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par d i v, mardi 28 juin 2016, 17:32 (il y a 3072 jours)

.
























c'est souvent des gens malheureux qui écrivent des poèmes.


























.

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par Claire, mardi 28 juin 2016, 18:12 (il y a 3072 jours) @ d i v

souvent, oui, mais pas toujours.
moi je crois que ce sont des gens qui ont quelque chose à dire qu'ils ne peuvent pas dire autrement.

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par Écrire, mardi 28 juin 2016, 20:02 (il y a 3072 jours) @ d i v

Lol.

Simple constat.

D'ailleurs, on trouve rarement "youpi !" dans un poème de poète.

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par ..., mardi 28 juin 2016, 23:36 (il y a 3071 jours) @ d i v

tout ce que tu vois te fait mal

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par &raven @, mercredi 29 juin 2016, 01:20 (il y a 3071 jours) @ ...

cesse de l'enfermer dans tes paroles !
cesse de le tuer !

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par pensée du matin sous un ciel bleu, mercredi 29 juin 2016, 09:08 (il y a 3071 jours) @ d i v

certainement pour ceux qui écrivent sur les forums pour avoir l'air d'exister.

quelles pensées te viendraient sous la pluie ?...

par Claire, mercredi 29 juin 2016, 09:28 (il y a 3071 jours) @ pensée du matin sous un ciel bleu

...on préfère ne pas imaginer.

quelles pensées te viendraient sous la pluie ?...

par tout simplement, mercredi 29 juin 2016, 13:16 (il y a 3071 jours) @ Claire

tuer le temps

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par Vagabond vagabondant, mercredi 29 juin 2016, 12:46 (il y a 3071 jours) @ pensée du matin sous un ciel bleu

"pour avoir l'air d'exister"

c'est un bon premier motif

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par &raven @, jeudi 30 juin 2016, 16:27 (il y a 3070 jours) @ Vagabond vagabondant

il y a eu "l'air du temps"... et maintenant "l'air d'exister"
les deux n'ont rien en commun : le premier se sent quand le second se confond (?)

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par catrine @, mercredi 29 juin 2016, 18:11 (il y a 3071 jours) @ pensée du matin sous un ciel bleu

certains, écrivant sur "des forums", existent tellement que tu ne le supportes pas ; l'envie te ronge, au point de vouloir les casser.

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par Pensée du matin sous un ciel blanchâtre, jeudi 30 juin 2016, 10:04 (il y a 3070 jours) @ catrine

c'est extraordinaire cette facilité de se mettre dans la peau et la pensée d'un autre. Oui il faut être en manque pour rejoindre les forums en communiquant de façon artificielle. Cela n'a rien à voir avec le livre mijoté pendant des mois distribué et basta, ou monter sur des planches pour communiquer en direct.

En même temps cela permet de voir les dérives des forums, se lâcher sur le clavier

surlien

par catrine @, jeudi 30 juin 2016, 14:40 (il y a 3070 jours) @ Pensée du matin sous un ciel blanchâtre

tu ne changes pas : les mêmes amertumes, les mêmes attaques ; les mêmes envies, les mêmes mépris. le masque évident.

et tu agis exactement ce que tu décris et décrie, exactement.

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par zeio, mardi 12 juillet 2016, 00:03 (il y a 3058 jours) @ Pensée du matin sous un ciel blanchâtre

Les forums ne sont pas un bouleversement magique, ils sont simplement une forme évoluée, rapide et collaborative de l'échange épistolaire, au même titre que les e-mails. Par le passé des écrivains étaient outrés par cette forme de communication que représentait le courrier postal, les lettres, que les "fantômes mangeaient en cours de route". L'artificiel est dans les mots ou dans les êtres, pas dans le médium...

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par Rémy @, mardi 12 juillet 2016, 00:24 (il y a 3058 jours) @ zeio

Ah non ah non ah non. Une lettre ou un mail sont des communications privées entre deux personnes, alors que sur un forum, on parle à la cantonnade, à plusieurs et en public. C'est fondamentalement différent, et cette différence n'est pas une question de modernité ni de technologie.

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par zeio, mardi 12 juillet 2016, 01:18 (il y a 3058 jours) @ Rémy

La porte ouverte dynamitée te dit merci... y a plus qu'à appeler le menuisier.

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par Rémy @, samedi 02 juillet 2016, 10:55 (il y a 3068 jours) @ d i v

Mais les meilleurs poèmes sont ceux où ils ont trouvé du bonheur et pas ceux où ils racontent leurs affres.

Péridurale du poète

par Écrire, samedi 02 juillet 2016, 12:50 (il y a 3068 jours) @ Rémy

Il serait temps d'inventer la péridurale du poète. Techniquement, c'est délicat, car s'il couve avec ses tripes, il accouche par la tête.

Péridurale du poète

par Rémy @, dimanche 03 juillet 2016, 22:35 (il y a 3066 jours) @ Écrire

Ah, te souviens-tu de l'ancien temps ? Il fut une fois où j'avais lancé l'idée d'écrire des petits mensonges qui rendent les gens heureux, ou qui les font sourire, par exemple : croquer dans un poivron et embrasser sa moitié en disant qu'on revient d'Espagne, ou bien, quand on est marchande de fromages, dire à un client qu'on lui donne le saint-pourçain qu'on s'était réservé pour soi-même. Et,t'en souviens-tu, PERSONNE n'en n'avait été capable, TOUT LE MONDE avait inventé des malchances qui se finissent moins mal que prévu, des méchancetés à peine adoucies d'un mot gentil, des contre mauvaise fortune bon cœur, des du pied gauche ça porte bonheur, bref rien que des saloperies.

Ben c'est un peu pareil, ce que tu proposes là. Il n'y a pas de raison de croire que l'accouchement de poèmes réussis doive être douloureux, ni qu'on améliorerait leur heureuseté en facilitant l'expulsion. Les poèmes les plus réussis sont ceux où le poète à pris du plaisir, que ce soit à les écrire, parce qu'il était content de les avoir réussis, ou parce qu'ils l'évadaient de ses affres, ou tout ça à la fois. Aucun besoin d'anesthésie là-dedans.

Péridurale du poète

par Écrire, lundi 04 juillet 2016, 04:36 (il y a 3066 jours) @ Rémy

Ma remarque se voulait délibérément fantaisiste...

Quant à ton équation "plaisir = réussite", elle est tentante par sa simplicité.

Péridurale du poète

par Rémy @, mardi 05 juillet 2016, 12:41 (il y a 3065 jours) @ Écrire

Personne ni moi n'avons prétendu que le bonheur fusse quelque chose de simple, ni qu'il serait facile de trouver du bonheur quand on est un poête affreux (c'est-à-dire en proie aux affres, comme un pouilleux est la proie des poux et un lépreux la proie de la lèpre) (si vous êtes la proie des lamproies, pour vous en sauver, par trois fois susurrez "ce seront des cerises"), et encore moins de la simplicité. Il y a de bonnes raisons pour que tous ces mots & concepts soient soigneusement distincts... Le plus facile est toujours de céder à ses affres et d'écrire de flemmardes déprimeries.

Péridurale du poète

par &raven @, mardi 05 juillet 2016, 18:10 (il y a 3065 jours) @ Écrire

je suis contre l'anesthésie, archi contre (mais cela ne devrait pas t'étonner..)

Péridurale du poète

par Écrire, mardi 05 juillet 2016, 19:40 (il y a 3065 jours) @ &raven

Dans le domaine artistique, je le conçois volontiers. L'anesthésie est antinomique à ce turbin spécial. Par contre, chez le dentiste...

Péridurale du poète

par zeio, mardi 12 juillet 2016, 00:12 (il y a 3058 jours) @ Écrire

J'avais vu un documentaire un jour sur un dentiste qui s'était rendu dans une tribu amazonienne pour exercer son travail et sa bonne conscience devant une caméra. Les "sauvages" refusaient la piqûre, l'anesthésie, il arrachait les dents avec sa pince, et les "sauvages" bronchaient très peu, ils s'amusaient même en voyant cette pince bizarre entrer dans leur bouche. C'est ce qui a le plus étonné le dentiste. C'est une question d'habitude et surtout, une question culturelle. On nous apprend certainement à fuir la douleur autant que faire se peut, le corps apprend la leçon, au moins aussi bien que l'esprit.

Péridurale du poète

par Rémy @, mardi 05 juillet 2016, 23:59 (il y a 3064 jours) @ &raven

Tu périras dans un râle pour avoir râlé contre la péridurale.

Péridurale du poète

par Rémy @, mercredi 06 juillet 2016, 00:01 (il y a 3064 jours) @ &raven

Tu jouis de tes affres, avoue ! Comme d'autres ont la fleur bleue contondante.

Péridurale du poète

par Claire, mercredi 06 juillet 2016, 09:42 (il y a 3064 jours) @ Rémy

Je vais intervenir malgré mes bonnes résolutions, parce que tu vas un peu loin dans tes interprétations, Rémy, et surtout tu parles de choses que - forcément - tu ne connais pas.
L'accouchement, c'est intense et violent, comme une tempête organique, à la fin on est presque plus consciente de ce qui se passe tant la sensation est forte.
Quand tout va bien, la douleur est supportable parce qu'elle est rythmique, avec des pauses prévisibles, et surtout qu'on est active. Et quand tout se passe bien, que la naissance est heureuse, qu'on n'est pas du tout inquiet, c'est peut-être la seule occasion qui existe de ressentir une douleur liée au bonheur, et non à la peur et au refus, à la maladie, à l'accident. C'est une sacrée expérience, qui permet de se rendre compte du poids du psychologique dans la perception de la douleur.
Du coup, ça vaut la peine de l'avoir vécu, je trouve, même si la péridurale (j'ai connu ça pour la troisième naissance) permet d'être plus consciente de ce qui se passe et donc de profiter un peu plus de l'évènement, d'une autre façon...mais on a mal quand même, hein ! :)


En dehors de cette affaire je voudrais te dire ceci, de façon générale : tu me parais incapable de faire la différence entre plainte, complaisance masochiste, et travail d'élaboration de la douleur.
A cause de mon métier, je sais que la position d'élaboration, de travail autour de la souffrance se fait dans une forme de bonheur, quand elle se passe dans un échange. C'est le plaisir de penser. Et c'est souvent des choses qu'on sent à l'œuvre dans des productions artistiques.
C'est aux antipodes de la plainte et de la complaisance, c'est un voyage courageux et actif dans la douleur, pour la transformer.

L'autre position, que tu me sembles prôner systématiquement : l'humour, voire l'ironie, la tape dans le dos, le "arrête-de-penser-à-ça-pense-plutôt-à-ce-qui-va-bien", le "tu-nous-fatigues-avec-tes-malheurs" et la méthode Coué ont leur intérêt souvent, mais il y a une forme de violence quand elle est trop insistante. C'est la position de quelqu'un qui se défend à sa manière et qui veut forcer l'autre à se défendre de la même façon, parce que son malheur le dérange.

Péridurale du poète

par Claire, mercredi 06 juillet 2016, 09:51 (il y a 3064 jours) @ Claire

et là tu vas encore plus loin, tu joues au psy-killer.
je te demande de quoi de tordu tu jouis, toi ?




(bon, je retourne à ma vacance)

Péridurale du poète

par Rémy @, mercredi 06 juillet 2016, 13:44 (il y a 3064 jours) @ Claire

Tu sais aussi bien que moi que les gens qui viennent ici exposer leurs tripes ne seront jamais satisfaits de compassion ni de fausse admiration, et que ce qu'ils viennent chercher en s'exhibant ainsi, ce sont les méchancetés. Ils diront que non non, évidemment, mais c'est comme dans la chanson de Gotainer : toujours à la recherche d'une dose un peu plus forte (de déprime, en l'occurrence). Et moi je prends mon pied à la leur donner, tout simplement.

Péridurale du poète

par Claire, mercredi 06 juillet 2016, 14:53 (il y a 3064 jours) @ Rémy

bon, non seulement tu n'es pas capable de différencier plainte et élaboration mais tu vois des tripes ou des fesses là où il y a des poèmes.

je vais te dire ce que moi j'ai du mal à supporter : ce sont les petits imperator d'opérette qui prétendent imposer leur vision, leurs humeurs et leurs critères aux autres...et hélas ça ne manque pas.
J'aime pas ce que tu t'es mis à faire ici. J'avais un à-priori de justesse et de liberté d'esprit devant ce que tu disais, ce n'est plus le cas. C'est une vraie déception mais je m'en remettrai.

bon, allez, à septembre.

Péridurale du poète

par dh, mercredi 06 juillet 2016, 14:56 (il y a 3064 jours) @ Claire

eh oui ... c'est bien triste...

as tu vu mon mail, claire ?

Péridurale du poète

par Claire, mercredi 06 juillet 2016, 15:18 (il y a 3064 jours) @ dh

oui, je te réponds bientôt.

Péridurale du poète

par Rémy @, jeudi 07 juillet 2016, 01:00 (il y a 3063 jours) @ Claire

Écoute, n'essaie pas de me raconter que ce seraient seulement des poèmes deux messages après m'avoir expliqué qu'il fallait être gentil parce que ces textes faisaient partie d'un processus de guérison. Et n'espère pas me ramener à plus de gentillesse en me débitant des méchancetés.


À part ça, si j'impose quelque chose ici, je te ferais remarquer que c'est par la seule force de la persuasion. Et voyez quel grand crime : j'ai enjoint (vertement, certes) à trois ou quatre personnes de mettre un peu de bon sens et de travail dans leur manière de rédiger, de faire acte d'invention, et de donner à contempler quelque chose de plus universel et de plus positif que leur nombril déprimé. Ah quel vilain dictateur je fais, oui vraiment.

Péridurale du poète

par dh, mercredi 06 juillet 2016, 11:13 (il y a 3064 jours) @ Claire

claire, je t'ai envoyé un mail.

tiens, comme par hasard...

par Claire, mercredi 06 juillet 2016, 13:14 (il y a 3064 jours) @ Claire

et pour parler plutôt du bonheur : ma deuxième petite fille est née ce matin...

tiens, comme par hasard...

par Rémy @, mercredi 06 juillet 2016, 13:36 (il y a 3064 jours) @ Claire

Bonne chance à elle ! Comment s'appelle-t-elle ?

tiens, comme par hasard...

par zeio, mardi 12 juillet 2016, 00:20 (il y a 3058 jours) @ Claire

Déjà ! C'est une chouette nouvelle. Et beaucoup de pouponnage en perspective ;-)

Péridurale du poète

par Rémy @, mercredi 06 juillet 2016, 13:18 (il y a 3064 jours) @ Claire

Mais enfin, on est sur un forum public sur internet ! Ce n'est pas un endroit adéquat pour faire sa psychothérapie ! Et les autres participants, dont moi, ne sont pas tenus de se comporter comme des psychothérapeutes. Qui se permet d'exhiber ses fesses en public, et en affirmant en plus qu'il s'agit de déranger le public, n'est pas fondé à réclamer que le public s'abstienne d'en rigoler.

devinette : c'est de qui ?

par dh, mercredi 06 juillet 2016, 13:52 (il y a 3064 jours) @ Rémy

Nature, rien de toi ne m'émeut, ni les champs
Nourriciers, ni l'écho vermeil des pastorales
Siciliennes, ni les pompes aurorales,
Ni la solennité dolente des couchants.

Je ris de l'Art, je ris de l'Homme aussi, des chants,
Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
Qu'étirent dans le ciel vide les cathédrales,
Et je vois du même oeil les bons et les méchants.

Je ne crois pas en Dieu, j'abjure et je renie
Toute pensée, et quant à la vieille ironie,
L'Amour, je voudrais bien qu'on ne m'en parlât plus.

Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille
Au brick perdu jouet du flux et du reflux,
Mon âme pour d'affreux naufrages appareille.

devinette : c'est de qui ?

par Rémy @, jeudi 07 juillet 2016, 03:13 (il y a 3063 jours) @ dh

Chuis nul en devinettes :-( Mais j'essaie quand même :

Dés le début, l'enjambement et les mots "solennité dolente" signent l'époque romantique. C'est bien trop peu rêveur pour du Verlaine (où sont les heptamètres ?) et bien trop mièvre pour du Rimbaud. Tu ne citerais pas Leconte de Lisle ni Théophile Gautier. Ça doit donc être Bodler. Il a écrit des trucs moins bons que d'autres, mais au moins, on ne peut pas contester ses vers, ni ses rimes, ni que son vocabulaire soit chouazzi : il prenait la peine de chiader la forme. Ça sauve peut-être cette jérémiade.

devinette : c'est de qui ?

par vagabond vagabondant, jeudi 07 juillet 2016, 03:52 (il y a 3063 jours) @ Rémy

c'est du Verlaine suffisamment parnassien pour être infiniment moins lourd que le reste du Parnasse, non ?

devinette : c'est de qui ?

par Rémy @, jeudi 07 juillet 2016, 11:56 (il y a 3063 jours) @ vagabond vagabondant

Ah, ça se peut... J'ai un peu de mal à voir Verlaine dans une énumération aussi systématique... Mais oui, tu as raison, Google le prouve : Verlaine, L'angoisse, Poèmes Saturniens, 1866.

La technique moderne a tué les devinettes, c'est bien triste.

Il n'y a plus qu'à souhaiter que les dépressifs de 2016 soient tous d'inspirés Verlaines, maîtrisent aussi bien que lui heptamètres et enjambements ou des équivalents plus modernes d'iceux, se forgent un nouveau vocabulaire aussi précieux que le sien, et trouvent mieux à dire que ce qu'il a déjà dit mieux qu'eux. Au boulot les gars, c'est pas gagné.

devinette : c'est de qui ?

par Rémy @, vendredi 08 juillet 2016, 21:09 (il y a 3061 jours) @ Rémy

Verlaine, quand même, quel beau nom... Moi qui m'appelle Mouton, j'en frise de jalousie.

devinette : c'est de qui ?

par dh, jeudi 07 juillet 2016, 09:36 (il y a 3063 jours) @ Rémy

Tu ne citerais pas Leconte de Lisle ni Théophile Gautier.>>>


ah ? et pourquoi pas ?

devinette : c'est de qui ?

par Rémy @, dimanche 10 juillet 2016, 20:01 (il y a 3060 jours) @ dh

Parce que tu voulais à cet endroit me contredire en exhibant un poème déprimé d'un Grand Poête Incontestable, et pas d'un second couteau.

Parce que tu es habituellement fasciné par les Grands Classiques et pas par ceux qui les ont suivis.

Connais-tu seulement un poème de Leconte de Lisle ou de Théophile Gautier ? Les seuls qui n'ont pas complètement disparu sont ceux mis en musique par Fauré, et à moins de faire du chant, on n'a pas non plus d'occasions si fréquentes que ça de rencontrer Fauré, et encore moins les mélodies sur ces textes-là, qui, bien que respectivement très belles et très beaux, sont d'une esthétique, euh, disons, délicieusement désuète. (Dieu que les Steinway qui squattent toutes les salles de concert sont lisses et ikéesques, et que me manquent les chauds Érard du temps où la facture n'était pas encore un monopole... On n'en n'entend plus qu'au fond de salons bourgeois quatre fois hérités, et c'est un plaisir charmant malgré la naphtaline ; ou chez des gens qui achètent tout de troisième occasion avec authentiques traces de vie, et c'est un plaisir limité à cause du désaccordage.)

En fait je savais que tu n'allais pas citer Leconte de Lisle ni Théophile Gautier parce que je l'ai lu dans ta tête, vu que je suis Superpatathe, le télépathe des Carpathes.

En fait j'aimerais que tu cites Leconte de Lisle ou Théophile Gautier de temps en temps, de manière figurée s'entend, c'est-à-dire que tu écrives et décrives en poème des choses rares et inattendues (et parfaites dans leur genre, bien que d'un genre rare et inattendu) (et pas forcément désuet, d'ailleurs). Cela dit j'avoue n'être pas certain de toujours arriver à les voir du premier coup d'œil, aussi n'hésite pas à forcer un peu le trait (ces deux-là ne s'effrayaient d'absolument aucune kitscherie, on ne fait pas d'Art Nouveau sans volutes polies).

devinette : c'est de qui ?

par zeio, mardi 12 juillet 2016, 00:37 (il y a 3058 jours) @ dh

Influence énorme de Baudelaire dans ce magnifique poème saturnien...

Péridurale du poète

par Ecrire, mercredi 06 juillet 2016, 17:04 (il y a 3064 jours) @ Rémy

"Ce n'est pas un endroit adéquat pour faire sa psychothérapie !"

En fait, toute activité peut agir tel un "soin". Écrire est une "technique de soi" permettant (du moins possiblement), de transformer une émotion parfois négative ou pénible et de la promouvoir au rang "d'objet culturel".

Le hic, c'est lorsque la tentative échoue et qu'on ne voit donc que cela : la souffrance qui n'a pas été symboliquement transfigurée. On a donc un texte qui, au final, exhibe la "maladie", le chaos, bref les "tripes" étalées dans un certain désordre. C'est alors qu'apparait, à défaut d'un écrit littéraire, une expression maladive.

Si tu es psychothérapeute et par ailleurs "pratiquant poétique", tu disposes d'un double registre de lecture. Il alors est possible que tu encourages le travail symbolique indépendamment de sa valeur esthétique. Bien sûr, et comme l'enjeu est le soin, tu stimulera la dynamique créative en mettant l'accent sur les réussites.

Par contre, un lecteur "non psy" se focalisera sur le texte. Son jugement s'exercera à ce seul titre et tout ce qu'il considérera raté de ce point de vue sera critiquable.

Péridurale du poète

par Rémy @, jeudi 07 juillet 2016, 00:23 (il y a 3063 jours) @ Ecrire

Mais en même temps, suppose que tu sois médecin et que tu déboules au hasard d'une promenade en forêt dans une clairière où des gens seraient en train de soigner leur tension artérielle en se fouettant avec des ronces : ce serait de ton devoir de ramener ces fous vers des médications plus efficaces et moins dangereuses pour eux. Eh bien c'est pareil pour un psy qui surprendrait des gens à faire leur psychothérapie en public devant des inconnus : ce serait de son devoir de leur conseiller d'aller plutôt raconter ça à un professionnel dans son cabinet. Et certainement pas de jouer leur jeu exhibomasochiste en faisant semblant qu'ils soient dans son cabinet.


Par ailleurs, c'est très triste, mais il faudra bien finir par reconnaître qu'avoir mal aux genoux ne fait pas danser plus joliment, qu'avoir une conjonctivite n'aide pas à photographier, qu'on joue mal du piano avec des crampes aux mains, et qu'être en état de souffrance psychologique ne fait pas écrire de plus beaux textes. Pour faire de l'art, sauf rarissime génie beethovénien, on a besoin de toutes les facultés concernées.
En plus de cet appauvrissement à la source, le fait qu'ils soient thérapeutiques réduit la liberté d'interprétation des textes : pas le droit d'en rire, pas le droit de critiquer, obligation de compatir et d'admirer. Le propre d'une bonne œuvre, c'est quand même justement qu'elle permet plusieurs interprétations et qu'elle parle à chacun à sa façon, provoquant des réactions diverses. Si on désamorce par-avance cette diversité, ou si on la fustige après-coup, on tue l'œuvre.
Bref, à cause des deux bouts de la communication, le texte thérapeutique fonctionne mal du point de vue artistique.

comment déplumer le Masque en trois semaines

par Ecrire, jeudi 07 juillet 2016, 16:50 (il y a 3063 jours) @ Rémy

"pas le droit d'en rire, pas le droit de critiquer, obligation de compatir et d'admirer."

J'écoute régulièrement "Le masque et la plume", émission radiophonique que tu connais. Je pense que si les participants appliquaient ces "règles", 99 % de leurs auditeurs les abandonneraient en quelques semaines.

comment déplumer le Masque en trois semaines

par Claire, jeudi 07 juillet 2016, 18:05 (il y a 3063 jours) @ Ecrire

Je précise encore : ce que je n'apprécie pas dans les interventions de Rémy ce sont les commentaires psychologisants (voire inspirés d'une psychanalyse de magazine féminin) sur les personnes. Les critiques si acerbes qu'elles soient sur les textes ce n'est pas un problème.
Et d'autre part j'ai remarqué que les tenants de la joyeuse bonne humeur sur les forums d'écriture étaient souvent très agressifs envers ceux qui ne partageaient pas leur humeur...les raisons de ce fait mériteraient une réflexion.

comment déplumer le Masque en trois semaines

par jeune fringant voyageur, jeudi 07 juillet 2016, 20:33 (il y a 3063 jours) @ Claire

C'est que ce genre de personne qui se prétend heureux (bien que le bonheur ne se mesure par aucun critère et n'ait pas besoin d'être prouvé) tient dur comme fer à son bonheur à tel point qu'il lui faille voir du malheur partout autour de lui.
Très bon moyen à vrai dire, de prouver la frilosité de son bonheur...


Pour répondre à ta question : toute l'agressivité et l'amertume du monde seront nécessaire à prouver l'enracinement de leur bonheur puisque tout les inculpe à chaque instant.

comment déplumer le Masque en trois semaines

par Écrire, jeudi 07 juillet 2016, 21:38 (il y a 3062 jours) @ jeune fringant voyageur

Rémy aurait prétendu être heureux ?

comment déplumer le Masque en trois semaines

par Rémy @, vendredi 08 juillet 2016, 20:46 (il y a 3062 jours) @ jeune fringant voyageur

Et à part ça, c'est moi qui fais de la psychologie de magazine féminin. Oui oui ouiiiii...

comment déplumer le Masque en trois semaines

par Rémy @, vendredi 08 juillet 2016, 20:34 (il y a 3062 jours) @ Claire

Je ne psychologise que quand on me fait lire une psychothérapie publique en lignes courtes à la place de poésie. Et ces réponses se placent effectivement dans une optique banale, ou ordinaire, ou vulgaire, comme on voudra : je réponds comme la voisine presqu'inconnue à qui on raconte ses problèmes sur le trottoir entre deux poubelles, pas comme le professionnel à qui on raconte ses problèmes dans son cabinet, parce que a) je ne suis pas psychologue et b) un forum internet n'est pas un cabinet de psychologue. Je commence par tâcher d'y trouver de la littérature, ensuite je tente de faire comprendre l'inadéquation, puis je mets des points sur les i, puis je me moque. Et je maintiens que cette manière de réagir est parfaitement fondée, habituelle, valable et permise.


Sinon moi ce que j'ai remarqué, c'est une tendance appuyée à déformer tout ce que je poste... Entre "parler de temps en temps d'autre chose que de son nombril déprimé" et "joyeuse bonne humeur", il y a nuance. Je laisse à la sagacité des lecteurs - que dis-je ? j'enjoins !! à la sagacité des lecteurs d'inventer de temps en temps des manières d'écrire qui expriment autre chose que du nombrilisme, et des sujets de poésie qui se prêtent à d'autres styles que la ligne courte geignarde. Sisi, il y en a ; et la bonne humeur n'y est même pas requise.



En plus franchement, Claire, tes textes à toi ne tombent pas sous ce mien reproche, alors pourquoi est-ce que tu me cherches des pouilles à ce sujet ?
Pour protéger Catrine ? Elle est plus robuste que son cinéma tente de le faire accroire ! Son 950e adieu sera suivi d'un 951e retour. Elle fait commerce de sa déprime et prétend que c'est de l'art : je suis donc fondé à explorer toutes les réactions qui me passent par la tête à propos de cet art, exactement comme j'ai le droit d'écrire LHOOQ sous une photo de la Joconde, qui n'en devient pas plus moche pour autant. Et ça vaut pour bien d'autres "artistes" - le message, c'est : faites un minimum attention à ce que vous essayez de faire passer pour de l'art, parce que je vais vraiment réagir en toute liberté, comme si c'était de l'art.

...et fin.

par Claire, vendredi 08 juillet 2016, 23:34 (il y a 3061 jours) @ Rémy

C'est ton acharnement qui pose question. Ton envie de modifier les gens ou de les réduire au silence.
Tu connaissais très bien la tonalité introspective et souvent douloureuse de ce forum et tu es y revenu, alors que tu n'écris plus. Pourquoi ?
Je ne vais pas sur des forums d'adeptes des formes classiques pour les convaincre d'y renoncer.

Ma poésie est accordée à ma vie, intérieure et relationnelle, et c'est le cas de tous les gens qui postent ici. Laisse-les être en accord avec eux-mêmes, et chercher la forme qui convient à ce qu'ils ont à dire.
Ce que j'aime chez Catrine c'est aussi sa passion pour les textes des autres et je voudrais que cet espace reste vivable pour elle. Pour sa propre écriture, elle n'a pas besoin de delivre.

Des fois, tu me fais penser à Hnova, sur le forum bleu.

Bon, il y a un moment où on ne peut que redire ce qu'on a déjà dit, surtout dans les discussions polémiques où Pierre dit blanc et Paul dit noir, discussions que je trouve bien pauvres. Je regrette la richesse que j'avais trouvée en toi, que je ne trouve plus. Mais je t'aime bien, je te l'ai dit.


allez, bon été.

comment déplumer le Masque en trois semaines

par &raven @, samedi 09 juillet 2016, 20:16 (il y a 3061 jours) @ Rémy

yo je t'emmerde monsieur Dugland !


d'abord je travaille sur des émotions de fonds, pas de surface comme le mire-moi où tu te trouves si beau et si bon et que tout le monde te voit, toi. je considère qu'à peu près tout le monde se cantonne à une petite gamme émotionnelle et quand on dépasse ça, ben, c'est la réac conventionnelle, le rejet, le hark, et on descend très vite et fort le texte qui te dérange et te confronte comme un vulgaire lapin qu'aura même pas de sauce Robert !
donc, comme le champ émotionnel usuel, celui de tous les jours, est restreint ; étendons-le un peu, me dis-je, élargissons. ha mais pourquoi pas ? j'ai d'ailleurs reçu quelques e-mails au sujet de l'objet noir, comme quoi il fait du bien, parce qu'il vient reconnecté avec le vivant, rebrancher à la vie. hé oui. et je suis ravie parce que c'est le but initial de cette écriture là, et que quelques-uns ont LU — ils n'ont pas réagi, non, mais LU)


ensuite, je me sers de l'émotion vivante (donc ressentie et passée) comme d'une couleur, et comme d'un contexte. et je n'exclue aucune couleur. la couleur est un état une vibration, une tonalité, et je construis dedans (à l'intérieur) une chambre habitable ou ce qui pourrait s'appeler des repères. ça ne dépend pas de moi personnellement, mais de la couleur et de son hue. c'est une recherche et encore un travail de musique (ou résonnances). bon, encore, la couleur commande ou prend une figure — entendre ici : figuration — et plus la couleur est "profonde" forcément plus "les figurations" le seront. et comme je travaille sur une figure archétypale depuis plusieurs années pour un autre projet qui se trouve être un spectacle de poésie vivante, bien sûr quelque chose s'est "connecté" et a pris forme (presque trop clairement)

bon, l'émotion, c'est ma palette pour un certain champ d'exploration (d'autres rêvent de Mars, de Pluton, de Jupiter... qu'ont des fréquences différentes — d'ailleurs ce sont aussi des couleurs). il y a deux trois ans je travaillais autour des états émotionnels de la folie, est-ce que ça veut dire que j'ai été diagnostiquée ? ben voyon. ça veut juste dire que c'est quelque chose qui fait partie de ce qui nous entoure et de plus ou moins proche. personnellement non. tout de même j'ai un frère atteint de schizophrénie mais je ne vais pas devenir schizophrène parce que j'explore des états ou des distorsions qui me permettent de mieux approcher et entendre, et surtout sans jugement, l'état chimique d'un être.
— dois-je redire pour une cinq cent millième fois que j'ai un asperger léger léger qui n'est pas un handicape mais une différence, et que chez moi ça donne des perceptions différentes ? bon, c'est ça qui est ça. si ça te dérange ben c'est ton problème. moi je vis avec ce ça très singulier, j'ai pas le choix.


là, je te regarde faire caca partout, on a tous compris que ta couche est pleine, qu'elle déborde même, tu tartines plutôt épais mon coco, mais sache-le plus tu fais du bruit autour de "l'objet noir", plus tu me parles de toi en fait, de comment tu ne "coopes" pas, de comment tu t'agglutines et te ratatines dessus la mort, de comment tu nies les figures archétypales et internes, donc toi-même ou une part de toi; tu me parles surtout de comment tu ne te vis pas, de combien tu ne t'entends pas, de jusqu'où tu es sourd. merci beaucoup de tant t'éclairer toi-même, déplumant ton propre masque, masque que nous cotoyons depuis de nombreuses années ...



bon je te fais la bise, et deux fois, tiens ;)

comment déplumer le Masque en trois semaines

par Rémy @, vendredi 08 juillet 2016, 18:33 (il y a 3062 jours) @ Ecrire

Je ne la connais pas, j'habite à l'étranger et je n'ai pas la radio !
Mais j'imagine que cette émission présente de la littérature et pas des textes thérapeutiques. La littérature, on est autorisé à la critiquer.

comment déplumer le Masque en trois semaines

par Écrire, vendredi 08 juillet 2016, 21:32 (il y a 3061 jours) @ Rémy

Exact Rémy.

Péridurale du poète

par Rémy @, jeudi 07 juillet 2016, 01:09 (il y a 3063 jours) @ Ecrire

Écrire, en tant que technique du soi, pourrait aussi permettre de temps en temps de promouvoir au rang d'objet culturel des émotions positives ou agréables, hein. Je n'ai pas non plus écrit que des béatitudes, mais enfin, les gens qui ne partagent systématiquement que leurs peines et jamais leurs bonheurs, c'est bien quand même un peu des égoïstes.

Forêt

par Écrire, samedi 09 juillet 2016, 10:18 (il y a 3061 jours) @ Rémy

Rémy, je pense que les gens écrivent indépendamment de leur(s) bonheur(s) vécus(s), ce qui les hante ou les poursuit. Ils ne sont pas capables d'autre chose, sauf au prix d'éviter cette confrontation et de se mettre à palabrer dans le dos d'eux mêmes. Je crois pour ma part m'exercer sur deux registres, entre deux pôles, alternant la distraction et la confrontation. Mais dans les deux cas, ce ne sont que des ouvertures, des pistes frayées dans une forêt impénétrable.

Forêt

par Rémy @, samedi 09 juillet 2016, 13:45 (il y a 3061 jours) @ Écrire

Ils pourraient écrire leurs bonheurs rêvés, et ce qu'ils poursuivent plutôt que ce qui les poursuit ?
Sont-ils donc tous devenus bouddhistes, n'espérant rien de mieux que la suppression de leurs peines ? Et en même temps, espérant qu'elles ne disparaissent surtout pas, sous peine de perdre l'inspiration. Grmpf.



La métafore de phorêt est belle, mais rajoutons-y des fleurs inattendues, des champignons à chercher, des bêtes étranges et plus confiantes qu'on n'aurait cru. La phorêt n'attend pas qu'on la perfore pour faire don de phramboises.

Rêve

par Écrire, samedi 09 juillet 2016, 21:52 (il y a 3060 jours) @ Rémy

Ton allusion au rêve est très importante. Il me semble que notre période se caractérise notamment par le fait qu'on n'y rêve plus. Du moins plus au delà de la version dégradée d'un rêve petitement matérialiste, car ne s'inscrivant même plus dans la perspective (le rêve collectif) du progrès. Cette situation engendre différentes réactions, dont l'extrémisme ou le cynisme politique, le fanatisme, l'augmentation (phénomène mondial) des suicides des adolescents sont les symptômes les plus visibles. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'une certaine frange des poètes (où aspirants au statut) relaie cette situation à travers leurs écrits. Le décès de la planète n'est plus aujourd'hui une hypothèse, mais une réalité en marche accélérée dont seule peut nous sauver une bifurcation inattendue.

Rêve

par Rémy @, dimanche 10 juillet 2016, 11:59 (il y a 3060 jours) @ Écrire

Le "décès de la planète" n'est que dans les têtes, et c'est bien ce contre quoi je proteste et pourquoi je réclame de l'invention.


(Parce qu'enfin, qu'est-ce que ça veut dire, "décès de la planète" ? La Terre continuera sa course dans l'espace quoi qu'il arrive ; quant à l'humanité, avec plusieurs milliards de représentants, c'est exactement l'opposé d'une espèce menacée (par comparaison, il ne reste que quelques milliers de tigres), elle a une capacité d'adaptation plus qu'envahissante, et même en lâchant toutes les bombes atomiques du monde, on n'arriverait pas à l'éradiquer des déserts et des jungles où elle survit en dépit de toute rigueur depuis qu'elle les a explorés ; une espérance de vie de 30 ou 40 ans n'a pas empêché nos ancêtres de faires de grandes et belles choses ; quant à notre grande et belle civilisation, elle finira quoi qu'il arrive parce qu'elle épuise ses ressources, mais enfin ce n'est pas non plus un drame de ne plus pouvoir brûler une tonne de pétrole par tête de pipe, et l'opulence invraisemblable actuelle permet toutes les recherches nécessaires pour trouver des solutions plus raisonnables ; quant à la paix dont nous jouissons en Europe de l'Ouest, ce n'est qu'une petite parenthèse dans le temps et l'espace, et là encore, ce sont les meilleures conditions possibles pour imaginer comment la faire durer. Alors d'où vient la déprime, et quel intérêt de la cultiver ? Le beau temps est un état instable qui n'augure rien de bon, d'accord, et les princesses les plus gâtées sont aussi les plus pleurnicheuses. Mais quelles propagandes délétères nous dictent-elles la couleur de nos poèmes, et de quelle quantité de misère et de méchanceté faut-il être entouré pour trouver de la joie ?)

Rêve

par Écriture, dimanche 10 juillet 2016, 13:09 (il y a 3060 jours) @ Rémy

A la place du décès de la planète (qui reste une option réaliste parmi d'autres catastrophes en perpective rapprochée) j'aurais dû écrire la disparition de l'espèce humaine. Ce qui se profile aujourd'hui et chaque jour un peu plus vite, c'est cela. Cette disparition peut donc prendre plusieurs formes. L'une d'elle serait la transformation des individus en insectes conformés par des technologies qui les auraient supplantés dans tous les compartiments de leurs existences.

Une sorte de "temps modernes" (le film fameux de Charlot) totalitaire ou non seulement les savoir faire, mais aussi les savoirs vivre et les savoirs, bref toutes les capacités des êtres non inhumains, y compris la faculté de penser, auraient été transférées au système technique et computationnel omnipotent. Dans une telle configuration, nous serions tous réduits à la subsistance. Il nous reste peut être deux ou trois générations pour changer la donne, introduire une bifurcation vitale dans ce devenir purement entropique.

Je suis certain que nous en sommes capables, mais il faut pour cela projeter un avenir. Rêver une alternative collective. Et pour commencer, sortir du déni. La figure de l'optimisme béat n'est pas plus porteuse d'avenir que celle du pessimisme affligé.

En être ou pas

par Écrire, dimanche 10 juillet 2016, 12:27 (il y a 3060 jours) @ Rémy

Il n'est pas superflu de se poser la question de ce que l'on souhaite être lorsqu'on se lance dans une activité. Si je répond à cette question en disant : " Je veux être celui qui provoque de l'émerveillement dans la vie des gens en leur donnant du beau à lire", j'ai défini une visée qui m'engage à mettre tout en œuvre pour transformer certains affects, quels qu'ils soient, en objets culturels captivants.

Si j'obtiens régulièrement la répulsion ou l'indifférence à la place de l'émerveillement, je devrais (en tout cas, on peut l'envisager), soit revoir ma façon d'œuvrer, soit réajuster mes ambitions, soit, plus radicalement, définir un "vouloir être" alternatif.

En être ou en faire

par Rémy @, dimanche 10 juillet 2016, 19:22 (il y a 3060 jours) @ Écrire

Ça oui...

Cela dit on n'est pas non plus obligé de mener cette réflexion de manière aussi radicalement ontologique, ni surtout de choisir d'être toujours le même, qui ferait toujours tel effet. On évitera bien des malheurs en disant "j'ai fait ci ou ça, j'aimerais faire ci ou ça, j'espère que ça fera ci ou ça" plutôt que "je suis celui qui".

Moi les explications ontologiques, je les redoute...

En être ou en faire

par Écrire, dimanche 10 juillet 2016, 20:51 (il y a 3059 jours) @ Rémy

J'ignore ce qui te gêne, mais il ne s'agit pas de partir d'une "essence de l'être". Il s'agit de se positionner en fonction de ce que l'on souhaite devenir à travers une activité donnée. Mais bon, je n'en fait pas un principe. C'était juste histoire d'introduire une certaine clarté dans l'enjeu.

En être ou en faire

par Rémy @, dimanche 10 juillet 2016, 23:03 (il y a 3059 jours) @ Écrire

Je veux dire : il est déjà suffisant de se positionner en fonction de ce que l'on souhaite obtenir à travers une activité donnée. Pas forcément devenir. Par exemple dh peut écrire des textes et les envoyer ici et là dans le but qu'ils soient publiés sur papier : le fait que ça marche ou pas changera ce que dh veut, ce que dh a réussi, ce que tels ou tels gens pensent de dh, ce que dh voudra, dira, fera ensuite, mais ça ne changera pas tellement ce que dh est, intrinsèquement, au fond de lui.

Pas mal de pouets de forum s'identifient à leurs textes de manière maladive, je trouve qu'il vaut mieux séparer soigneusement la réalisation du réalisateur. Surtout que bien souvent, la réalisation est une réaction des autres, donc pas du tout identifiable au réalisateur. Parmi "trois de mes textes ont été publiés", "j'ai réussi à faire publier trois de mes textes" et "je suis un auteur publié", trouvez le sympathique, le prétentieux et le carrément melonné...

Et dans pas mal de pouems de forum, le verbe être a une tendance maladive à remplacer tous les autres, par flemme de chercher du vocabulaire : je ne suis pas non plus trop pour encourager cette manière.
(Remarque qu'à bien y réfléchir, ça pourrait être rigolo : tourner tout un texte en ablatifs absolus... À suivre !)

En être ou en faire

par catrine @, dimanche 10 juillet 2016, 23:48 (il y a 3059 jours) @ Rémy

« je trouve qu'il vaut mieux séparer soigneusement la réalisation du réalisateur.»

justement applique donc ta pensée quand tu lis...
parce qu'à force de faire le contraire de ce que tu dis
c'est girouette aux vents mon tchiquedi*






* tchiquedi c'est le p'tit nom patois d'un oiseau dit jaseur des cèdres

Péridurale du poète

par zeio, mardi 12 juillet 2016, 01:12 (il y a 3058 jours) @ Rémy

Tu devrais y goûter aux cruelles affres, elles ont bon goût, c'est plutôt salé, plutôt aigre, on y trouve même un peu de lumière, un peu de réconfort et de vie, si on y cherche bien, en mettant de côté ses propres schémas tout solidifiés...

Péridurale du poète

par Rémy @, jeudi 07 juillet 2016, 02:05 (il y a 3063 jours) @ Ecrire

En tout cas la difficulté, c'est de sublimer suffisamment, là-dessus on est bien d'accord.

Il me semble que travailler sur le langage et sur la rédaction aide. Enfin, travailler, je veux dire travailler à inventer quelque chose sur ce plan-là : il ne suffit pas de faire des lignes courtes, d'ôter la ponctuation et de réduire le vocabulaire à une poignée de mots pouettiques. En même temps, il semble aussi impossible de convaincre les gens concernés que ça ne suffit pas, et qu'un travail plus inventif sur la langue vaut le coup. C'est que ce travail souffre d'une mauvaise image : difficile et futile... et que l'inventivité langagière est mal répartie. Ce n'est donc pas la péridurale-graal que nous recherchons.

En sais-tu une autre ? Tes textes sont fort sublimés, alors, comment t'y prends-tu ?

Affronter sa propre banalité

par Écrire, samedi 09 juillet 2016, 13:10 (il y a 3061 jours) @ Rémy

C'est l'insistance qui seule permet de se dégager de l'informe, de l'approximation. Les limitations ordinaires qui forment la trame de nos jours. Il faut affronter longtemps sa propre banalité pour, au mieux, s'en échapper de façon partielle et ponctuelle.

Péridurale du poète

par &raven @, mercredi 06 juillet 2016, 19:05 (il y a 3064 jours) @ Rémy

on est sur un forum public internet, en effet. un forum d'écriture, où les participants qui écrivent des textes creusent des matières qui diffèrent totalement, au même titre que tous les êtres diffèrent. les participants sont tous en recherche, en processus de création, d'élucidation, chacun utilise des outils et des manières qui lui sont propres. ils élaborent un langage et ils poursuivent un but, même si parfois ce semble à leur insu... mais à te lire, certaines formes de profondeurs et de recherches devraient être exclues, à te lire, l'intime, l'intériorité, le territoire de fond d'un être, soit une réalité concrète bien qu'impalpable, qui plus est féminine, devraient être "châtrés", à te lire ce qui hors de tes capacités d'entendement, soit la construction de solution (à tout le moins des tentives), la découverte d'un moyen, la transformation de l'outil et de l'être devraient être empêchés. tout cela m'apparaît est une forme de contrôle avoisinant le totalitarisme intellectuel, voire une violence appliquée — ce qui est de toute évidence la voie la plus facile : il est plus facile de détruire que de construire.

et sur ce je retourne moi aussi à ma vacance

Péridurale du poète

par Rémy @, jeudi 07 juillet 2016, 01:47 (il y a 3063 jours) @ Claire

Dis donc, vous êtes au moins 4 ou 5 à répondre aux pouems postés ici avec la compréhension due au travail autour de la souffrance etc., et moi je suis 1 seul à pratiquer l'humour, l'ironie, la tape dans le dos, etc.. Je n'ai jamais râlé contre votre compassion, par contre tu viens râler contre mon rire. Que l'un d'entre cette meute essaie rien qu'une fois de changer de rôle, pour voir, ça me motivera peut-être à faire le changement inverse.


Par ailleurs, je ne suis pas du tout d'accord avec ta manière de dénigrer l'humour, l'ironie, la tape dans le dos etc.. Ce sont des réactions naturelles et correctes en circonstances ordinaires. Quand on raconte à sa voisine ou à un inconnu dans la rue qu'on a des aigreurs d'estomac, cette personne va vous conseiller de manger du riz, d'éviter les tomates, ouc. ; si c'est dans le cabinet d'un médecin qu'on raconte ça, il va vous prescrire des médicaments contre l'ulcère et le reflux œsophagien. Les deux réponses sont valables, l'une bénigne et l'autre professionnelle, chacune en ses circonstances. Ben c'est pareil pour les tristesses : si vous les racontez à la cantonnade, les gens vont tâcher de vous faire rire pour oublier le mauvais moment ; si vous les racontez à un psy dans son cabinet, il fera preuve d'écoute, d'empathie etc., comme il se doit. Les deux réponses sont valables, chacune en ses circonstances.
La seule erreur est de confondre un forum internet avec le cabinet d'un professionnel de santé, et ce n'est pas moi qui la commets ici.