vie associative

par Claire, lundi 20 juin 2016, 19:00 (il y a 3080 jours)

un projet de recueil :


VIE ASSOCIATIVE



Donner une forme à ce qui nous accompagne sans cesse : cette sphère de pensée qui enregistre, commente, anticipe la réalité, d'instant en instant.
Comme des escargots qui mènent leur chemin, chargés de cette maison intime et invisible, dont le perpétuel mouvement, organique, modifie et enrichit, masque aussi le réel.
Ce qui se rappelle à nous, ce dont on rêve, nos peurs, ce qu'on anticipe avec plaisir.
Les livres qu'on a lus, et imaginés, les images vues, les souvenirs de lieux et d'épisodes de vie, les récits des autres, notre monde inconscient qui parfois affleure, nos rêves et leur mystère, les dialogues que nous fantasmons avec tel ou tel, les dialogues dont nous gardons le souvenir déformé.
Nos croyances, notre passion d'observer, la surprise sans cesse renouvelée du réel, que bien souvent nous occultons. Ce qui fonde notre identité.
Nos émotions changeantes, nos humeurs, nos admirations et nos mépris.
La vie sensorielle, ou intéroceptive de notre corps, à chaque instant. L'image consciente et inconsciente de notre corps, qui nous accompagne.

Dans la réalité vivante, tous ces fils, toutes ces lignes s’embrouillent et se mêlent, se répondent, se contrarient, se superposent. Nous vibrons de tout ce qu’ils éveillent comme échos affectifs, et ce brouhaha est notre lecture du monde, l’héritier de notre mémoire, la projection toujours en mouvement de nos désirs.
Tout ceci en résonance constante, comme des armées intérieures qui se meuvent dans l'obscurité, se rencontrent, se recouvrent, s'opposent, réclament à tour de rôle le projecteur de la conscience. Ou bien comme si la coquille contenait des compartiments, séparés par des membranes semi-perméables et que la conscience voyageait sans cesse dans tout cela.
Si tout cela n'existait pas, comment aimerions-nous quelque chose ou quelqu'un ?

L’écriture poétique, parce qu’elle joue constamment sur l’association, l’imaginaire et la mémoire, parce qu’elle utilise les mots dans toutes leurs composantes, me semble adaptée pour transcrire quelque chose de ce kaléïdoscope, de ces couches sédimentaires en remaniement constant, et de leur émergence soudaine. Même dans le plus profond du sommeil, puisque c’est là que se crée le rêve.
C'est le projet de cette série.

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