, qu'on le prenne au sérieux en tant que science du langage. D'où l'importance pour moi de rendre cela lisible et de retransmettre le rythme du texte, même à l'écrit.
J'ai eu cette idée en regardant une interview d'Oxmo Puccino, auquel on repprochait ce manque de rythme, le texte mis à plat. Et quand on sait qu'Oxmo est sans doute l'un des plus grands paroliers du rap, ce truc m'a suivi et me suit encore: trouver une manière d'écrire le rap, et d'en rendre le souffle autant pour un auditeur que pour un lecteur. D'ailleurs j'ai pas mal de potes rappeurs qui font des fautes dans leurs textes, genre: "les signals", ou des erreurs de liaison genre: chacun cherchent à faire ceci ou cela. Et je suis hyper chiants avec ça, justement parce que pour être réellement pris au sérieux il faut arrêter de pardonner au rap ce qu'on ne pardonne pas dans la poésie.
J'ai eu cette idée en regardant une interview d'Oxmo Puccino, auquel on repprochait ce manque de rythme, le texte mis à plat. Et quand on sait qu'Oxmo est sans doute l'un des plus grands paroliers du rap, ce truc m'a suivi et me suit encore: trouver une manière d'écrire le rap, et d'en rendre le souffle autant pour un auditeur que pour un lecteur. D'ailleurs j'ai pas mal de potes rappeurs qui font des fautes dans leurs textes, genre: "les signals", ou des erreurs de liaison genre: chacun cherchent à faire ceci ou cela. Et je suis hyper chiants avec ça, justement parce que pour être réellement pris au sérieux il faut arrêter de pardonner au rap ce qu'on ne pardonne pas dans la poésie.