c'est ce qu'a fait la mort
elle m'a retiré mes chairs
fiché un os dans mon coeur
un os creux pour aspirer
sucer la moelle d'aimer vivre
ensuite elle est partie
et j'avoue, je me suis laissée choir
car il n'y a rien à faire
ceci est un objet noir
par Claire, lundi 20 juin 2016, 11:48 (il y a 3080 jours) @ &raven
ceci est un objet noir
par &raven , lundi 20 juin 2016, 15:18 (il y a 3080 jours) @ Claire
..ha les chevauchements..
(ref) autre objet
par &raven , lundi 20 juin 2016, 15:28 (il y a 3080 jours) @ &raven
de / marcher seule
…reprendre la marche de marcher seule. Descendre parce qu’il faut descendre les lenteurs jusqu’au lit des colères. Longer ses gouffres, ses dents de pierre. Longer encore les éclisses, arêtes aux noirs tranchants noirs, escarpements où suppurent – lies plus qu’amères, ichors et sanies – des alvéoles, pleines, et où se larvent – salives infectées de fiels – les Hargnes endormies avec leurs filles. Ainsi je descends silencieuse jusqu’à regarder leur visage que rien ne lave. Ainsi je marche vers le lieu des eaux brûlantes, sombres de rouge, et j’en accepte les fièvres comme j’en accepte la plaie. Et comme j’en accepte la plaie j’en accepte ses pleurs. Ni tremblement ni rien, s’asseoir. Attendre des larmes la claire transparence. Attendre et recueillir l’eau et le sel de l’eau.
¤
cueillir le sel
Ce ne sont pas les mains, ce ne sont pas les mains qui cueillent le sel de l’eau, mais lentement l’interne visage. Et comme les eaux sont longues à clarté venir, se penche aussi longuement que terre tout le silence qui me porte. Tout le silence qui me porte jusqu’à la nuit rouge, cette nuit rouge où les enfances des Hargnes dominent. – Abîme, entends-tu mes sœurs et le chant rituel qui te maintient? Abîme, m’entends-tu au-dessus de la clameur? Abîme, reçois mon nom parce que j’ai aussi été ta fille. Je viens ouvrir mon visage à tes mains sublimes pour que tu prennes de moi ce qui n’est plus moi. – Ni tremblement ni rien, s’asseoir et laisser l’eau courir aussi lentement que le sel fleurit.
livre des/cendres
(ref) autre objet
par Claire, lundi 20 juin 2016, 15:36 (il y a 3080 jours) @ &raven
ceci est un objet noir
par Vagabond vagabondant, lundi 20 juin 2016, 13:48 (il y a 3080 jours) @ &raven
ceci a l'air d'un os, ou d'une partie devant être intégrée à un tout - et devant, de préférence, être observée à la lumière de cet ensemble (hypothétique).
ceci est un objet noir
par &raven , lundi 20 juin 2016, 14:48 (il y a 3080 jours) @ Vagabond vagabondant
(et ça fait mal)
ceci est un objet noir
par &raven , lundi 20 juin 2016, 15:47 (il y a 3080 jours) @ Vagabond vagabondant
ceci est un objet noir
par Vagabond vagabondant, mardi 21 juin 2016, 00:54 (il y a 3079 jours) @ &raven
Ecrire
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 00:58 (il y a 3078 jours) @ &raven
puis.. merci.
(je continuerai à un autre moment... parce qu'il faut clore ce qui a été ouvert)
Ecrire
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 01:03 (il y a 3078 jours) @ &raven
Ecrire+
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 01:20 (il y a 3078 jours) @ Écrire
en tout cas tu m'y as fait réfléchir, et j'apprécie.
pour le courage je te dis oui, et non.
oui parce que j'assume, j'avance là-dedans et traverse jusqu'à... un certain point, passant très proche de ce qui m'est un grand danger (question de raison — ou de raisonnabilité, parce que je ne sais pas jusqu'où je peux aller sans me casser) et non, parce que ressens une forme de nécessité, dans le sens où le geste d'écrire instaure peut-être ce qui tient du rituel de deuil, du dire adieu — de la digestion profonde, non organique, ou plutôt hyper organique, celle de la psychée (puisque c'est elle qui construit ces images qui se superposent à la vision réelle, à l'expérience réelle, en l'enrichissant, et en cherchant ... une résolution, une application concrète)(mais bon, je suis comme je suis, introvertie et introspective, aïe) ;)
Ecrire+
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 01:35 (il y a 3078 jours) @ &raven
notre vagabond parlait de transfiguration...
Ecrire+
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 02:26 (il y a 3078 jours) @ &raven
Ecrire+
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 02:31 (il y a 3078 jours) @ Écrire
et merci pour tous tes sourires (sous-jacents et/ou autres)
L'utile et le nécessaire
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 09:53 (il y a 3078 jours) @ &raven
L'utile et le nécessaire
par Rémy , mercredi 22 juin 2016, 17:23 (il y a 3078 jours) @ Écrire
L'utile et le nécessaire
par Rémy , mercredi 22 juin 2016, 17:31 (il y a 3078 jours) @ Rémy
Mutatis mutandis, un texte c'est comme une plante : d'accord d'accord l'impératif de croissance est très mauvais très vilain, m'enfin il faut bien quand même que ça pousse un peu.
L'utile et le nécessaire
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 19:07 (il y a 3078 jours) @ Rémy
(pardon pour ma grossièreté (au cas ou), mais tes... mouvements sont si apparant que...)
corr.
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 19:41 (il y a 3078 jours) @ &raven
L'utile et le nécessaire
par Rémy , jeudi 23 juin 2016, 02:03 (il y a 3077 jours) @ &raven
Et si tu essayais de temps en temps de ne plus t'excuser ni te justifier ? Quand je te dis "t'es pas cap' d'écrire trois romans sur le texte du Vagabond", ce qui est une évidence, pourquoi tu me brodes tout un racontar sur ta vie passée au lieu de simplement répondre "je m'y mets tout de suite, attends seulement", "ça m'a donné envie, on verra bien si j'y arrive" ou "t'as raison, ça va pas être facile" ? Ou "pauvre garçon", comme dh ?
L'utile et le nécessaire
par dh, jeudi 23 juin 2016, 02:06 (il y a 3077 jours) @ Rémy
L'utile et le nécessaire
par Rémy , jeudi 23 juin 2016, 02:08 (il y a 3077 jours) @ dh
L'utile et le nécessaire
par &raven , jeudi 23 juin 2016, 04:54 (il y a 3077 jours) @ Rémy
d'abord faut que je te dise que ce n'est pas demain la veille que je vais "obéir" à ta commande (quand bien même les textes de Vagabond auraient éveillé plein de choses chez moi) tout simplement parce que ce n'est pas ce que j'ai à écrire, point barre.
et ensuite là tu peux bien te et leur raconter tout ce que tu veux, me barbouiller, jouer au couillon et au vicieux, (venger x ou n au passage, qu'en sais-je) sauf ce que tu te racontes n'a à voir qu'avec toi. ça ne me touche pas du tout (et j'ai vu bien pire)
bon, perso, je trouve que tu te branles, là, sur le forum. je trouve que "tu te la crois". c'est une manière de dire qui n'est pas bien gentille, c'est vrai, mais admets tout de même que tu te mets en scène et crois à ton rôle. moi, je ne marche plus là-dedans. la frime, le show, c'est pour les gamins et les égos. putain d'merde, c'est petit. et moi je pense que tu veux mieux. vraiment mieux.
Le libre arbitre et le nécessaire
par Écrire, jeudi 23 juin 2016, 06:25 (il y a 3077 jours) @ &raven
Le libre arbitre et le nécessaire
par &raven , jeudi 23 juin 2016, 14:54 (il y a 3077 jours) @ Écrire
L'utile et le nécessaire
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 20:41 (il y a 3078 jours) @ Rémy
L'utile et le nécessaire
par Claire, mercredi 22 juin 2016, 20:56 (il y a 3078 jours) @ Écrire
moi je crois qu'il faut de l'inconnu pour que ce soit bon. C'est plus rare.
L'utile et le nécessaire
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 21:15 (il y a 3077 jours) @ Claire
L'utile et le nécessaire
par Rémy , jeudi 23 juin 2016, 00:34 (il y a 3077 jours) @ Écrire
Ou bien de l'habile, du rigolo, du fort, du bien trouvé, etc.. Il y a des tas de possibilités. Mais enfin, il faut bien qu'il ajoute quelque chose. Surtout si l'histoire de départ est banale.
L'utile et le nécessaire
par Rémy , jeudi 23 juin 2016, 00:31 (il y a 3077 jours) @ Claire
L'utile et le nécessaire
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 19:04 (il y a 3078 jours) @ Rémy
en passant, la psychothérapie, c'est bien autre chose, et tu le saurais si tu en étais passé par là (et auquel cas tu fermerais ta grande gueule au lieu de dire d'aussi zénormes conneries parce que tu aurais compris et déblayer tellement de choses que tu en aurais acquis du respect vis à vis de ce processus)... (et oui, je me permets de).
le reste de ce que tu dis est vide, c'est juste pour continuer à me casser du sucre sur le dos parce que tu en as besoin pour passer ta frustration (répétitive, harcelante, usante) qui (sans doute) mériterait que tu t'y arrêtes et ... l'analyses ... un tout petit peu...
L'utile et le nécessaire
par Claire, mercredi 22 juin 2016, 20:53 (il y a 3078 jours) @ &raven
J'ai l'impression qu'il mène une sorte de croisade contre certaines formes dominantes dans ce forum : une atmosphère sombre et douloureuse, une tendance introspective, etc...dont les dérives l'insupportent particulièrement. Je pense qu'il sait très bien la valeur de ce courant dans l'art occidental mais qu'il en voit surtout les écueils et qu'il prône d'autres démarches.
J'ai toujours trouvé ça plutôt utile, comme on apprécie dans un repas quelqu'un qui dénote et provoque gaiement, fait réfléchir autrement. Le problème c'est que comme tous les croisés il ne se soucie pas assez des personnes, va souvent trop loin, en rajoute, finit dans l'aigreur, ce qui fait perdre tous les bienfaits de sa critique et la rend même suspecte des excès opposés.
Mais c'est dommage, il y a beaucoup de choses intéressantes.
(j'te cause aussi Rémy, ca va de soi).
L'utile et le nécessaire
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 22:05 (il y a 3077 jours) @ Claire
par Claire @, mercredi 22 juin 2016, 20:53 (il y a 19 minutes) En réponse à &raven
Je peux me tromper mais j'ai le sentiment que Rémy n'en a pas vraiment après toi, ni après ce texte ni après personne en particulier ici.
— t'as le droit de penser ce que tu veux, mais il y a tout de même des constantes, à force, j'ai plus du tout ni de patience pour les petits jeux qui ne servent qu’à le couvrir de feuilles d'or, ni l'goût de (re)trouver mes gants diplomatiques.
J'ai l'impression qu'il mène une sorte de croisade contre certaines formes dominantes dans ce forum : une atmosphère sombre et douloureuse, une tendance introspective, etc...dont les dérives l'insupportent particulièrement. Je pense qu'il sait très bien la valeur de ce courant dans l'art occidental mais qu'il en voit surtout les écueils et qu'il prône d'autres démarches.
— ben, c'est son problème si ces aspects l'insupportent particulièrement, j'y suis pour rien. que veux-tu que j'y fasse !?
les écueils en sont l'auto-centrement, l'auto-apitoiement, et la non-résolution, et ce sont particulièrement des choses que j'abhorre.
comme quoi...
— mais bien sûr, faisons lui vite des guili-guilis, des lèchouilles de couilles et des bisous partout
(et surtout je ne vais pas changer juste lui faire plaisir, ou te plaire, ou applanir des "rugosités" ; j'emmerde la superficialité contemporaine érigée en système où les trois quart des gens, incapables de se retrouver avec eux-mêmes sans faire une crise d'angoisse, surconsomment des médocs, se suicident, pètent les plombs ou finissent par commettre des attentats)
J'ai toujours trouvé ça plutôt utile, comme on apprécie dans un repas quelqu'un qui dénote et provoque gaiement, fait réfléchir autrement.
— ben, pour tout dire, je suis gavée de son pot-au-feu... je vous le laisse. (gaiement).
Le problème c'est que comme tous les croisés il ne se soucie pas assez des personnes, va souvent trop loin, en rajoute, finit dans l'aigreur, ce qui fait perdre tous les bienfaits de sa critique et la rend même suspecte des excès opposés.
— très exactement suspecte
Mais c'est dommage, il y a beaucoup de choses intéressantes.
— tant mieux pour toi/vous si le dénigrement fait partie des "choses intéressantes" !
je déplore tout de même que la personne si pointilleuse et faisant constamment leçons sur "l'art et la manière" en manque autant.
(j'te cause aussi Rémy, ca va de soi).
— idem, mais je laisse tomber. qu'il fasse "son petit effet", applaudissez !
moi, son show de galerie me dégoûte.
bye bye, je vais voir ailleurs si j'y suis
L'utile et le nécessaire
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 22:15 (il y a 3077 jours) @ &raven
et.. le Rémy, il est tellement brillant et chouette et drôle, et il sait tellement de choses intéressantes
L'utile et le nécessaire
par Claire, mercredi 22 juin 2016, 22:21 (il y a 3077 jours) @ &raven
L'utile et le nécessaire
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 22:27 (il y a 3077 jours) @ Claire
"pour le coup" il serait bien chauffé)
L'utile et le nécessaire
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 22:32 (il y a 3077 jours) @ &raven
L'utile et le nécessaire
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 22:30 (il y a 3077 jours) @ &raven
L'utile et le nécessaire
par Claire, mercredi 22 juin 2016, 22:18 (il y a 3077 jours) @ &raven
Et il a bien titillé Kelig aussi.
Ne considère pas que tout le monde fait alliance avec lui contre toi, parce que ce n'est pas ca du tout.
L'utile et le nécessaire
par Rémy , jeudi 23 juin 2016, 00:48 (il y a 3077 jours) @ Claire
se bien porter
par Écrire, mercredi 22 juin 2016, 22:18 (il y a 3077 jours) @ &raven
C'est ainsi que je procède. Et je ne m'emporte plus. Et je m'en porte très bien.
se bien porter
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 22:44 (il y a 3077 jours) @ Écrire
pour certaines choses cela me sauve, pour d'autres cela me perd, je le sais bien.
un autre aspect considère qu'il n'est pas une seule personne sur terre qui mérite d'être ignorée.
je pense qu'à ma naissance quelqu'un m'aura trempée (en me tenant par les talons...) dans une potion humaniste dont rien ne me rince.
j'aimerais infiniment me foutre d'une foultitude de choses, ça me serait comme des vacances ! ;)
(je t'entends, load and clear, I'll work on that)
se bien porter
par Écrire, jeudi 23 juin 2016, 02:09 (il y a 3077 jours) @ &raven
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 16:24 (il y a 3079 jours) @ &raven
rien
à faire — être
mon corps échoué
l'esprit
repasse en boucle
le choc
la mesure d'un siècle écoulé
jaune tiède — inanimé
vide
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 16:37 (il y a 3079 jours) @ &raven
tenir la main du défunt
est-ce tenir la mort même
je touche la mort je touche la mort...
la phrase tourne
tourne et frappe et
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 16:51 (il y a 3079 jours) @ &raven
sèche
un cri muet — le sien
le mien
et rien
sinon
entendre
dans mon corps
sa part d'homme
sa part vivante
crier
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 17:02 (il y a 3079 jours) @ &raven
un homme de cent ans se tient debout dans le fleuve noir
mon prénom résonne comme s'il jaillissait de l'eau
des pierres — de la nuit
je ne tends ni la main ni rien tandis que l'homme s'éloigne
le rêve pleure longuement sur la rive
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 17:12 (il y a 3079 jours) @ &raven
je marche
sans rien en laisser paraître
je triche
avec les autres
proches trop proches
je fais semblant de
ne pas entendre
toutes les parts de lui
dans leur corps
je fais semblant d'être
sourde
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 17:23 (il y a 3079 jours) @ &raven
parts et parts rassemblées refaçonnent une image de
lui — désassemblent le mirage — pourtant qu'il marche
sur la rive, mes doigts de pieds frôlent
cette eau de nuit, fleuve interne, je suis debout dans le mythe
debout trouée et je m'échoue encore
ce n'est plus un aveu mais un abandon
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 17:32 (il y a 3079 jours) @ &raven
je cherche un couteau
un couteau pour couper la mort
l'os fiché
un couteau pour decouper mon coeur
trancher net
la nuit
le mort est sur un lit
le mort est jaune
la bouche ouverte
grande et noire
et il n'y a rien à faire
la nuit me dévore
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 21 juin 2016, 18:40 (il y a 3079 jours) @ &raven
grand-père tient ma main tandis que je marche le fleuve avec lui
« tu ne peux pas rester » dit sa voix
une image d'enfance, une bulle de couleurs chaleureuses m'enveloppe
ma main minuscule dans la sienne déjà vieille
et l'instant crève
suis sur la rive, le coton de ma robe taché d'eau noire
« n'entre pas dans le Lethée » et sa voix dit mon nom
et mon nom s'efface à la surface de l'eau
ceci est un objet noir
par Vagabond vagabondant, mardi 21 juin 2016, 19:22 (il y a 3079 jours) @ &raven
infiniment délicat d'en toucher un mot sans avoir l'impression d'y laisser du parasite, de l'impur, sans éprouver le risque de gâcher son je-ne-sais-quoi fragile à l'extrême et tremblant.
je ne peux pas te dire "ça me plaît", ni "c'est beau", ni "j'aime beaucoup", ni "ça me touche", parce que je sens qu'il en va d'une tout autre impression, peut-être plus profonde encore. quelque chose qui n'est peut-être même pas une impression, qui ne se réduit pas à n'être qu'un sentiment. je n'ose pas, pour effleurer ce qui remue en profondeur, employer de grands mots fondamentaux et intellectuels qui ne veulent plus rien dire pour personne, mais...
j'ai le sentiment
par &raven , mardi 21 juin 2016, 21:23 (il y a 3078 jours) @ Vagabond vagabondant
qu'elle me palpe et me boit
et ce qui me fait peur vraiment
très très peur ...c'est de n'y résister
je ne saurais te dire combien ta tentative très délicate à formuler depuis l'autour, à presque frôler l'objet,
repose et rassérène tout à la fois. mais je le dépose ici, je l'ouvre. et donc libre à toi dires et sentis.
je t'entends. je te reçois. merci aussi pour le sous-jacent.
j'ai le sentiment
par Claire, mercredi 22 juin 2016, 12:02 (il y a 3078 jours) @ &raven
pour autant, une cérémonie est quelque chose qui se partage, et c'est ce qui permet qu'on y approche des choses redoutables et sacrées, sans se perdre ou se noyer.
j'ai le sentiment
par &raven , mercredi 22 juin 2016, 19:29 (il y a 3078 jours) @ Claire
ceci est un objet noir
par &raven , mardi 28 juin 2016, 23:07 (il y a 3071 jours) @ &raven
sa main touche mon épaule puis mes cheveux longs où de grands fils blancs ondulent et bougent en permanence.
m'asseyant tout au bord de la rive où je dormais je vois émerger doucement un corps lavé et préparé.
« Viens, nous accompagnerons le corps jusqu'à la maison des tisserandes » et nous marchons sans marcher.
la rive disparaît, les éclisses noires et luisantes disparaîssent mais la nuit reste la même. le corps à l'horizontal
glisse tranquillement dans l'espace où nous mène la dame habillée d'une robe aussi noire que corbeau,
chacun de ses mouvements produit un bruit de plume et d'aile, même sa voix — et je cherche son nom..
au pied de la falaise, un immense creux abrite une âtre autour de laquelle sont sises trois tisserandes.
trois métiers sont montés de fils et trois rouets attendent. les trois tisserandes me tendent chacune un fuseau.
« Il est l'heure » dit la première, « Il faut agir » dit la seconde, « Maintenant » dit la troisième. trois fuseaux
tendus s'approchent et les fils blancs de mes cheveux ondulent vers et s'enroulent, s'enroulent et me quittent.
« Va près de l'âtre, repose-toi ; elles tisseront ton amour, ta mémoire et feront un linceul d'un blanc parfait.»
les tisserandes filent mes cheveux aux rouets et chacune me demande de raconter, longuement, qui fut l'homme,
et ce faisant, de raconter qui je fus à cet homme, qui je fus à sa fille, qui je suis dans ma nuit noire plus que...
mais je ne retrouve pas le nom de l'homme ni celui de sa fille ni le mien tombé dans les eaux du Léthée.
alors, comme mes cheveux ont entouré les fuseaux, les tisserandes se lèvent et m'entourent. leurs doigts frôlent
mon visage mon front, tout mon être. leurs doigts semblent chuchoter et chanter tout bas comme leur bouche.
elles chantent des images très anciennes, des paroles dans une langue d'avant ma langue, d'avant l'homme et sa fille.
leurs voix montent et enflent dans la nuit sans jour et ma voix monte avec les leurs. les images défilent derrière mes yeux,
courent sur ma peau, le monde, la vie, des hivers et des hivers, des printemps et des étés ..une femme un homme puis
l'enfant que fut ma mère, la femme qu'elle a été, puis l'enfant que j'aie été. « Mais je ne suis plus cette enfant » leur dis-je.
et leurs voix montent encore, les chants enflent et gonflent mon coeur et je ris et je pleure car toutes mes enfances se lèvent
en moi et chantent dans le chant levé des tisserandes de mémoires. « Le linceul est prêt » disent-elles d'un seul souffle.
« Qui enterrons-nous ? » fait ma voix. toutes s'immobilisent et me regardent. soudain je comprends. je comprends pourquoi
leur visage est le mien, pourquoi leurs voix sont la mienne. mais qui.. « Aujoud'hui, nous enterrerons le corps de ton chagrin
et nous chanterons sur lui les cantos des anciens».
nous entourons le corps et le corps lève doucement dans l'espace. nos voix entonnent la litanie des heures et
nous savons que ce chant est celui d'un siècle. une mémoire nous rejoint venue d'un autre lieu et c'est par ses yeux
que je reconnais l'homme qui a été son compagnon, le père de ma mère. une autre mémoire nous rejoint encore
et c'est par elle, vue par les yeux de l'autre, que je me reconnais enfin. les voix montent et se superposent. tout résonne.
tout résonne et dans mon corps se détachent lentement les noeuds étouffants qui, à mon foie, à mon poumon,
à ma gorge et mon coeur, à mes mains, retiraient le sang et le sens, le flot et le vif, l'entendement.
au centre de nous, le corps doucement descend dans une sorte de sol à la fois dur et meuble, nous tendons nos mains
au-dessus en formant une étoile. alors le chant remplit tout de l'espace et de ce que nous sommes, et nos mains jointes
font se dresser la tige verte et frêle d'un amélenche. et je souris, parmi mes noms et mes visages recouvrés.
ceci est un objet noir
par &raven , mercredi 29 juin 2016, 08:42 (il y a 3071 jours) @ &raven
... tu sais, Douleur ne s'eloigne jamais beaucoup
de sa proie elle est une suie grasse à l'esprit
qu'elle déguste et rôdant sans cesse en quête
de son ivresse elle cajole et mord en traitre
puis parade dans sa robe de crise.
je la regarde faire puis je finis par lui dire :
« Je ne dors pas tu sais.. je te vois. Approche et dis ce qui est à mal.
— Le puis-je vraiment ? dit Douleur en tordant ses mains d'un plaisir anticipé
— Pourquoi ne le pourrais-tu pas ? Tu rôdes, renifles, insistes, recommences ;
assieds-toi plutôt, et parles !
— Je t'aime, je reviens toujours parce que je t'aime. »
— ahahAHAHAahaAhAHAHAHahahahha ! s'esclaffa Humour.
ceci est un objet.
par &raven , mercredi 29 juin 2016, 01:18 (il y a 3071 jours) @ &raven
le rêve se restaurait de victuailles profondes
et comme un épiderme éraflé, à vif, coule de plaquettes,
des fleuves noirs t'écoulaient vive, noyant ton nom.
des figures et visages s'approchaient pour te prévenir,
leurs auras chargés de pleins si pleins et complets
qu'il te fallait être complète pour clore le chant
de l'arbre jeune où dort pour ta joie et ta paix
l'ancêtre chéri comme un père...
le rêve est ta forêt peuplée d'arbres jeunes où
marchent ensembles toutes tes mères et tisserandes
et où planter la peine, que croissent des joies.
terreau des terreaux, chante parmi tes arbres.
ceci est un socle pour un objet noir
par catrine , dimanche 10 juillet 2016, 18:46 (il y a 3060 jours) @ &raven
ceci n’est pas une thèse. s’il semble s’y former une théorie, je vous prie de bien vouloir l’envisager comme on envisage une nouvelle forme de nuage.
I
de la trajectoire, ses segmentations
(des rayons au sensible)
1) de la découverte:
il n’y avait pas, au départ, l’idée d’une direction à proprement parler mais plutôt quelque chose qui tient d’avantage de l’élan et de l’allant, élan et allant dans l’enjambée, le saut, le lancer, le pas, mouvements de l’écrire. ayant découvert plus tard que la “trajectoire” d’un moment d’écrire n’était jamais décidée que par l’objet lui-même (l’objet étant l’écriture elle-même), la véritable découverte vint par le fait que j’avais beau vouloir décider d’un climat ou explorer tel sujet, l’écriture menait, décidait et traversait: si l’écriture menait, alors il me fallait accepter que l’écriture se décide et s’exprime par elle-même, donc abandonner [vouloir] et toute forme du vouloir, mais aussi accepter que l’écrire passe au-dessus, plus haut que [moi]. je ne me demandai pas vers où et quoi tel élan ou allant, découvrant au fur et à mesure, mais je sens que [ici maintenant], bien que tous les essais ne soient pas tout à fait d’égale qualité, tous ont une sorte de poussée vers… une ouverture, quelle qu’elle soit.
2) de l’approche :
si l’écrire lance un objet dans l’espace ouvert devant – ou en quelque direction, même derrière mon épaule – l’objet figure une bille ou une pierre; un morceau de bois une boule de papier; une seule seconde ou des milliers; une flèche un crayon; des étamines ou de la neige; un organe, une minuscule cellule; un crâne une planète; un son une couleur (que ne lance-t-on) – l’objet, bien qu’il tienne de l’écrire et du souffle, n’est qu’un objet que l’écrire lance/projette/propulse vers. la trajectoire quant à elle, est déterminée partiellement par le poids accordés à l’objet, poids du sens lors de son évocation, et par la manière de le balancer/calibrer/équilibrer ou déséquilibrer/déconstruire.
2.0)
si l’instant est un arc sensoriel et propulseur, et que s’y centre l’objet de l’attention du moment, la concentration et l’arc décident de la cible du/des sens.
2.1)
si la trajectoire n’est décidée que partiellement par le poids accordé et la concentration même dans l’instant (dans l’écrire), c’est qu’en (grande) partie cette trajectoire ne peut s’accomplir sans l’ouverture d’une brèche (ou fenêtre) dans la réceptivité du lire. ainsi chaque lecture donne ou ajoute une impulsion, ou arrête l’impulsion avec un “bouclier”.
3) du constat:
à la longue, certains élans se recoupent ou se regroupent, font leur propre théorie des ensembles, assemblant les cordes des arcs pour qu’elles résonnent entre elles à leur manière – manière qui ne tient pas nécessairement compte des catégories mais les traversent et les accordent souvent. il s’agit de reliant, intérieur-extérieur, puis extérieur-intérieur, mouvant depuis l’écrire jusqu’au lire, dans le but précis de maintenir en mouvement, donc mobile, tout aspect interpellé, fut-il extérieur – objet du monde – ou intérieur – affect, pensée, résonance.
II
de l’incertain, ses possibles et probabilités (du sensible aux rayons)
1) la pratique du sens :
de l’incertain il y avait au départ l’idée de son hyper-relativité subjective, puis du malléable de sa matière/pulpe, donc sa capacité de transformation – capacité intrinsèque de l’incertain même. ainsi, je le pensais, il n’y aurait eu qu’à avancer dans cet incertain en l’acceptant tel quel pour que de ses miasmes dispersées, de ses brumes, ses flous et diffus, la silhouette d’un corps de sens apparaisse, se divulguant peu à peu comme un clocher en plein brouillard, un navire sur la mer, la tour dans la forêt indistincte, que le vent preste dégage ou dévoile en partie un fugace moment. dès lors on aurait-on pu croire au moment de l’apparition qu’elle n’est pas telle qu’elle se représente de prime abord, qu’elle glisse dans d’autres formes (comme les mirages mouvant peuvent l’emporter sur la pensée) faisant croire à l’existence d’une forme x dans un contexte précis alors que rien de tel n’existe, sollicitant d’abord l’imagination puis le rationnel, pour finalement réaliser une toute autre forme, soit concrète (repère extérieur solide/tangible), soit abstraite (repère intérieur d’un affect/impalpable), soit une juxtaposition des aspects concrets et abstraits … mais, à force d’observations il appert que les formes émergentes ajustent leurs formes d’elles-mêmes depuis la position et le contexte du perceveur, depuis le perceptif même du perceptif vif de la sensorialité ou d’un système sensible, c’est à dire que la forme émergente sera variable en fonction des valeurs et des codes imprimés/absorbés dans/par le système sensoriel du perceveur, comme sculptée par lui, et que même sa rationalité aura une “teinte” qui lui est propre (donc subjective). il me fallait non plus seulement surmultiplier les angles et les ouvrir depuis le coeur même d’un incertain (tout en le protégeant) pour couvrir tous les rayons, mais simultanément le cerner et le circonscrire comme on trace d’un cercle le pourtour d’une cible afin que tout perceveur ou presque puisse en arriver à une forme de réception relativement égale à la relativité subjective des perceptions que je rencontrai… seulement, était-ce possible…
2) et d’une philosophie :
l’incertain se contient; rien n’émane vraiment de lui qu’au moment où il est atteint, et atteint il se transfigure immédiatement. l’incertain contient sa propre incertitude – ce qui le place dans l’ambivalence plus que dans l’inquiétude – en même temps qu’il contient un présent – autant ce présent du temps [de l’ici maintenant ] que celui offert contenant une surprise, une découverte, un inattendu (la source de l’étonnement).
3) mais du risque :
de ce point de vue, choix d’angle de regard et d’approche de l’incertain même, peu à peu se dessine dans l’entendement que j’ouvre toujours un peu plus, ce qui pourrait ressembler à une antidote au grand culte du Vide né du néant des Nietzschéens, ou du surplein d’un dieu quel qu’il soit, promettant plénitude sur un plan “hors vie”, donc après la mort uniquement (inutile à tout vivant qui qu’il soit), ou y promettant mille tourments (non nécessaires au bien être des vivants qui qu’ils soient). donc l’incertain, hors des aspects confortables de la pensée matérialiste, hors de la finitude du grand Rien, pourrait faire office d’agent dégageant, libérant des espaces et les aménageant peu à peu hors du “défini fini” tel que l’Histoire de l’Homme l’a jusqu’ici décrit et prescrit. il y a évidemment une pointe d’humour dans cette formule, et un dégagement très certain et senti, pressenti comme une nécessité de l’époque. ni aplomb ni fuite, mais l’apprivoisement de territoires non déterminés, n’appartenant qu’à eux-mêmes, ne s’ouvrant que lorsqu’une ouverture y est rencontrée, comme si les possibles ne pouvaient s’aboucher, se transmettre, se partager, que par la seule condition de l’ouverture, dans sa réciproque…
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extrait d'un essai : l'être et le sens au présent de l'incertain, une approche. part II.
© Catrine Godin 2012