Croissance difficile
Faut dire qu’elle a dépassé l’âge de l’enfance.
Nadine dort sous les escaliers avec le chien.
Par le fenêtre de l’immeuble,
on voit le quartier.
Des cars de touristes descendent des groupes de japonais,
allemands, javanais ou d’ailleurs.
Le guide leur raconte que c’est le quartier de Jean-Paul Sartre,
et de Zizi Jeanmaire que les japonais confondent avec Barbara.
Nadine n’a plus de chambre pour dormir.
Elle le répète.
Faut dire qu’on ne va pas lui laisser des fleurs sur la tapisserie toute sa vie.
Finies les fleurs.
Son père qui n’est pas son père, dans la rue,
se demande qu’elle chambre il va falloir maintenant,
donner à Nadine.
Puisque Nadine n’a plus de chambre pour dormir,
elle va au théâtre.
Au théâtre, les acteurs dansent, car ils ne savent pas leur texte.
Le public, dans la salle, leur souffle les répliques.
Comme c’est un petit théâtre, les acteurs sont gigantesques,
sur la petite scène.
Peut-être que les comédiens un jour deviendront les amis de Nadine.
Dans la salle, les japonais sont mécontents.
On se demande pourquoi, car si les acteurs ne connaissent par leur texte,
les japonais ne comprennent pas leur langue.
Mais les japonais insistent.
Nadine aimerait leur réclamer une chambre pour y dormir,
mais les japonais sont de passage, comme les allemands comme les javanais.
Nadine doit se satisfaire du mauvais spectacle dans le petit théâtre,
avec de vieux amis comédiens.
Le père dit aux ouvriers de se dépêcher de construire une chambre,
parce que Nadine est malheureuse.
Elle ne peut pas cacher ses seins qui poussent trop vite.
Elle doit croiser ses bras sur sa poitrine jour et nuit.
Elle ne peut rien faire de ses mains.
Il lui faut dormir de toute urgence dans un endroit
où elle pourrait se montrer à personne.
Le père se questionne pour savoir si Jean-Paul Sartre aurait trouver une réponse à ce problème.
Les japonais font beaucoup de bruit.
Les acteurs ne sont pas à la hauteur.
Les maçons doivent retourner dans leur pays, en Pologne.
Alors Nadine, sous l’escalier, va se recoucher,
avec son chien :
une peluche !