Mademoiselle Lecertois

Mademoiselle Lecertois

La journée de l’Ascension est une belle journée, même pour un athée,
raconte mademoiselle Lecertois.
Son chemisier bleu, au-milieu des chaises rouges, c’est vraiment très puissant.
Le père Raphaël, lui, à l’approche de la vieillesse, pense que l’impatience est un dernier feu.
On entend soudain, un rire sauvage, libéré et franc, qui fuse au-dessus du canapé.
Je suis souvent très jalouse du plaisir que les autres prennent de moi,
remarque mademoiselle Lecertois.
Dehors, l’aire de jeu dans le square, aujourd’hui, est baigné dans l’ombre, sans couleur. Quel est l’enfant stupide qui s’aventurerait dans ce terni ?
Toutefois, dans la galerie marchande, après les vacances scolaires, les dinosaures retrouvent leur liberté : courir dans les champs.
Chacune des phrases que prononce le père Raphaël est suivie d’un silence pâteux, chacune d’elle
abusant de la situation.
Il ressent fortement l’étreinte de la femme, comme une confirmation.
Toujours ainsi, dans le jour tombant, tombent les bajoues des tragédiennes.
A notre époque la conscience est dépassée, seule compte la réactivité.
Mademoiselle Lecertois voudrait bien remplacer ses passions basses par des passions nobles.
Un échafaudage moral la maintient debout. Pourtant si on enlève l’échafaudage, la femme ne s’écroule pas.
Quelqu’un qui parle si naturellement en alexandrins, on ne peut l’imaginer parlant autrement.
Vous avez une culotte sous votre soutane ? demandent brusquement les enfants au religieux, dont le visage s’illumine.
Bien sûr, d’une touffe charmante, comment s’exhumer ?
Le père Raphaël apprécie beaucoup, dans des night clubs, boire un chocolat brûlant avec des inconnus.