un goût de carton
Le bout du rouleau, il l'a atteint. C'est le moment où, quelle que soit la finesse des mets que l'on présente à son palais, on mâche un goût de carton. Il parle des craintes du médecin, tentative de les évacuer de lui-même pour les confier au spécialiste. Il est très tendu. On pourrait même dire, si l'on osait recourir à un terme plus roulé dans la langue qu'un galet par la mer : stressé.Quand il parle de la maladie, il s'arrange pour ne pas la nommer. Il l'évoque en creux, manière de feinter le détonateur symbolique. Mais la science s'est prononcée, en exerçant avec zèle sa doctrine de la précision.
Cependant, le discours s'inverse diamétralement lorsqu'on interroge la pythie en blouse blanche sur le thème du répit : "combien de temps reste-t-il ?". A ce moment, le soignant devient évasif. Il en sort un flou tel qu'il empiète sur le monopole de l'artiste. Nous ne savons pas. Nous ne pouvons pas savoir. Nous attendons dans l’antichambre de l'inconnu. Ce n'est plus nous qui décidons.
L’horloge achève le tour du propriétaire. Elle décrypte les lignes obscures figurant au bas du contrat et rappelle qu'il s'agissait d'une sous location avec vue optionnelle sur l’éternité.
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14/10/2014, 11:04
- il s'agissait d'une sous location avec vue optionnelle sur l’éternité - zeio, 16/10/2014, 00:50