Il y a des règles

Un jour, le bidasse annonce qu'il va user d'une permission pour débouler à la maison. Il se fait une joie de rencontrer sa chère en chair en l'occasion. Maman annonce cette exaltante nouvelle. Bizarrement, ses parents n'apparaissent pas soulagés. Pourtant, c'était bien l'objet de la campagne publicitaire que de lui trouver un époux. Mais le contrôle de l'affaire leur a échappé. Ils ignorent tout de cet individu. Et d'abord, est ce un bon croyant ? Ensuite, est il "normal", ou s'agit-il encore de l'un de ses débiles empressés de prolonger leurs patrimoines génétique estropié ? Pire encore, un psychopathe ? Et voilà qu'elle leur annonce son imminente intrusion. Il veut observer la marchandise de près, c'est sur. Éventuellement la tâter. Peut être même s'y frotter et l'engrosser derechef avant de s'en retourner au feu, disparaître volontairement ou se signaler une ultime fois sous forme de faire part... On passe en revue les scénarios catastrophes. Au bout du compte, on admet qu'il n'y a pas d'autre choix que de courir le risque, mais on pose des conditions en vue de le minimiser. Les consignes sont strictes. Le tête à tête se fera en présence de grand mère et sous sa supervision. L'homme doit se tenir à distance respectueuse et ne pas tenter de toucher son interlocutrice. Cette restriction ne connaîtra que deux exceptions protocolaires : au début et au terme de l'entrevue, une embrassade brève sur les joues pourra être envisagée. On lui préfèrerait néanmoins une poignée de main platonique. On conçoit que ses pauvres contacts s'avèreront frustrants pour un jeune homme qui a effectué une longue traversée depuis la colonie afin de considérer de près ce qu'il fantasmait de loin. Mais l'acceptation de sa présence sous le toit qui l'accueillerait provisoirement et sans engagement autre qu'un bol de soupe aux poireaux, suppose le respect de ses exigences. Il y a des règles, surtout en période d'ovulation.