Poeme
J'ai forcé Néron à bruler Rome
Napoléon à bruler Moscou
Nerval à se pendre
Je couchais avec plaisir dans les cauchemars de Lautréamont
Couché comme un chat près du foyer
C'est moi qui ai forcé
Socrate à boire la ciguë
Les entrechats des statues brisées du forum
Un grand vacarme
Enfant déjà je dévorais la philosophie
Et ma gueule béante vomissait les membres
Des grands maîtres aux toges d'ivoire
Ma bibliothèque était infinie
Vertigineuse
Gengis Khan c'était moi
Tamerlan c'était moi
Et ces hommes que l'Histoire n'osent encore nommer
De peur de faire davantage chanceler l'homme
Plus encore dans son délire
C'était moi c'était moi
Ce cygne touché à l'aile par une flèche de feu
Ce sont mes yeux brûlés qui l'ont atteint
Ma grandeur est terrible car plus terrible
Encore est mon ombre
Ces airs que Tchaikovsky a produit
Ils venaient de cet ombre terrifiante
Si proche du foyer
Le plus beau de tous le plus lumineux
C'est moi qui ai percé sa poitrine
Et je suis mort de ma folie sous les
Coups d'un cheval
César qui passe le Rubicon
C'était encore moi
Moi encore grotesque immonde et bossu
Quémandant l'aumône d'un sourire atroce
J'ai noyé des enfants
Porté des couronnes d'or et des diamants
J'étais à la tête d'empires
Toujours souhaitant la ruine des pauvres
Souriant devant l'avarice des riches
Je les ai fait maître et la vierge
Et l'orphelin
Dieu que la douleur est belle
Combien ses fruits me sont précieux
Dis-moi Ulysse as-tu retrouvé ta femme
Et Télémaque ton fils ?
C'est moi qui t'ai perdu et combien j'ai ris
De tes misères
Vous êtes mes frères complices
Aussi lâches et tristes que moi
Vous aussi vous avez volé
Je vous compte un à un parmi mon armée de ténèbres
Comme le pasteur appelle son troupeau où règne la gale
Dois-je rappeler les mille services que je vous ai rendu ?
N'est-ce pas vous dont la morale couche avec les bêtes dans
Mon écurie où même mes porcs vous refusent leur place ?
N'était ce pas toi qui a conduit ces trains vers la mort certaine ?
N'est ce pas toi qui a construit ces ponts, ces routes, ces banques ?
Dans les rues boueuses de Londres la grande ouvrière
N'est ce pas toi qui a pris le pain du nécessiteux ?
N'est ce pas toi qui as refusé le bonheur à ton prochain ?
Ulysse ton Ithaque est encore lointaine
Neptune ta colère fait chavirer sur les côtes espagnoles
Des bicoques de fortune des millions d'Ulysse
Et sur les routes de Rome les croix portent encore D'étranges fruits
L'Europe même continent sans science sans maître sans dieu
L'Europe porte l'empreinte de mon suaire maudit
L'écho de mon rire
Voilà mon histoire :
Brusquement
Belle et tendre elle était là
Blanche et pure comme les héroïnes de Chrétien de Troyes
Son corps était fleuve
J'étais le tigre caché dans les herbes
De fauve j'étais devenu proie
D'ogre aux dent limés par le flux de la mer et
Comme la mer polit les galets et les débris de verre
J'étais devenu agneau blanc comme un nuage sans colère
J'ai aimé et depuis je suis parmi les morts
Brusquement
Il y a eu autre chose
J'ai été avec le roi pécheur sur sa barque
Ivre de poésie comme Perceval rêvant devant
Trois gouttes de sang sur la neige
Comme Perceval je suis resté muet devant le miracle
J'ai adoré le silence
Voudrais tu me faire mentir ?
J'ai gouté l'eau du Styx
Remplis ma gourde
Et plutôt qu'un
J'y ai fait tremper mes deux talons
J'ai tué
Scipion contemporain j'ai étranglé massacré
J'ai brisé l'Afrique piétiné ses griots
Céline atteint par le paludisme
J'en paierais le prix
Je paierais le prix qui pend aux absences
Dont je fais vote joie
Odyssée éternelle qu'est celle de mon malheur !
Écoutez de quelle musique vous faites votre gargarisme !
N'est ce pas là votre clé d'esclavage
Saint-Pierre parodique !
Votre corps lui-même tombe en servage
Aurait dit je ne sais quel Pasolini moderne !
Asie éternelle Asie
Parmi les premiers je me suis baigné dans le Gange
Mes réincarnations soudaines brulaient jusqu'à étreindre
La fleur de rose qu'était mon être
Le flot des cascades ne cicatrisait pas ma peine
Dans Mishima j'ai reconnu mes morceaux infimes
Répétés à l'infini
Destins oniriques écrits à l'encre de Chine
A l'origine du papillon comme de son suicide
Vague comique d'Hokusai
J'étais ronin ou samourai
Une perle à l'oreille d'une princesse
Mais noire absolument noire comme une dernière larme
Dis-moi Ulysse où en es-tu ?
La Méditerranée mérite-t-elle un délire si pesant ?
Et ton fils Télémaque n'attend pas t-il avec raison le royaume qu'il mérite ?
L'univers à ta portée
Je te l'offre tu auras des planètes à n'en que faire
Fait des forêts où reposent des dolmens de joie
Des saturnes aux anneaux de jais
Des lunes qui tournent autour de soleil éternels
Eloigne moi de tout ça
Eloigne moi de tout
Je t'en prie
Eloigne moi de tout ça
Je veux voir des gens vivre sans moi
Je veux voir des gens vivre sans
Je veux voir des gens vivre
La corruption ce mot si lourd
As-tu lu cette nouvelle de Dostoievski ou l'homme
Finit par détruire tout ce qu'il touche ?
Midas touchant à la poésie est le secret
De tout ce qui a été fait en poésie
Vivaldi mon ami
Vivaldi
Napoléon à bruler Moscou
Nerval à se pendre
Je couchais avec plaisir dans les cauchemars de Lautréamont
Couché comme un chat près du foyer
C'est moi qui ai forcé
Socrate à boire la ciguë
Les entrechats des statues brisées du forum
Un grand vacarme
Enfant déjà je dévorais la philosophie
Et ma gueule béante vomissait les membres
Des grands maîtres aux toges d'ivoire
Ma bibliothèque était infinie
Vertigineuse
Gengis Khan c'était moi
Tamerlan c'était moi
Et ces hommes que l'Histoire n'osent encore nommer
De peur de faire davantage chanceler l'homme
Plus encore dans son délire
C'était moi c'était moi
Ce cygne touché à l'aile par une flèche de feu
Ce sont mes yeux brûlés qui l'ont atteint
Ma grandeur est terrible car plus terrible
Encore est mon ombre
Ces airs que Tchaikovsky a produit
Ils venaient de cet ombre terrifiante
Si proche du foyer
Le plus beau de tous le plus lumineux
C'est moi qui ai percé sa poitrine
Et je suis mort de ma folie sous les
Coups d'un cheval
César qui passe le Rubicon
C'était encore moi
Moi encore grotesque immonde et bossu
Quémandant l'aumône d'un sourire atroce
J'ai noyé des enfants
Porté des couronnes d'or et des diamants
J'étais à la tête d'empires
Toujours souhaitant la ruine des pauvres
Souriant devant l'avarice des riches
Je les ai fait maître et la vierge
Et l'orphelin
Dieu que la douleur est belle
Combien ses fruits me sont précieux
Dis-moi Ulysse as-tu retrouvé ta femme
Et Télémaque ton fils ?
C'est moi qui t'ai perdu et combien j'ai ris
De tes misères
Vous êtes mes frères complices
Aussi lâches et tristes que moi
Vous aussi vous avez volé
Je vous compte un à un parmi mon armée de ténèbres
Comme le pasteur appelle son troupeau où règne la gale
Dois-je rappeler les mille services que je vous ai rendu ?
N'est-ce pas vous dont la morale couche avec les bêtes dans
Mon écurie où même mes porcs vous refusent leur place ?
N'était ce pas toi qui a conduit ces trains vers la mort certaine ?
N'est ce pas toi qui a construit ces ponts, ces routes, ces banques ?
Dans les rues boueuses de Londres la grande ouvrière
N'est ce pas toi qui a pris le pain du nécessiteux ?
N'est ce pas toi qui as refusé le bonheur à ton prochain ?
Ulysse ton Ithaque est encore lointaine
Neptune ta colère fait chavirer sur les côtes espagnoles
Des bicoques de fortune des millions d'Ulysse
Et sur les routes de Rome les croix portent encore D'étranges fruits
L'Europe même continent sans science sans maître sans dieu
L'Europe porte l'empreinte de mon suaire maudit
L'écho de mon rire
Voilà mon histoire :
Brusquement
Belle et tendre elle était là
Blanche et pure comme les héroïnes de Chrétien de Troyes
Son corps était fleuve
J'étais le tigre caché dans les herbes
De fauve j'étais devenu proie
D'ogre aux dent limés par le flux de la mer et
Comme la mer polit les galets et les débris de verre
J'étais devenu agneau blanc comme un nuage sans colère
J'ai aimé et depuis je suis parmi les morts
Brusquement
Il y a eu autre chose
J'ai été avec le roi pécheur sur sa barque
Ivre de poésie comme Perceval rêvant devant
Trois gouttes de sang sur la neige
Comme Perceval je suis resté muet devant le miracle
J'ai adoré le silence
Voudrais tu me faire mentir ?
J'ai gouté l'eau du Styx
Remplis ma gourde
Et plutôt qu'un
J'y ai fait tremper mes deux talons
J'ai tué
Scipion contemporain j'ai étranglé massacré
J'ai brisé l'Afrique piétiné ses griots
Céline atteint par le paludisme
J'en paierais le prix
Je paierais le prix qui pend aux absences
Dont je fais vote joie
Odyssée éternelle qu'est celle de mon malheur !
Écoutez de quelle musique vous faites votre gargarisme !
N'est ce pas là votre clé d'esclavage
Saint-Pierre parodique !
Votre corps lui-même tombe en servage
Aurait dit je ne sais quel Pasolini moderne !
Asie éternelle Asie
Parmi les premiers je me suis baigné dans le Gange
Mes réincarnations soudaines brulaient jusqu'à étreindre
La fleur de rose qu'était mon être
Le flot des cascades ne cicatrisait pas ma peine
Dans Mishima j'ai reconnu mes morceaux infimes
Répétés à l'infini
Destins oniriques écrits à l'encre de Chine
A l'origine du papillon comme de son suicide
Vague comique d'Hokusai
J'étais ronin ou samourai
Une perle à l'oreille d'une princesse
Mais noire absolument noire comme une dernière larme
Dis-moi Ulysse où en es-tu ?
La Méditerranée mérite-t-elle un délire si pesant ?
Et ton fils Télémaque n'attend pas t-il avec raison le royaume qu'il mérite ?
L'univers à ta portée
Je te l'offre tu auras des planètes à n'en que faire
Fait des forêts où reposent des dolmens de joie
Des saturnes aux anneaux de jais
Des lunes qui tournent autour de soleil éternels
Eloigne moi de tout ça
Eloigne moi de tout
Je t'en prie
Eloigne moi de tout ça
Je veux voir des gens vivre sans moi
Je veux voir des gens vivre sans
Je veux voir des gens vivre
La corruption ce mot si lourd
As-tu lu cette nouvelle de Dostoievski ou l'homme
Finit par détruire tout ce qu'il touche ?
Midas touchant à la poésie est le secret
De tout ce qui a été fait en poésie
Vivaldi mon ami
Vivaldi